Construire le Sénégal.
Le débat sur la nécessité de réformer nos institutions doit avancer dans le bon chemin. Nous devons accepter de passer d’une analyse superficielle à une analyse plus approfondie, qui fait le lien entre les programmes mis en œuvre et les échecs précis. L’objectif est de partir sur des bases solides en ayant comme axe le développement du pays qui va s’appuyer sur des leviers nouveaux. Le PSE a cette ambition, mais la question fondamentale à se poser aujourd’hui, c’est quels changements, grands et petits donneront au Sénégal les moyens d’une véritable émergence, et permettrons de tenir les promesses, ou du moins de s’en approcher davantage ? Comment construire un Sénégal qui marche ?
Faire fonctionner le PSE ne sera pas chose facile, car ceux qui bénéficient du système actuel vont résister au changement, ils viennent de tous les horizons sociaux, et, quelque fois, ils sont puissants. Mais, il faut savoir que la force vive veut que ça change, et cette force est constituée des jeunes qui forment plus de 60% de la population nationale.
Le PSE : Quel avantage comparatif pour le Sénégal ?
A notre avis, l’important c’est l’éducation. Au Sénégal, tous les efforts doivent être concentrés sur la formation d’étudiants orientés vers des filières dont le marché de l’emploi a besoin. C’est dire que les programmes scolaires et universitaires doivent être réformés. 35% du budget à l’enseignement c’est bien, mais au final le résultat c’est quoi : un chômage endémique des jeunes, et des diplômés qui ne trouvent pas d’emplois, car leur formation n’est pas en adéquation avec le monde du travail et la demande du marché. Le constat, c’est qu’il n’y a pas d’emplois pour ceux que l’on a éduqués, et tant que cette situation perdurera, il n’y aura pas de développement. En effet, l’avantage comparatif du Sénégal, en plus du tourisme, du nécessaire rééquilibrage en mettant en exergue des pôles régionaux de développement, c’est la qualité des ressources humaines.
C’est donc en s’appuyant sur des ressources humaines de qualité, que nous arriverons à assurer notre développement, créer des emplois dans nos entreprises. Ensuite, il faut protéger les industries qui sont dans le pays et combattre auprès des institutions financières mondiales qui nous imposent dans le cadre de l’octroi des prêts des conditionnalités en notre défaveur.
En effet, l’argument du libre-échange développé par ces institutions ne repose pas sur l’efficacité économique, car si chaque pays se concentre sur son avantage comparatif, la production de biens et richesses sera davantage importante. Par ailleurs, l’acquisition des connaissances et la technologie est un déterminant important pour la croissance. Donc, pour réussir la croissance, il faut que l’accent soit mis sur le comblement de l’écart du savoir.
Mais quelle est la meilleure façon d’apprendre aujourd’hui? Telle est la question fondamentale à laquelle il faut répondre. Si nous sommes convaincus que notre avantage comparatif se situe au niveau de la qualité des ressources humaines, alors l’accent doit être mis sur la formation et l’éducation, au sens large des populations. Cela induit un changement des comportements des sénégalais par rapport à la chose publique et aux biens publics. Le peu d’infrastructures que nous avons, le respect des biens publics, le civisme et le culte du travail doivent être érigés au rang de pilier fondamental de notre Plan Sénégal Emergent (PSE).
Le sénégalais doit comprendre que c’est d’abord dans la formation et l’éducation qu’il réussira à sortir le pays de la situation dans laquelle il se trouve. Un retour à nos valeurs et à notre culture est nécessaire. Lesquelles valeurs et culture sont les seuls déterminants et, en cela nous ne devons pas enviés la culture et les valeurs des autres.
Transformer le prochain boom démographique en dividende démographique
La forte croissance démographique du Sénégal constitue un frein pour l’amélioration du niveau de vie de la population, car elle limite à environ 1% par an l’augmentation du PIB par tête, ce qui correspond à un doublement du PIB par tête tous les 70 ans[i]. Il est évident que cette croissance démographique va se poursuivre, et d’après les prévisions de l’ANSD, nous ne serons pas moins de 20 à 25 millions d’habitants d’ici 10 à 15 ans.
En effet, en raison de l’extrême jeunesse de la population – près de deux sénégalais sur trois ont moins de 25 ans – d’une mortalité en baisse et d’une fécondité qui reste proche de 5 enfants par femme, la population totale devrait augmenter’ de 60% à 70% d’ici 2025 pour être le double aux environs de 2050. Parallèlement, la population urbaine et la population de Dakar devraient doubler d’ici 2020 et elles devraient être multipliées par 3 ou 4 d’ici là en fonction de la fécondité et des migrations rurales-urbaines.
La conséquence de ces évolutions sur un territoire dont la superficie globale ne va pas augmenter est que la tension sociale va continuer de s’exprimer en matière de santé, de scolarisation, de création d’emplois, de logements. La prise en compte de ces besoins implique la définition de politiques publiques capables de répondre aux aspirations fondamentales des populations à savoir :
la sécurité et la prospérité
Face à ces problèmes impérieux, le Sénégal dans les prochaines années doit trouver la solution à une seule problématique : face aux défis de la croissance, comment améliorer le capital humain ?
Subsidiairement, dans le contexte social et économique actuel, il faudra répondre aussi aux questions suivantes :
- Quelles ont été les conséquences de la croissance démographique sur les principaux indicateurs économiques et sociaux ?
- Quelles ont été les interactions entre croissance économique, croissance démographique et progrès sociaux ?
Cette problématique et les questions qu’elle sous-tend peuvent être abordées sous plusieurs aspects. Nous proposons quelques pistes de réflexions à verser aux débats et discussions.
En effet, le boom démographique que nous allons vivre doit être abordé sous deux angles :
- Nous devrons réfléchir sur un véritable programme de planification sociale et de santé publique, en ce sens que c’est par la maîtrise de la natalité, mais aussi de la qualité des soins et la mise en place d’un système de solidarité sociale nationale efficace et efficiente que ce problème trouvera une solution durable. Mais comment financer le mécanisme qui sera mis en place. D’emblée, il faut écarter les aides et autres appuis financiers des bailleurs de fonds. Il faut travailler à mettre en place un mécanisme d’épargne et de collecte de l’épargne nationale qui va servir de soubassement au financement du système de protection sociale et au programme de planification. Cela va englober aussi le financement des soins pour en faciliter l’accès. L’accès aux soins sera conçu à trois niveaux. (1) L’accès aux soins primaires ou de base, (2) l’accès aux soins intermédiaires que sont par exemple les maladies tropicales et enfin (3) l’accès aux soins plus sophistiqués qui nécessitent une médicalisation lourde.
- L’autre réponse à apporter à ce boom démographique, ce sera comme nous l’avons indiqué plus haut, travailler sur la qualité de l’éducation, de la formation et du renforcement des capacités. En investissant sur l’éducation, il va en ressortir des ressources humaines de qualité à même de répondre aux exigences du monde de l’emploi.
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