S’il y a un mystère au Port Autonome de Dakar, c’est bien la concession attribuée à Necotrans. 20 mois après la signature, les choses tournent au ralenti alors que les investissements attendus sont de plus en plus pressants.
Il est de ces compagnons dont on ne sait pas quoi faire. Quand ils vous promettent, vous ne pouvez que céder, mais lorsqu’il s’agit de tenir parole…
Après la réunion du Conseil d’administration du 13 novembre 2013, le Port Autonome de Dakar allait franchir un grand pas. Il y a été décidé d’octroyer le monopole de la manutention du transport des produits pondéreux non alimentaires à Necotrans pour la mise en œuvre de la politique de spécialisation et de développement des quais.
Pour expliquer le choix porté sur Necotrans, les autorités portuaires ne manquaient pas d’arguments. «Les raisons tiennent sur trois points. Le premier est relatif au retard du Port dans les différents segments des services portuaires, notamment le trafic des pondéreux non alimentaires par des équipements de pointe préservant l’environnement. Il y a aussi l’expérience et la notoriété du groupe Necotrans au plan international», avaient déclaré les autorités portuaires dans un rapport, en plus des investissements d’un montant global d’un peu plus de 48 milliards FCFA que le concessionnaire a promis.
Un rythme de caméléon ?
Deux grues, 15 camions, 2 trémies… Aujourd’hui, c’est tout ce qui a été amené dans les locaux de la multinationale au Môle 8… C’est le constat fait sur place. Selon une source très imprégnée de l’activité portuaire, le niveau de réalisation des engagements est très lent, contrairement aux débuts de DPWorld. «Quand DPWorld a eu sa concession, tout de suite après, les travaux ont atteint la vitesse de croisière. Mais avec Necotrans, près de 20 mois après, les choses marchent au ralenti. Récemment, ils ont commencé à déblayer. Maintenant, est- ce qu’il y avait des clauses dans la concession qui fixaient la date de démarrage ? Seul le Port peut y répondre», explique notre source.
Si l’on se réfère au rapport de la concession, la première tranche de ces investissements devrait être décaissée dès l’entrée vigueur du contrat pour l’aménagement et l’acquisition de matériels et d’équipements de manutention pour un montant global de 33 milliards FCFA.
Un mal aimé ?
Le moins que l’on puisse dire aujourd’hui, c’est que Necotrans ne compte pas beaucoup d’amis au Sénégal. En effet, récemment, elle a voulu introduire une nouvelle tarification qui devait faire passer les tarifs de 3 000 FCFA/tonne à plus de 8 000 FCFA /tonne. Soit une hausse de +245 %. Une hausse qui allait avoir de lourdes conséquences sur les industries minières et les cimentiers. Mais, il s’est vu opposé un niet catégorique de la part de l’Etat du Sénégal.
Selon les contestataires, cette hausse ne s’expliquait pas, pour plusieurs raisons. «Les investissements essentiels promis de l’ordre de 48 milliards sont loin d’être réalisés… Les augmentations de tarif auxquelles ils ont procédé au démarrage de la concession sont supérieures aux tarifs antérieurs et sans la contrepartie attendue surtout pour la qualité et aussi la cadence, si on y intègre les temps d’attente… Le benchmarking que nous avons fait dans la sous-région nous a permis de comparer les tarifs à ceux opérés dans les ports concurrents avec Abidjan 3700 FCFA, la tonne all in tout compris, Conakry 3 Dollars US all in, Cotonou 2100 FCFA all in. Ce qui lui fait que le cumul (bord et terre) est une aberration», avaient-ils déclaré en somme.
Aujourd’hui, même si les autorités restent optimistes, comme le dit le Directeur Général du Port, M. Cheikh Kanté qui assure que : «Pour le Terminal Vraquier, les engagements pris concernant l’équipement ont connu un début d’exécution et le concessionnaire va incessamment démarrer les travaux de mise à niveau de l’infrastructure, conformément au cahier des charges».
Mais, le constat est que l’attente commence à être longue…
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