C’est une statistique qui va ravir les Allemands. Un peu moins leurs partenaires. Pour la première fois, l’excédent du commerce extérieur allemand a dépassé, en 2014, les 200 milliards d’euros : il a atteint 217 milliards, soit une hausse de plus de 11 % par rapport à 2013, a annoncé, lundi 9 février, l’office fédéral de la statistique, Destatis.
Avec un excédent de 195 milliards d’euros, l’année 2013 avait déjà constitué un excellent millésime. Seule l’année 2007 avait connu un excédent légèrement plus élevé : 195,3 milliards d’euros.
Alors que l’Allemagne est régulièrement critiquée pour ses excédents – ils sont jugés « excessifs », par exemple la Commission européenne , le gouvernement d’Angela Merkel ne va pas pouvoir expliquer l’excédent de 2014 par la seule baisse du prix du pétrole.
Ce solde (très) positif s’explique en effet surtout par la progression de 3,7 % des exportations, à 1 133,6 milliards d’euros, alors que, dans le même temps, les importations ont progressé de 2 %, à 916,5 milliards d’euros.
Excédent de 2,8 milliards d’euros avec la zone euro
Si l’Allemagne aime mettre en avant ses relations commerciales avec la Chine, Berlin réalise toutefois toujours plus de la moitié de son commerce extérieur avec les pays de l’Union européenne.
Et, malgré la crise économique, les exportations allemandes à destination du reste de l’UE ont progressé de 5,4 %, et même de 10,2 % à destination des pays européens qui ne sont pas membres de la zone euro. En revanche, les exportations à destination des pays tiers n’ont progressé que de 1,5 %.
Les importations en provenance de l’Union européenne ont elles aussi progressé, de 3,6 %, alors que celles en provenance des pays tiers ont reculé de 0,9 %, sans doute en raison de la baisse du prix du pétrole.
Avec la seule zone euro, il est à noter qu’au bout du compte, l’Allemagne n’affiche qu’un très léger excédent : 2,8 milliards d’euros.
La vigueur du commerce extérieur allemand explique en partie pourquoi Angela Merkel – et Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate – sont si favorables au traité de libre-échange avec les États-Unis. Selon toutes les études, l’Allemagne devrait être l’un des principaux bénéficiaires en Europe.
Les Européens ne vont pas manquer de critiquer la faiblesse de la consommation allemande que ces chiffres reflètent également. Selon la Banque mondiale, en 2013, les exportations représentaient 51 % du PIB allemand, un chiffre étonnamment élevé pour un grand pays.
Les Allemands, eux, sont ravis. « Le nationalisme lié au deutsche mark semble être devenu un nationalisme lié à l’export », notait récemment dans die Zeit, Hans Kundnani, directeur de recherches au Conseil européen des relations internationales (CEFR).
Lemonde.fr
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