Les filiales africaines constituent un puissant relais de croissance pour les banques marocaines face au ralentissement de l’activité sur leur marché domestique.
«En moins de 10 ans, la concurrence dans le secteur bancaire en Afrique subsaharienne a changé de visage. L’offensive est menée par des groupes panafricains parmi lesquels Attijariwafa Bank, BMCE Bank et BCP». C’est ainsi que le quotidien marocain, L’Economiste, attaque son sujet principal du 9 février. Intitulé «Banques, le jackpot des filiales africaines», le dossier fait un tour d’horizon du positionnement de ces groupes bancaires sur le continent, leur mode d’implantation, leur contribution financière et des risques encourus…
Cette expansion est une réponse à la stratégie de diversification économique du royaume. Le renforcement des échanges commerciaux avec l’Afrique au sud du Sahara les a amenées à s’y déployer pour accompagner leurs clients.
Le trio bancaire marocain a été très dynamique ces dernières années. Elles sont devenues les plus importantes, en taille, derrière la sud-africaine Standard Bank. Elles font partie du Top 7 continental, couvrant 35 pays, soit deux pays africains sur trois. Pour leur mode d’implantation, le quotidien explique : «L’ensemble des opérateurs privilégie l’acquisition de banques existantes : Bank Of Africa (BOA) est aujourd’hui le pilier du développement de BMCE Bank sur le continent et Banque Atlantique devrait l’être pour le groupe BCP. Attijariwafa, de son côté, mixe le rachat de parts majoritaires et l’implantation à travers sa filiale CBAO». D’ailleurs, Attijariwafa Bank vient de renforcer sa participation au capital de la Société Ivoirienne de Banque (SIB) en acquérant 24% de parts supplémentaires de l’Etat ivoirien, soit un total de 75%.
Cette politique de diversification et d’externalisation a été payante, puisqu’elle a permis de renflouer et de consolider les portefeuilles des groupes et un meilleur positionnement sur le marché domestique et en co- financement. Ces filiales ont généré à fin juin 2014 plus de 25% du chiffre d’affaires d’Attijariwafa Bank. De même, leur contribution au produit net bancaire de BMCE Bank dépasse 41% et atteint 28% pour le résultat net part du groupe. D’après toujours L’Economiste, «BMCE Bank compte le plus de filiales d’«importance systémique». Des filiales qui ont un poids non négligeable dans les dépôts du groupe. Au-delà d’une rentabilité intéressante, les banques marocaines affichent une très bonne solvabilité».
Cette stratégie se reflète aussi sur les performances de ces banques : près d’un quart des bénéfices réalisés par ces banques, est généré par les filiales africaines. Mais cela «pose néanmoins d’autres défis, notamment en matière de gestion de risque», écrit L’Economiste qui explique que des lacunes dans la supervision et la régulation bancaire sont constatés dans plusieurs pays. Bank Al-Maghrib a d’ailleurs mené des missions de contrôle dans ces pays. Et pour renforcer le dispositif de surveillance, elle impose aux banques marocaines un reporting trimestriel pour leurs filiales africaines.
Aujourd’hui, le Maroc et l’Afrique du Sud sont les plus en avance en matière de réglementation. Les banques marocaines sont en train de déployer les règles de Bâle III alors que la mise en œuvre de Bâle II n’a pas encore démarré dans la plupart de ces pays d’implantation. «Ces décalages, au niveau réglementaire, constituent un risque pour la stabilité financière, prévient le FMI. La complexité de l’actionnariat et la gouvernance de certains groupes bancaires empêcheraient également une surveillance efficace et la prévention des risques». Pour les experts du Fonds, il est urgent de coordonner les efforts et d’harmoniser la régulation dans le paysage bancaire subsaharien.
L’idée est notamment de favoriser la mise en place d’un collège de superviseurs où les régulateurs des pays d’implantation et d’origine des groupes bancaires panafricains pourraient coordonner leurs actions», analyse L’Economiste.
En plus de ce laxisme dans le contrôle, les banques marocaines s’exposent aussi au risque politique : les crises en Côte d’Ivoire, en Centrafrique et au Mali sont là pour le rappeler…
Discussion à ce sujet post