Comment appréciez-vous l’évolution du marché de la monétique au Sénégal ?
C’est un marché qui me semble en pleine expansion et qui offre d’énormes potentialités au Sénégal et également dans toute la zone ouest-africaine. La monétique est devenue un produit de base pour la plupart des institutions financières. Son succès est d’autant plus grand qu’elle a participé à démocratiser les services financiers dans nos pays en les rendant plus accessibles. C’est un secteur assez dynamique qui a encore de la marge en termes de services offerts aux clients.
Comment votre groupe est affecté par le digital dans son fonctionnement ?
Notre institution a fait le pari du digital dès le démarrage de notre activité. En effet, il était évident, pour nous, qu’au vu de notre taille et de l’ambition que nous nourrissions, le digital était un formidable outil pour nous permettre d’accélérer notre développement. C’est ainsi que dans les produits que nous offrons à nos clients, nous leur permettons d’effectuer en ligne, via leur ordinateur ou leur téléphone portable, toutes les transactions financières sur leurs comptes. Au delà de faciliter à nos clients l’accès à leurs comptes à distance, il nous semblait important de leur permettre, à partir de cette application mobile, d’accéder à des services à valeur ajoutée qui leur facilitent le quotidien.
«Par l’innovation, nous cherchons à participer de façon active à la modernisation du secteur de la microfinance»
C’est ainsi qu’une entreprise cliente chez Cofina peut payer ses salariés ou régler, sans se déplacer, ses différentes factures de fonctionnement : eau, électricité et téléphone. Aussi, un client peut, un jour férié ou tard le soir, si une urgence survient, débiter son compte Cofina pour acheter du crédit téléphonique pour lui-même ou quelqu’un d’autre.
Mais le digital n’impacte pas seulement nos clients, il intervient beaucoup dans nos processus d’organisation interne. C’est ainsi que plusieurs processus comme le crédit ou la gestion de la clientèle sont fortement digitalisés. Cela nous permet de gagner en efficience et surtout de monitorer nos performances pour pouvoir être en recherche constante d’amélioration.
Le dernier axe du digital avec un fort impact chez Cofina concerne la communication. Comme vous avez eu à le remarquer, nous avons, depuis le lancement de nos activités, décidé d’utiliser ce canal de communication, non seulement comme un moyen de communication mais comme un canal d’acquisition clientèle.
Quelles sont vos cibles et avec quelles stratégies comptez-vous les capter ?
Nos cibles sont constituées d’abord de notre clientèle actuelle de PME et de particuliers à qui nous proposons constamment des services nouveaux adaptés à l’évolution de leurs besoins et attentes, et aussi à tous ces clients potentiels du marché sénégalais dont les besoins ne sont pas suffisamment pris en charge par les institutions bancaires ou de la microfinance. En effet, notre modèle opérationnel et économique a été bâti pour répondre aux besoins spécifiques de notre cible principale, constituée des PME/TPE, que nous appelons «méso- entrepreneurs».
Notre stratégie a toujours été axée sur notre capacité à proposer des produits et services innovants à nos clients et le développement de l’inclusion financière dans nos différents pays d’implantation. Par l’innovation, nous cherchons à participer de façon active à la modernisation du secteur de la microfinance en procurant aux clients et acteurs dudit secteur des outils et instruments financiers modernes. Nous voulons juste rappeler que nous sommes la première institution de microfinance à proposer des services bancaires en ligne, et aussi des Guichets Automatiques de Banque dans nos agences afin de donner une gamme complète de services à tous les clients détenteurs de nos cartes prépayées, COFICARTE.
La banque physique va-t-elle disparaître au profit de la banque mobile et en ligne ?
Chez Cofina, nous croyons fortement au digital, mais nous ne pensons pas que le «tout-digital» sera réalisé dans un horizon proche. Pour nous, il est évident qu’un mouvement se fait vers le digital et il est intéressant de noter que l’Afrique a été l’un des précurseurs de ce mouvement, et notre Groupe s’est inscrit dans cette dynamique.
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«Notre modèle opérationnel et économique a été bâti pour répondre aux besoins spécifiques de notre cible principale des PME/TPE, que nous appelons «méso- entrepreneurs».
Toutefois, nous estimons que le réseau physique conserve et continuera encore de marquer son importance. En effet, lorsque l’on digitalise des opérations financières, ou même de façon plus générique, il faut, à un moment du processus, un retour vers le réseau physique pour effectuer une opération de ‘’Cash in’’ ou de ‘’Cash out’’, c’est-à-dire de versements ou de retraits d’espèces. Et c’est cette simple analyse qui nous fait dire que les réseaux physiques ont encore de beaux jours même s’il est certain qu’il va falloir effectuer de profondes adaptations dans leur mode de fonctionnement aux nouvelles réalités socio-économiques.
Les sociétés de téléphonie, qui s’activent dans la monétique, peuvent-elles menacer votre gâteau ?
Je dirais que le ‘’gâteau’’ n’est pas tout à fait le même et en plus, c’est un gâteau qui, à mon sens, est assez important pour être partagé à plusieurs types d’acteurs. Je m’explique… Les sociétés de téléphonie mobile, qui s’activent dans la monétique, proposent aujourd’hui principalement du paiement mobile qui consiste, depuis un téléphone à effectuer une transaction qui va être débitée soit sur une carte bancaire, soit sur un porte-monnaie électronique, soit sur la facture (dans une moindre mesure dans notre environnement au Sénégal). Sur ces opérations, nous ne sommes pas en concurrence directe car ce n’est pas notre cœur de métier, mais nous agissons comme des partenaires.
Il est vrai, comme je l’ai expliqué plus haut, que nous regardons de plus en plus ce segment car notre clientèle Particuliers doit pouvoir effectuer ces opérations via son institution financière, mais les opérateurs de téléphonie ont une nette avance et une très bonne connaissance de leur marché.
Elles deviendraient à terme de véritables concurrents directs des institutions financières mais seulement pour des opérations spécifiques. Mais, ce mouvement est à notre sens chez Cofina, encore à confirmer, d’abord dans son ampleur mais également dans son impact. En effet, ce sont des métiers qui, même s’ils peuvent être complémentaires, sont complètement différents avec des régulations également différentes.
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