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Des éleveurs normands, qui ont pris la tête d’un mouvement national de protestation contre la faiblesse des prix de production, ont bloqué lundi des accès dans le Calvados. La grande distribution et les transformateurs de viande sont visés.
Plusieurs centaines de tracteurs, des engins agricoles, des bennes remplies de fumier et de gravats bloquaient, lundi 20 juillet, les quatre principaux accès au périphérique de Caen (Calvados, nord-ouest de la France). En effet, les éleveurs normands ont pris la tête d’un mouvement de protestation national contre la faiblesse des prix de leurs productions et exigent une visite sur place du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, avant de lever leur blocage.
Ce dernier a proposé de les recevoir jeudi à Paris, ce que les agriculteurs en colère estiment insuffisant. « On reste sur notre position, on veut un ministre de terrain » qui réunisse tous les acteurs de la filière, producteurs, industriels des abattoirs et des laiteries et centrales d’achat des distributeurs, ont déclaré Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados, et Samuel Bidert, responsable des Jeunes Agriculteurs (JA).
Le ministre, souligne-t-on dans son entourage, reçoit les organisations professionnelles quotidiennement depuis quinze jours. Pourtant, les agriculteurs ont l’impression de ne pas avoir été pris au sérieux. « Cela fait plusieurs mois que nous avons sensibilisé les pouvoirs publics à la problématique de la crise agricole dans l’élevage. Nous n’avons visiblement pas été entendus », a expliqué Sébastien Debieu, le secrétaire général de la FDSEA du Calvados sur BFM TV lundi.
Stéphane Le Foll, que des élus de l’opposition de droite jugent « aux abonnés absents », ne veut rien précipiter. Il « propose de recevoir les éleveurs normands une fois qu’il aura en main le rapport du médiateur des relations commerciales, qui le lui remet mercredi », explique l’entourage du ministre.
La grande distribution dit respecter ses engagements
La situation devient urgente, puisqu’en France, 10 % des exploitations d’élevage, soit entre 22 000 et 25 000, seraient « au bord du dépôt de bilan » d’après les propres chiffres du ministre de l’Agriculture.
À l’issue d’une table ronde le 17 juin, la grande distribution et les transformateurs se sont pourtant engagés à augmenter le prix de la viande payée aux éleveurs, afin de leur permettre de couvrir leurs coûts de production. Il est prévu, notamment, que le kilo de bœuf soit revalorisé de cinq centimes par semaine. Mais les agriculteurs les accusent de ne pas respecter les accords, ce que ces derniers contestent.
« Nous avons accepté d’augmenter les prix d’achat de manière importante, la seule chose, c’est que visiblement cet argent ne va pas aujourd’hui dans la poche des producteurs, des éleveurs », a déclaré lundi Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) sur iTELE. « Il faut absolument, et c’est ce que nous avons demandé dès ce week-end au gouvernement, que le médiateur qui a été nommé vérifie ce qui se passe exactement », a-t-il ajouté.
Les transformateurs de viande dans le collimateur
Le problème ces dernières semaines vient davantage des industriels qui transforment la viande que de la grande distribution, estime Jean-Yves Heurtin de la FDSEA, après des visites récentes effectuées dans les grandes surfaces. « Ils nous ont sorti les factures, les prix auxquels ils achètent la viande ont augmenté. Cela veut dire que les transformateurs leur ont vendu plus cher, mais qu’ils n’ont pas répercuté cette hausse sur les éleveurs », puisque le prix payé aux producteurs n’a que faiblement augmenté, analyse-t-il.
Face à la faillite qui menace plusieurs milliers d’exploitations agricoles en France, François Hollande a exhorté samedi la grande distribution à « faire un effort sur les prix ». Pourtant, une réunion entre le ministre de l’Agriculteur et les représentants de la grande distribution n’est toujours pas prévue à ce stade. Devant l’urgence, plus que jamais, le rapport du médiateur des relations commerciales remis ce mercredi, est vivement attendu.
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