Banque, Immobilier, Assurances… Le secteur privé marocain poursuit son expansion dans tous les secteurs stratégiques de l’économie sénégalaise. Ce qui a fini de faire du Maroc, un pilier incontournable dans la stratégie de développement économique du continent.
Presque poids plume au début des années 2000, le Maroc a réussi à imposer ses fleurons dans l’économie globalisée, avec une agressivité époustouflante. En Afrique subsaharienne, les groupes privés marocains ont acquis de grandes parts de marchés jusqu’à susciter des jalousies à fleur de peau. Alors, il n’est pas étonnant si on sait que le Roi Mohamed VI, l’artisan de cette conquête vers le Sud n’a jamais caché ses ambitions hégémoniques sur le continent.
Mohamed VI, le VRP de luxe de l’Entreprise Maroc
Pour le Roi du Maroc, le label Maroc ne peut s’imposer à l’international qu’à la condition d’avoir des fleurons forts en interne. Une façon de renforcer, protéger et accompagner ses poulains. Quitte même à se mettre à dos les contempteurs du protectionnisme. Ainsi, naquit la politique des ‘‘champions nationaux’’.
Quand il s’agit de prendre son bâton de pèlerin, Mohamed VI ne se ménage pas. Il multiplie les voyages avec une cohorte d’hommes d’affaires de premier plan et il les introduit au niveau des palais africains. Dans la foulée, une série de conventions sont signés et les carnets de commandes d’exploser. La stratégie est payante puisqu’elle a permis de signer quelque 480 accords, conventions et protocoles dans près de 40 pays.
La dernière visite du Roi Mohamed VI à Dakar en est une illustration parfaite. Les deux pays ont conclu des accords dans presque tous les domaines. Aussi, Dakar et Rabat ont mis à profit l’excellence de leurs relations pour concrétiser certains grands axes de la coopération, du reste historique et exemplaire. Ainsi, la clinique Mohammed VI, entièrement financée par le Maroc, a été inaugurée. Construite sur une surface de 1 000 m2, cette clinique va soigner les maladies de l’œil. Ce n’est pas tout. Puisqu’au cours de cette tournée qui date de mars 2013, Mohammed VI et Macky Sall avaient aussi inauguré une unité pharmaceutique, West Afric Pharma (WAP), une filiale du groupe marocain Sothema.
Autre axe de coopération, le secteur minier. Un protocole d’accord avait été signé pour une coopération plus poussée dans les domaines des mines, des hydrocarbures, de l’électricité et des énergies renouvelables.
Focus sur la Banque, l’Immobilier et les Assurances
L’offensive économique du Maroc s’est aussi matérialisée avec la mise en place d’une nouvelle feuille de route destinée à booster les exportations. En 2009, le Royaume chérifien s’est doté d’un Plan national pour le développement et la promotion des exportations. Celui-ci avait pour but, principalement, de doubler la valeur des exportations nationales à l’horizon 2015 et de la tripler en 10 ans.
Comme en toute chose, il faut un leader. Aussi, le déploiement du Maroc s’est fait surtout avec le dynamisme de son réseau bancaire. Et le vaisseau amiral est sans conteste Attijarawafa Bank. Elle est sans doute pour le Maroc ce que la Sonatel est pour le Sénégal dans la sous-région. C’est-à-dire, le symbole de tout un pays. A ce niveau, il faut saluer la vision stratégique du top management du groupe. Ils ont vraiment flairé le bon coup. Ils ont pris place dans le paysage bancaire sénégalais, puis dans celui de l’UEMOA, puis finalement dans toute l’Afrique francophone.
Avec un marché potentiellement porteur et un taux de bancarisation encore faible, la voie était balisée pour rafler la mise. Cette expansion répond aussi au besoin d’accompagner leur clientèle et le recentrage économique. Ce qui fait que les banques, filiales des multinationales françaises qui régnaient en maîtresses absolues, perdent du terrain face aux marocaines. L’illustration parfaite par le réseau Crédit Agricole qui appartient maintenant au groupe Attijariwafa Bank.
Le Président Macky Sall s’est engagé dans un vaste chantier de désengorgement de Dakar à travers la construction de nouveaux pôles urbains dont les premiers seront construits à Diamniadio et au Lac Rose. Pour lui, «ces pôles urbains vont être construits sur le concept de villes vertes caractérisées par l’efficacité économique, la mixité sociale et fonctionnelle, un système performant de traitement des déchets, l’économie énergétique, le respect de l’environnement et par un cadre de vie attrayant».
D’ailleurs, le patron d’Alliances Développement n’a pas caché ses ambitions au Sénégal et un peu partout dans la zone ouest-africaine et au-delà. Au Sénégal, avec le pôle urbain de Diamniadio, le groupe Alliances Développement tient un bon filon. Le Groupe créera un grand pôle urbain avec de 40 000 logements. Ce pôle d’une superficie de 1 946 hectares sera une ville nouvelle, avec un centre international de conférences, 10 grands hôtels dont un de cinq étoiles, un pôle ministériel, la 2ème université de Dakar, un pôle industriel et commercial, et un pôle pour le sport et les loisirs.
Comme une trainée de poudre le succès du groupe Alliances Développement fait des émules. Depuis quelques temps, Anas Sefrioui, PDG du groupe Addoha, se signale au Sénégal. En compagnie du Président Sall, le PDG du groupe Addoha a procédé, le 23 septembre dernier, à la pose de la première pierre de la «Cité de l’Emergence». Un des projets-phares du président Sall. Ce projet urbain de 648 logements sera construit dans un délai de 24 mois sur une superficie de 2,5 hectares. Le projet porte sur la construction de 17 tours de 10 étages chacune, toutes catégories confondues, pour un coût global de 21 milliards de francs CFA. Selon le PDG d’Addoha, ce projet devrait générer plus de 1 600 emplois.
Il y a également le projet de la «Cité des Fonctionnaires de Diamniadio», piloté par Peacock Investment. Le projet comprend la construction de 2 850 logements sociaux dont la première phase est impartie sur 1 200 villas, destinée aux fonctionnaires et aussi à la classe moyenne des travailleurs sénégalais et de la Diaspora.
Le Maroc a également un pied dans les assurances. Ainsi, Saham Assurance est présente à Dakar grâce au rachat des filiales du groupe Colina. Quant à Wafa Assurances, elle a créé en septembre 2014, ex-nihilo, 2 nouvelles compagnies en Dommage et en Vie. Avant leur implantation, les compagnies sénégalaises ont battu le rappel des troupes pour s’opposer à cette venue. En pure perte… Au final, avec leur stratégie agressive d’expansion, les fleurons du royaume chérifien n’en finissent pas d’essaimer et ne sont pas prêts de s’arrêter de sitôt.
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