Depuis le temps de Houphouët, l’économie ivoirienne a toujours été portée par l’agriculture avec une diversité de productions qui ont permis la sécurité alimentaire et dopé les exportations. Aujourd’hui, le pari est de favoriser davantage la transformation de ses produits sur place pour en capter le maximum de valeurs ajoutées.
Les statistiques se passent de commentaires. L’agriculture ivoirienne représente 30% du PIB, 70% des recettes d’exportation et emploie 60% de la population active. La Côte d’Ivoire est ainsi le 1er exportateur mondial de cacao (35% du marché), de noix de cola et de noix de cajou, 1er producteur africain de latex (caoutchouc), grand producteur de bananes, ananas, café, coton, ignames…
Le secteur agricole étant un pilier aussi important dans le développement du pays, les autorités en ont fait un vecteur directeur des investissements du Plan National de développement et du Plan National d’investissement agricole (PNIA 2012 – 2016) avec pas moins de 11 000 milliards FCFA d’investissements. L’objectif était ainsi d’améliorer la productivité et les revenus, la compétitivité des filières, sécuriser l’accès au foncier, notamment pour les petits producteurs, les femmes et les jeunes. Durant la saison 2013 – 2014, le pays a battu un record de production de cacao avec 1,740 million tonnes contre 1,440 million tonnes, la saison précédente. Et un revenu brut de 1 300 milliards FCFA distribués aux planteurs.
L’hévéaculture occupe également une place de choix dans l’économie du pays. Leader africain et 7ème producteur mondial de caoutchouc naturel, avec 290 000 tonnes en 2013 et des revenus de 350 milliards FCFA. L’objectif est d’atteindre la barre des 600.000 tonnes en 2020. Selon les données du Centre du commerce international de l’ONU, le caoutchouc représente la 3ème source d’exportation, avec près de 10% des exportations totales en valeur derrière le cacao (43%) et le pétrole (35%). Le palmier à huile, lui, occupe la 4ème place au niveau national et 5ème au niveau mondial, avec un chiffre d’affaires estimé à 500 milliards FCFA, selon l’Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIPH).
L’anacarde connaît aussi une véritable dynamique, même si c’est une filière jeune. La Côte d’Ivoire en est encore le 1er producteur africain et le 2ème mondial avec près de 550 000 tonnes, environ 20% de l’offre totale. Le pays ambitionne, d’ici 4 à 5 ans, d’occuper le 1er rang mondial en produisant plus d’un million de tonnes, dépassant ainsi l’Inde (800 000 tonnes).
Aussi, pour mettre en valeur ces richesses, promouvoir l’investissement durable dans le secteur, le développer et le pérenniser, les autorités ivoiriennes ont ainsi le Salon de l’Agriculture et des Ressources animales (SARA 2015). Soit 16 ans après la dernière édition de 1999. Du 03 au 12 avril, ce fut une large plateforme de présentation des immenses potentialités agricoles du pays, plusieurs activités promotionnelles, des occasions d’échanges entre professionnels et investisseurs intéressé. Bref, le SARA 2015 a réuni quelque 800 exposants et plus de 500 000 visiteurs…
Malgré ses bons résultats, l’agriculture ivoirienne n’est pas encore suffisamment solide pour porter les ambitions d’émergence. Le pays peine à passer à la phase de la transformation sur place, continuant à exporter ses produits, sous forme brute, subissant ainsi la fluctuation des cours mondiaux. Seulement 20% de la production de cacao est transformé sur place alors que le pays est 1er producteur mondial, depuis plusieurs décennies. L’objectif est d’atteindre 50% à l’horizon 2020. Pour les noix brutes de cajou, on espère passer de 5,2% en 2013 à 35% en 2016, et à 100% en 2020. Une échéance qui ne renvoie qu’à cinq petites années. Il est donc temps de passer à l’acte…
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