Quelles stratégies pour un capital humain de meilleure qualité ? C’est ce à quoi tente de répondre Joël Gbaguidi dans cette chronique.
«Quelle formation pour le futur ?» C’était le thème du séminaire pour alumni (anciens étudiants), organisé par l’ISM, pionnière des écoles de management du Sénégal. «Il y a un problème de management en Afrique, non pas au niveau des élites qui, elles, ont été formées dans les meilleures universités mondiales, mais en termes de middle management, où un effort de montée en compétences s’impose sous peine de constituer un obstacle pour les investisseurs», informe Pierre Antoine Ballu, associé chez PWC Advertising. «Le constat, c’est un gap non négligeable entre les programmes concoctés des écoles et les besoins et exigences des employeurs», explique un représentant de l’ANDCP, regroupement de spécialistes en ressources humaines au Sénégal. «Adapter l’enseignement supérieur à la demande croissante d’un secteur privé en pleine expansion en contribuant à créer l’avenir de l’Afrique», tel est le nouveau credo de la Banque Mondiale en perspective des nouveaux enjeux de développement du continent. A la question «pourquoi former tant de chômeurs ?», posée par Alain Foka, à l’ex-ministre en Education de base du Burkina Faso devenu député, M. Zacharia Thiemtoré, lors de son émission «quel système éducatif pour l’Afrique ?», la réponse du concerné se fait voisine des précédents constats, «nous n’avons pas su faire de rupture à un moment, en continuant à former de la même façon, les besoins étant devenus différents». Tant de constats similaires sur une même problématique rassurent car on se dit qu’on est enfin en voie de changer la donne. Mais, que penser d’un diagnostic qui nous semble si neuf alors qu’il est déjà vieux d’au moins 20 ans ? C’était en effet, le même qui avait cours sur le sujet à l’époque des faillites successives des systèmes universitaires africains post- coloniaux (notamment francophones du sud), alors, véritables fabriques à maîtrisards chômeurs. Si la naissance d’institutions privées de formation professionnelles, hors des universités, suivie de celles des formations dites «payantes» en leur sein, a jadis été une bonne réponse à l’inadéquation emploi/ formation, il reste qu’il ne semble toujours pas y avoir cette culture de veille conjointe entre organisations patronales ou associations des responsables des ressources humaines d’une part et des institutions privées et publiques de formation supérieure professionnelle d’autre part. Expliquez-vous pourquoi nos instituts privés de formation se montrent si réfractaires à cette perspective ? La réponse se trouve-t-elle dans le fait qu’elles conçoivent rarement leurs programmes à partir de problématiques environnantes à solutionner ? Pour une contribution à une perspective d’optimalisation des rendements de nos instituts de formation au management, je m’autoriserais les observations ci-après s’appuyant sur quelques points saillants propres à nos environnements :
- Les auditeurs y développent plus spontanément une relation sociale au travail (étant en réclame d’un droit à l’emploi) qu’une relation marchande à celui-ci (anticiper une vente du produit que l’on devient au marché et la faire aboutir).
- L’enseignement supérieur n’y est pas clairement perçu par nos étudiants comme un moyen de formation à un ou plusieurs métiers (ils restent dans le continuum du réflexe d’acquisition de connaissances générales).
- L’objectif précis d’accéder à deux perspectives métiers complémentaires (bon gestionnaire/ bon professionnel) est rarement anticipé, lucidement, par les étudiants (les cours sont seulement des matières à apprendre, rarement des outils de gestion ou de spécialisation, à bien comprendre aux fins de faciliter l’aide à la décision, une fois en poste de professionnel ou de manager).
- Les administrations d’écoles et les auditeurs y évoluant, travaillent peu en fonction des perspectives environnantes (qui se présentent tantôt sous forme de problèmes à solutionner, tantôt sous forme d’opportunités émergentes).
- Les modèles de succès professionnels rendent peu de ce qu’ils ont reçu aux cadets et ceux-ci font peu pour les y inciter afin de promouvoir ensemble d’autres formes de transmissions de savoirs (il paraît qu’il apparaît plus judicieux pour eux de se cacher dans un environnement culturel tel que le nôtre).
Le format de la présente chronique ne permet malheureusement pas de développer outre mesure le sujet, ce qui est quelque part une frustration…
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