Présente en Guinée Bissau depuis 1925, notamment dans le commerce, la communauté d’origine libanaise de Guinée Bissau a renforcé sa présence dans le pays vers les années 1986-87, à l’occasion de libéralisation du commerce, durant le règne du président Joao Bernardo Vieira.
Selon Zaid Nazzal, ex-président de l’Association des ressortissants libanais en Guinée-Bissau, il y a un peu plus de cent libanais d’origine dans le pays.
Se prononçant sur les relations entre cette communauté et celles de la Guinée-Bissau, il les a qualifié de «bonnes», estimant toutefois que les sempiternelles crises politiques qui secouent le pays, depuis plusieurs années, gênent considérablement les activités économiques. Pour lui, il est difficile de déterminer le poids économique de la communauté puisqu’elle intervient dans différents secteurs économiques, notamment le commerce, le bâtiment et les travaux publics (BTP), entre autres.
Aly Dahir, un autre responsable des commerçants libanais, ne tarit pas d’éloges à l’endroit du peuple bissau-guinéen «très gentil et hospitalier». Seul bémol, il s’est rappelé avec tristesse les années 2009-2010, période pendant laquelle deux de ses compatriotes ont été assassinés dans leurs résidences privées. Des crimes «barbares» qui, jusqu’à nos jours, n’ont pas été élucidés.
Le jugement des Bissau-guinéens à l’égard de leurs concitoyens d’origine libanaise ou des Libanais établis dans le pays est tout aussi positif. Ainsi, Mamadou Mendes et Ivone Tavares, deux jeunes Bissau-guinéens, assurent que «la communauté libanaise n’a aucun problème avec la population locale parce qu’elle n’est mêlée à aucune activité criminelle».
Au contraire, la présence libanaise a apporté beaucoup de bénéfices au peuple bissau-guinéen puisqu’elle a permis de créer des emplois aux jeunes et a facilité l’acquisition de certains biens, mis à disposition par les commerçants libanais comme les voitures, les pièces détachées, les meubles, etc.
Exprimant un sentiment largement répandu, ces deux jeunes sont d’avis que la présence libanaise a créé des emplois non seulement dans le commerce mais aussi dans la petite industrie, au grand bénéfice du pays d’accueil.
Cependant, dans un passé récent, la Guinée Bissau ayant été black-listé «Narco-Etat», il avait découvert des complicités manifestes entre certains ressortissants Libanais du pays, de la sous-région et du Liban, impliqués dans un vaste réseau international impliquant des officiels et officiers supérieurs bissau-guinéen. Aussi, la DEA, agence antidrogue américaine, s’était intéressée à des acteurs de cette filière et avait pisté une grande partie de leurs transactions douteuses entre l’Amérique latine, l’Afrique de l’ouest, le Liban, l’Europe et les Etats-Unis.
L’Afrique de l’Ouest était une plateforme de transit, de stockage et de distribution de la cocaïne en provenance d’Amérique latine. Un quart de la consommation européenne passait par la région, soit un marché de 33 milliards USD pour 4 millions d’usagers. Jusqu’à la fin de 2011, le contre-amiral Bubo Na Tchuto, chef d’Etat-major de la marine, a régné en maître sur le business avant d’être mis sur la touche par le chef d’Etat-major, le général Antonio Indjai. Entre juin 2012 et avril 2013, tous deux vont séparément faire l’objet d’une opération d’intoxication et de manipulation de la part d’agents de la DEA se présentant comme des dirigeants des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), mouvement narcoterroriste en lutte contre le pouvoir de Bogota depuis un demi-siècle.
Heureusement que cette période trouble du passé de la Guinée Bissau semble être révolu et que le pays est bien revenu dans le concert des nations…
Avec Apanews
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