La 1ére réunion trimestrielle de l’année 2018 a été une occasion pour échanger sur le suivi de la liquidité bancaire et la satisfaction des besoins du client, la revue de l’entrée en vigueur des nouvelles normes de Bâle 2/ Bâle 3 à la date du 1er janvier 2018 et le nouveau plan comptable révisé. Elle a permis au Directeur national de la BCEAO pour le Sénégal Ahmadou Al Aminou Lo, de faire le point sur les préoccupations de la banque centrale vers le système bancaire et ceux du système bancaire relativement à la règlementation, leur fonctionnement, mais aussi par rapport à des dossiers qu’elles peuvent avoir avec les autorités nationales pour lesquelles les banques exposent des préoccupations auprès de la banque centrale pour les porter.
La situation sur la liquidité bancaire est resserrée, selon M. Lo car le taux de croissance a nécessairement besoin de financement par les banques ou à travers des crédits à l’économie ou à l’Etat, dans la mesure où les ressources bancaires ne sont pas extensibles. « Je dois préciser que nous ne parlons pas de difficultés financières mais de liquidités bancaires. Le total des crédits bancaires octroyés à fin 2016 est de 3397 milliards FCFA. A fin 2017, nous sommes à 4027 milliards FCFA. Les banques ont continué à faire du crédit à leurs clients à l’ordre de 630 milliards FCFA sur une année. En termes d’évolution, nous sommes sur un taux variant entre 11 et 12%. A fin décembre 2017, le système bancaire a prété aux Etats, pas au Sénégal seulement, prés de 1300 milliards FCFA en titres. Nous sommes à 4500 milliards de ressources. Maintenant il faut reconnaitre qu’il y a un écart car ce que les banques prêtent aux Etats et à l’économie est supérieur à leurs propres ressources d’où le besoin de faire appel à la banque centrale, au marché interbancaire ou aux emprunts extérieurs. Les banques sont passées d’une situation excédentaire à une autre où elles ont besoin de plus de liquidité entre 2010 et 2017 » a renseigné Ahmadou Al Aminou Lô.
Pour Bocar Sy, président de l’APBEFS, le débat sur les créances de l’Etat sur les banques n’est pas nouveau et il explique cela par le fait qu’il y a des périodes de l’année où les banques ont des besoins très importants en ressources, comme les fêtes de Pâques, la Korité ou la Tabaski, pendant lesquelles les fonctionnaires s’endettent auprés de l’Etat. Et pour en débattre, M. Sy invite les uns et les autres à se rapprocher des rapports annuels publics des banques pour avoir les bons chiffres.
Basculement avec succès dans les nouvelles réglementations bancaires
Concernant l’entrée en vigueur de Bâle 2/ Bâle 3 et du Plan comptable bancaire révisé, toutes les banques du Sénégal ont pu procéder avant fin janvier au basculement de leur système d’information afin de procéder à la déclaration de leur situation comptable sur la base des nouvelles règles, ce qui est un succès. Les banques ont aussi rassuré de leur capacité à procéder aux déclarations de leur ratio prudentiel sur la base des nouvelles règles, et les déclarations doivent intervenir à fin mars et exigible à fin avril.
M. Lo insiste ainsi sur le fait que Bâle/ Bâle 3 n’est pas une prise de risque pour les banques et pour preuve, il invite les uns et les autres à la patience, d’ici à la fin de l’année pour voir les résultats.
Le président de l’APBEFS, Mamadou Bocar Sy estime qu’il n’y a pas de raison que les banques ne procèdent pas à leurs déclarations en cette fin mars ou au plus tard avant le 15 avril car le basculement s’est réalisé avec succès à la date du 1er janvier malgré les doutes et la pression qui l’ont entouré. «Nous avons été bien encadrés par la banque centrale pour ne pas manquer de réussir le basculement et les déclarations. C’est vrai que ce sont des projets que les pays développés ont mis des années à réaliser, et nous le ferons sur une durée plus courte pour rejoindre les standards internationaux, avec les hommes et les femmes qui vont corriger au fur et à mesure a-t-il lancé.
Taire la désinformation autour du Bureau d’information sur le crédit (BIC)
A la suite d’informations relayées par une association de consommateurs sur la destination des informations collectées par le Bureau d’information sur le Crédit (BIC), le Directeur de la Bceao a indiqué que ce dernier avait mal compris et mal interprété le projet de loi qui a été adopté par l’assemblée nationale et qui n’est pas encore promulgué par le Chef de l’Etat. En effet, cette loi rend automatique le consentement du client pour tous les crédits qui ont été distribués avant 2014.
Selon Le Président de l’association des professionnels des banques et établissement financiers du Sénégal (APBEFS), Mamadou Bocar Sy, la banque est le lieu par aisance du secret surtout en matière de données du client. «Ces informations ne sont pas collectées pour être utilisées à des fins autres que la connaissance du client. Et puis, cela rentre dans une stratégie globale de fiabilisation des statistiques de nos pays. Etant donné que le Sénégal commerce avec les pays de la zone et du monde, il est normal d’avoir des outils standards pour comparer les économies et les échanges de chaque pays. Nous ne pouvons pas ne pas partager des éléments qui nous permettent d’être benchmarké par rapport aux autres économies pour voir notre capacité à évoluer vers ses économies là» a défendu
Protéger la clientèle par un Fonds de Garantie des Dépôts
Mais le plus important dans cette rencontre est le fond de garantie des dépôts de l’UEMOA car il indemnisera à chaque fois, à concurrence d’un certain montant, les déposants d’une banque, d’un établissement financier ou une micro finance lorsque en cessation de paiements. Cela vise à renforcer la confiance des déposants vis-à-vis du système bancaire. En plus, vu que les Petites et Moyennes Entreprises(PME) et les Petites et Moyennes Industries(PMI) ont un accès difficile au financement, les dispositifs de promotion des PME et PMI lancés par la BCEAO suite aux décisions du conseil des ministres de l’UEMOA devraient aussi permettre de donner des incitations au financement de ces structures. Enfin la mise en œuvre d’une stratégie régionale d’inclusion financière a été aussi au menu de la discussion avec les banques car l’accès à un service financier doit être un droit. Avec un taux de bancarisation faible de 18%, les banques doivent intégrer la microfinance et la monnaie électronique pour atteindre un taux de 68% environ.
L’objectif de la banque centrale dans l’ensemble des pays, c’est les stratégies nationales d’inclusion financière pour favoriser l’accès aux services à un nombre important de la population adulte mais aussi d’atteindre au moins 75% d’ici 2020.
Se prononçant sur l’Eurobond, le directeur national de la Bceao pour le Sénégal renvoie au site de l’Uemoa pour conforter son propos en signalant que le taux du Sénégal est en dessous du seuil dans l’union qui est de 70%. « Le Sénégal est légèrement au-dessus de 60%. C’est cela le bon chiffre à lire en dynamique et non en seuil autorisé par les critères de convergence» a défendu Ahmadou Al Aminou Lô.
Le point a été aussi fait sur le nouveau dispositif des impôts et des domaines en matière de déclaration automatisée des impôts et taxes, et des travaux entamés dans ce sens entre la DGID et la BCEAO.
Avec Tabaski Thiam DJIGALY (Stagiaire)
Discussion à ce sujet post