Partenaire historique du Maroc en Afrique de l’ouest, le Sénégal est en train d’être doublé par la Côte d’Ivoire qui s’est montré plus dynamique dans la mise en œuvre des projets d’investissements marocains.
«L’économie ivoirienne reste la première de la région UEMOA et offre plus d’opportunités que l’économie sénégalaise. En tant qu’accompagnateur d’entreprises dans les deux pays, on a le sentiment que les délais de concrétisation des projets sont plus rapides en Côte d’Ivoire. Donc fatalement, les choses se passent plus à Abidjan qu’à Dakar…»
Cette réflexion d’Abdou Diop, associé de Mazars Maroc, explique si besoin en était que le curseur du business marocain est en train de migrer vers Abidjan. L’économie ivoirienne présente plus de potentialités (40% de l’UEMOA). Elle sort d’une longue crise politique, ce qui fait que les besoins en infrastructures sont décuplés. Le climat et l’environnement des affaires sont plus attractifs et permettent de faire des affaires plus efficacement. Entre 2012 et 2014, la croissance moyenne de l’économie était de l’ordre de 9% et le pays table sur un taux à 2 chiffres dès 2015. Là où le Sénégal ne vise que la moitié pour dire que les deux pays ne boxent pas dans la même catégorie…
En 2014, lors de son périple africain, le Roi Mohamed VI a délivré son discours fondateur sur les nouvelles ambitions économiques du Maroc à partir d’Abidjan. Un signe qui ne trompe pas. Le 21 janvier dernier à Marrakech, le Forum économique maroco-ivoirien, s’est soldé par la signature de 24 accords de partenariats entre opérateurs privés et publics des deux pays. Des accords signés en présence de Mohamed VI et d’Alassane Ouattara, accompagné d’une délégation de 150 hommes d’affaires. Ils portent sur divers secteurs d’activités : banque, immobilier, ciment, énergie, distribution… Ils donnent une impulsion plus grande à l’investissement marocain en Côte d’Ivoire où ils étaient déjà fortement présents. D’ailleurs en 2014, le quart des investissements marocains à l’étranger ont été fait en Côte d’Ivoire. Une tendance devant continuer en 2015.
Ces accords de partenariat signés à Marrakech s’ajoutent à la vingtaine, signée l’année dernière à Abidjan. Ils ont donné la part belle aux champions marocains déjà connus par les Ivoiriens, comme Addoha, Alliances, Attijariwafa bank, BMCE ou BCP. De nouveaux acteurs y ont fait leur entrée. Comme les groupes Anouar Invest, Label Vie ((Distribution), Fenie Brossette (Distribution), Palmeraie (Immobilier), Zalagh (Aviculture), Platinium Power (Energie), le groupe Holmarcom (Immobilier)…
Ainsi parlait le Roi
Dans son discours fondateur à Abidjan, Mouhamed VI disait ceci : «Dans son ouverture, l’Afrique continuera à développer ses relations fructueuses avec les pays avec lesquels elle a le plus de relations historiques profondes et le plus d’affinités. Mais, bien qu’ils constituent des atouts certains, ces liens, à eux seuls, ne suffisent plus. Ils demandent, désormais, à être accompagnés par une action crédible et un engagement constant. Il n’y a plus de terrain acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gardée. Ce serait une illusion de croire le contraire. Ce serait, également, une illusion de croire qu’il y’a des petits et des grands projets. Tous les projets se valent, tant qu’ils sont pertinents et qu’ils se destinent au service du citoyen. A l’évidence, il y’a des projets d’importance nationale. Le Maroc est bien placé pour le mesurer, car nos propres projets d’infrastructure sont entièrement réalisés sur la base de l’expertise marocaine, depuis la conception, jusqu’à la réalisation et la mise en œuvre, qu’il s’agisse par exemple d’autoroutes, d’électrification, de barrages, de ports ou d’aéroports… Mais, il y a aussi des projets qui, bien qu’étant de moindre envergure, revêtent une importance particulière. Car ils touchent directement les citoyens et visent à améliorer leurs conditions de vie quotidienne. C’est le cas du village de pêche que Nous lançons ici en Côte d’Ivoire. De tels projets participent à la création d’emplois et à l’essor des PME-PMI, qui représentent la véritable locomotive de développement du continent et la principale source de travail pour sa jeunesse».
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