Pouvez-vous nous parler un peu de WorldRemit ?
WorldRemit est une société de transfert d’argent dont je suis cofondatrice créée en 2010 en Angleterre pour changer la façon dont les gens envoyaient de l’argent. C’est à dire le rendre plus facile, plus efficace, plus sécurisé mais aussi moins cher.
L’envoi est digital à 100%, ce qui veut dire que pour ceux qui vont effectuer des envois sur WorlRemit, ils vont aller sur notre site et ils peuvent le faire 24h/24 sans avoir à se déplacer en utilisant une carte de débits ou un virement bancaire. Une fois l’opération effectuée, nous envoyons un message au destinataire. Depuis donc 2010 date à laquelle on a créé la société, on a enregistré des envois en Europe, les Etats unis, Canada dans un peu plus de 140 destinations.
L’Afrique occupe à cet effet une place très importante dans notre portefeuille client. Un peu prés de 50% de nos opérations vont sur l’Afrique et sur ces transactions, on fait un peu plus de 1millions d’opérations par mois et on envoie sur 250 pays. Notre chiffre d‘affaires de l’année dernière était à peu prés de 60millions de livres sterling et qui augmente à peu prés de 50% par année.
Pourquoi le choix sur le Sénégal ?
Depuis un peu plus d’un mois, on a recruté Mamadou Wilane qui nous a aidés ici à développer le réseau parce que pour pouvoir augmenter le volume et attirer les clients il faut avoir un bon réseau. Donc la stratégie de déploiement consistait à développer des partenariats. C’est pourquoi vous avez entendu des partenariats avec Wari, avec Wafacash et aujourd’hui on est content d’avoir un autre contrat avec La Poste. C’est important pour nous parce que La Poste est une marque bien connue au Sénégal. Elle nous donne aussi un très bon réseau non seulement dans les grandes villes mais aussi dans les parties rurales du pays pour pouvoir offrir le choix à nos clients qui n’auront plus besoin de se déplacer aussi loin pour aller chercher leur argent. Avec cela on a aujourd’hui un peu plus de 700 points de vente au Sénégal où nos clients peuvent recevoir de l’argent.
Donc on a choisi le Sénégal parce que c’est un pays stratégiquement important au niveau de l’Afrique de l’Ouest. Si on regarde les statistiques qui sont données par la Banque mondiale, il y’a plus de 2000 milliards de dollars qui sont envoyés par la diaspora au Sénégal. Ce qui représente 14% du Produit National Brut (PNB). Donc nous pensons que c’est important d’aider les gens à envoyer de l’argent et c’est pour cela que nous avons décidé de nous implanter au Sénégal.
Pour l’instant je parle de ce qui est de la collecte des espèces, mais pour ce qui est de différencier quand je parle de facilité d’envoi c’est parce qu’on utilise la technologie qui peut changer à la réception. En Afrique, il y’a beaucoup de portefeuilles mobiles. On s’est rendu compte qu’on pouvait se connecter avec ces téléphones mobiles et on a fait des partenariats avec une société de téléphonie mobile. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui on est leader dans ce domaine de transferts internationaux sur portefeuille mobile. C’est un service qui n’est pas encore disponible au Sénégal compte tenu de la réglementation qui est un peu plus compliquée en Afrique Francophone. Cela nous prend un peu de temps pour nous connecter parce qu’il y’a eu un changement de réglementation l’année dernière. Cela nous a un peu retardés, mais on espère pouvoir bientôt le faire au Sénégal. On a aussi d’autres produits qui sont disponibles au Sénégal qui va devenir un pays d’envoi aussi. Donc on a beaucoup de plans pour le Sénégal dans les mois à venir.
Par rapport aux contraintes pour leur extension en Afrique ?
Effectivement, vous savez, la législation change beaucoup d’un pays à l’autre. On l’a vu particulièrement en Afrique de l’Ouest où les Banques Centrales couvrent plusieurs pays et donc vous avez 8 pays qui ont la même réglementation et ils ont changé cela l’année dernière. Donc c’est compliqué pour s’associer avec des sociétés de telephonie. On est en train de résoudre cela et on espère pouvoir le faire bientôt parce qu’il n’y a aucun doute que l’envoi sur portable est beaucoup plus pratique et surtout pour l’inclusion financière des femmes qui est un sujet qui nous est très cher.
L’inclusion financière à travers la digitalisation est considérée comme une alternative pour rendre autonome les femmes. Comment comptez-vous accompagner cela au Sénégal ?
Je suis dans le domaine des transferts d’argent depuis plus de 15ans et on a vu le changement de comportement surtout quand les gens envoient en ligne, ils le font de plus en plus directement avec la personne destinataire au lieu de le faire une fois par mois à un chef de famille qui sera chargé ensuite de le distribuer aux autres membres de la famille. Aujourd’hui l‘inclusion financière comme je dis est un sujet qui est assez cher et sur lequel je participe dans pas mal de réunions. Donc il n’y a pas de doute que le portefeuille numérique a beaucoup aidé les femmes à devenir plus indépendantes. Quand on sait qu’en Afrique moins de 20% des personnes ont un compte en banque, avoir un portefeuille mobile est le premier véritable moyen vers l’inclusion financière et pourquoi pas obtenir des prêts et d’autres produits financiers comme l’assurance etc.
Est-ce que WorldRemit a d’autres types de produits que les transferts de personne à personne?
On offre également d’autres services comme les virements bancaires, les achats de crédits sur les téléphones. Mais pour l’instant on est sur les transferts de personne à personne mais on est en train de voir les possibilités avec le paiement de business à business mais ce n’est pas encore une priorité chez nous. On fait déjà la collecte d’espèces, le virement bancaire, le virement sur portefeuille mobile, le paiement sur carte mobile. Bref il y’a beaucoup de produits qui sont maintenant disponibles dans les pays et on est en train de voir ce qu’on peut faire pour pouvoir payer directement sur d’autres produits financiers pour offrir une panoplie à nos clients.
La pénétration en Afrique avec les autres géants du secteur comme Western union ou encore Moneygram ?
Le fait que plus de 50% de nos opérations vont sur l’Afrique montre qu’on offre quelque chose que les gens veulent. C’est la facilité et la simplicité de nos services et le choix qu’on offre sur les prix. Je crois qu’il s’agit plutôt de voir comment nous faire mieux connaitre parce que vous savez, établir une marque prend du temps surtout quand on parle d’un continent comme l’Afrique. Mais comme vous voyez, il y’a 7ans on était que 3 co-fondateurs et là maintenant on a plus de 400 personnes et on opère dans plus de 50 pays. Donc on fait quelque chose que les gens veulent et c’est ce qui fait que nos investisseurs qui avaient investi dans Facebook, ont levé jusqu’à maintenant 220 millions de dollars avec des sociétés de fonds. Cela montre que nos investisseurs croient en ce que nous faisons et ils nous supportent dans notre développement.
La sécurité par rapport aux transferts de fonds et blanchiment d’argent ?
La technologie nous permet aujourd’hui de faire mieux que les sociétés un peu plus traditionnelles avec des systèmes pas tellement développés. On a commencé et on a développé tout ce système dans la conformité. On a une culture de conformité avec notre PDG qui a travaillé aux Nations unies. On a utilisé la technologie pour faire mieux que les banques traditionnelles en termes de conformité et la lutte contre les blanchiments de fonds et autres.
Le mobile money n’est pas très pourvoyeur d’emploi au Sénégal
Quand on a introduit dans plusieurs pays le portefeuille mobile, on voit que la diaspora aide les gens à établir des business et cela crée de l’emploi. On à beaucoup de nos clients qui ont crée des entreprises et maintenant ils sont inclus financièrement et ils créent de l’emploi. Donc cette introduction du portefeuille mobile crée un écosystème qui permet l’inclusion financière, cela va créer des emplois. Maintenant c’est vrai World Remit n’est pas une très grande entreprise au regard de son effectif de 400 personnes ce qui est compréhensible parce qu’on est en ligne ce qui ne génère pas beaucoup d’emplois. Pour le moment on est concentré sur les transferts du nord vers le sud mais bientôt notre produit peut devenir un produit en ligne au Senegal ou 50% des gens ont accès à l’internet.
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