Ma préoccupation pour que des modèles et figures d’envergure de tous horizons d’activités, notamment économique, soient systématiquement médiatisés au profit de nos jeunesses, semble trouver écho quelque part en… France.
J’y ai découvert Serge Diantantu, dessinateur hors du commun. Un esthète de l’art figuratif, de plus en plus médiatisé, qui est un bien curieux personnage par la singularité de sa trajectoire. Tombé dans le monde de la bande dessinée par accident, il en est aujourd’hui, par l’originalité de son trait de crayon et le militantisme de sa démarche, un de ses meilleurs ambassadeurs africains.
Si ses ouvrages lui valent une réputation mondiale, méritée, de vulgarisateur historique pointilleux, il est réputé s’engager personnellement afin de renforcer leur impact par des expositions destinées aux enfants et au grand public pour faire œuvre pédagogique, tel qu’il s’en réclame, lui-même, le plus souvent.
Des titres à succès tels que «Femmes noires d’Afrique, d’Amérique et des Antilles» et «Hommes noires d’Afrique, d’Amérique et des Antilles» sont sortis en tome 1 et 2. Ils atteignent des niveaux non négligeables de ventes, notamment bien sûr, au sein de la diaspora des émigrés francophones. A la suite d’un bref passage en revue concernant son style, pour ne pas dire «sa patte», en matière de planche à dessins, l’on découvre très vite pourquoi.
Ses reproductions figurées, magnifiques par la vivacité tranchante des couleurs et la précision de la plume, disputent, à bien y regarder, leur qualité aux images susceptibles d’être données par les appareils de prise de vues de dernier cri. On voyage ainsi facilement et avec grand attrait, via les différents portraits illustrés et commentés, d’itinéraires de Barak Obama à Michael Jackson, en passant par Toussaint Louverture, Bob Marley, Yanick Noah, Pelé, Aimé Césaire, Nelson Mandela…
Les femmes n’étant pas en reste, on croise à la lecture des albums les trajectoires de Fatou Bensouda du Tribunal pénal international, Wan Gari Mâtai, Michelle Obama, Michelle Jean, ex-femme gouverneure du Canada. D’emblématiques figures du showbiz comme Joséphine Becker, ancienne reine de «music-hall», nous font un clin d’œil au passage. Celles, plus récemment disparues telles que Césaria Evora, nous rendent nostalgiques d’un passé encore bien émouvant.
Dans l’autre titre, «Femme noire, je te salue», publié en 2008, l’hommage est rendu aux icônes noires qui ont marqué l’histoire à travers une galerie de 26 portraits tout aussi marquants les uns que les autres. Depuis la Reine Nzinga du Kongo, au XVIe siècle, jusqu’à Condoleeza Rice, en passant par Kimpa Vita, la Vénus Hottentote, Rosa Park, Maryse Condé ou encore Christiane Taubira… Toutes, femmes d’Afrique ou des Amériques, plus ou moins connues, présentées chacune par un texte biographique et un ou deux portraits.
En réalité, tel que Serge Diantantu, pourtant prédestiné menuisier au début de sa destinée atypique, le dit lui-même, il est question de «rendre hommage à ces hommes et femmes». Un hommage qui «peut se voir également comme une exhortation pour d’autres à suivre leur exemple sur le plan humanitaire et social, afin de faire avancer l’humanité, des albums pour connaître et apprendre, en somme ».
Successivement diplômé en menuiserie, en arts plastiques, puis en décoration pour télévision et cinéma, Serge Diantantu à fini par se trouver et s’épanouir dans la bande dessinée. Non content de s’arrêter en si bon chemin, il s’investit à présent dans un projet de lancement de films d’animation. Nous pouvons lui suggérer, nous qui regardons les choses selon un regard et une analyse orientés «business», de penser à traduire ses albums dans d’autres langues africaines.
Mais le meilleur serait de mettre cette démarche de vulgarisation historique des trajectoires au service des grands inventeurs et inventions du continent en particulier et de la diaspora noire, en général. Tant inventions et inventeurs mais aussi, tant du passé que du présent. Mais, pour bien finir, à nos yeux, il est aussi advenu de rendre accessible, par cette voie, les modèles de chefs d’entreprises, ce dans la mesure où les plus prégnants d’entre eux font, tous les jours, la réussite économique du continent jusque-là, sans trop de bruit.
De grâce, Serge, croquez-les et sortez les aussi de leur improductif anonymat !
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