La balance commerciale chinoise a enregistré un excédent record au mois de novembre mais pour les mauvaises raisons. A 54,5 milliards de dollars (44,4 milliards d’euros), cet excédent commercial chinois historique tient à un double mouvement peu encourageant.
D’une part, la croissance des exportations chinoises ralentit à 4,7 % sur un an, à comparer à la progression de 11,6 % enregistrée en octobre. Cette nouvelle statistique du premier exportateur de la planète vient confirmer le peu de vigueur de la reprise mondiale. Les économies européennes continuent de tourner au ralenti, de sorte que les livraisons de la Chine aux pays de l’Union européenne ne progressent que de 4,1 % tandis que le Japon a annoncé lundi matin une contraction de 1,9 % de son produit intérieur brut au troisième trimestre, confirmant la récession annoncée en novembre.
Le net ralentissement du chiffre des exportations en un seul mois s’explique en partie par la nouvelle campagne de lutte contre la fausse facturation, lancée par Pékin en novembre. Comme la République populaire contrôle rigoureusement les flux de capitaux mais est ouverte aux transactions commerciales, certains investisseurs dissimulent des entrées de fonds derrière de faux achats à la Chine. Un exportateur chinois émet en échange un reçu, quand bien même il ne livre pas de biens, ce qui permet ainsi de faire entrer des capitaux, échangés en yuans, et de parier sur l’appréciation de la devise chinoise.
Faiblesse de la demande chinoise
Au ralentissement des exportations s’est ajouté un coup de frein surprise sur les importations. Elles ont chuté de 6,7 % sur un an, tandis que les économistes des grandes banques les voyaient gagner un modeste 3,8 %, selon un sondage réalisé en amont par l’agence Bloomberg. Ce chiffre reflète la baisse du prix du pétrole, qui elle-même n’est pas sans lien avec la faiblesse de la demande chinoise. La Chine a acheté pour 16,4 milliards de dollars de brut en novembre (13,3 milliards d’euros), contre 18,4 milliards un an plus tôt.
Nombre d’observateurs s’attendent désormais à voir la Chine louper – fait rare – son objectif de croissance pour l’année 2014 fixé à 7,5 %, mais de très peu. Les principaux décideurs au sein du Parti communiste se réunissent mardi pour la Conférence centrale de travail sur l’économie. Ils s’entendront sur l’objectif de croissance du PIB du pays pour 2015, qui ne sera rendu public qu’après adoption formelle par une assemblée parlementaire aux fonctions toutes symboliques, au printemps prochain.
Le consensus chez les observateurs est que la République populaire se dotera d’un objectif inférieur à 7,5 %, peut-être à 7 % ou un peu au-delà, ou d’une fourchette entre ces deux chiffres, qui aurait l’avantage de la flexibilité pour définir ce que le très puissant secrétaire général du parti unique, Xi Jinping, a présenté en novembre comme «nouvelle norme», une Chine à la «croissance modeste».
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