A l’issue de la réunion trimestrielle entre le directeur national de la Bceao pour le Sénégal, Mouhamadou Al Amine Lo et les directeurs généraux des banques et établissements financiers du Sénégal, il est ressorti que le secteur bancaire Sénégalais respire une bonne santé avec un résultat net de 63 milliards en 2016.
« Le résultat net est de 63 milliards contre 34 milliards en 2015 soit presque un doublement » a annoncé mardi le directeur national de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bceao) pour le Sénégal, Mouhamadou Al Amine Lo. Non sans préciser que c’est le résultat de 2015 qu’il faut caractériser car des provisions importantes ont été passées par les banques.
Exposant sur la situation des établissements de crédits, un des points majeurs de cette réunion, M. LO indique qu’en substance, que la majorité des banques, une vingtaine plus précisément, a fait des bénéfices, contre seulement trois qui ont enregistré des pertes. « Sur la situation des établissements de crédits, les résultats des banques en 2017 font ressortir une évolution de l’activité de crédit qui a augmenté de 355 milliards en un an soit une hausse de 12%. Les dépôts faits par les clients en 2016, comparés à 2015, ont également augmenté de 402 milliards soit une hausse de 11%. Le produit net bancaire qui rend compte de la richesse créée par les banques, c’est-à-dire entre les intérêts perçus et les intérêts payés aux déposants, a augmenté de 41 milliards en 2016 soit une hausse de 13,5% » a chiffré le directeur national de la Bceao en présence de Mamadou Bocar Sy, Président de l’association professionnelle des banques et établissements financiers (Apbef), par ailleurs administrateur et directeur de la Banque de l’Habitat du Sénégal.
Dynamisme inter bancaire
Revenant à la question de la dynamisation du marché interbancaire, la Banque centrale qui est le préteur en dernier ressort, a pris un certain nombre de résolutions pour redynamiser les rapports entre les institutions bancaires qui ne se prêtent pas plus de 200 milliards. Il a donc été convenu par les acteurs de réduire le risque de contrepartie pour que les banques se fassent confiance en ayant chacune la situation financière de la contrepartie. Le réunion trimestrielle a également été une occasion pour échanger sur les moyens d’améliorer la sécurisation des transactions à travers le système de la pension livrée c’est-à-dire qu’en contrepartie, une banque qui emprunte devra remettre un titre d’Etat en guise de garantie à la banque qui prête.
Lourd environnement entre les banques et la clientèle
L’autre élément et non moins important de cette réunion a été celui concernant l’environnement non apaisé entre les banques et la clientèle. La direction nationale d la Bceao a ainsi été saisie d’une trentaine de plaintes dont le 1/3 a pu trouver une issue heureuse. Tout de même, en guise de solution pour remédier à ce différend entre les banques et la clientèle, la réunion a estimé qu’il faudra améliorer les moyens de communication entre les banques et les clients. Il a aussi été proposé de faire mieux connaitre l’observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) qui joue un rôle de médiateur entre la banque et les clients. « Nous mettrons également en place un tribunal de commerce au Sénégal et réduire le fait que les différends se tranchent devant le tribunal où le juge, parfois, n’a pas une large connaissance financière » a renseigné Mouhamadou Al Amine Lo. La réunion trimestrielle a aussi pensé à renforcer l’enregistrement des garanties et à faciliter la réalisation des garanties.
Pour Mamadou Bocar Sy, sur cette question précise du climat de défiance entre les banques et la clientèle, il faut d’abord reconnaitre que les responsabilités sont partagées par les parties. En phase avec le directeur national de la Bceao sur l’amélioration de l’information et du renforcement de capacités des populations afin de réduire les réclamations, M. Sy est également d’avis qu’il faut une structure neutre comme l’OQSF pour ce travail de médiation.
Des réformes en profondeur pour renforcer les banques
La réunion trimestrielle entre la Bceao et les directeurs de banque au Sénégal a été un lieu d’échanges sur la mise en œuvre prochaine de la réglementation prudentielle, l’annonce de la mise en application du projet Bâle 2-Bâle 3 et sur le nouveau plan comptable bancaire.
Après avoir rassuré sur l’état d’esprit des banques à engager la mise en application de Bâle 2-Bâle 3, Mamadou Bocar Sy renseigne que c’est un ensemble de règles de bonne conduite de gestion. Pour sa réussite nous estimons que les banques seront prêtes pour son adoption en janvier 2018» a soutenu M. SY. Quant au directeur national de la Bceao au Sénégal, Mouhamadou Amine Lo, il a insisté sur l’intérêt de cette réforme en signalant que c’est une réforme pour rendre les banques plus solides et plus performantes.
Interpellé sur la poursuite des provisions, le directeur national brandit les résultats entre le produit net bancaire de 343 milliards, le résultat brut d’exploitation de 126 milliards et le résultat net de 63 milliards pour confirmer cela.
La Bceao injecte prés de 4000 milliards Cfa dans le refinancement des banques
Après avoir constaté les difficultés rencontrées par les banques dans le remboursement des créances par les clients, les acteurs ont émis solutions pour y remédier. « Les banques souffrent trop du coût du risque que nous allons réduire car beaucoup de gens ne payent pas à termes échus et cela porte préjudice à l’ensemble de la société. Le Sénégal fait partie des pays qui ont les taux les plus élevés de créances en souffrance » a révélé Mouhamadou Amine Lo. Et de poursuivre pour informer le montant que la Bceao prête aux banques. « Chaque mardi nous faisons une adjudication hebdomadaire de liquidité c’est-à-dire ce que nous prêtons aux banques. Nous avons injecté 3125 milliards à l’échelle de l’Union sans compter ce qu’on a prêté dans un prêt à un mois qui est en moyenne 800 milliards. Donc c’est à peu prés 4000 milliards que la Bceao prête aux systèmes bancaires depuis plusieurs années » a lancé M. Lo. Sans s’en glorifier, il a également renseigné sur le taux d’interet auquel la Bceao fait des prêts aux banques. « La banque centrale a le taux le moins élevé en Afrique, en dehors du Maroc. Nous prêtons aux banques à un taux de 2,5%. Nous faisons régulièrement des enquêtes sur les taux d’intérets prélevés par les banques sur leur clientèle. En moyenne sur la période 2014 -17, le taux tourne autour de 6,85% et 7,33%. Pendant ce temps au Nigéria, le crédit est à 17,65%. Nous parvenons à faire moins qu’eux parce que nous sommes parvenus à maitriser l’inflation » a déclaré le directeur national.
Et selon Bocar Sy, en l’espace de 25 ans, le taux d’interet au Sénégal est divisé par deux et la concurrence entre les banques les tirent davantage vers le bas.
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