Le déficit commercial français s’est réduit en 2014, pour la troisième année consécutive. Après avoir battu des records historiques en 2011 (- 74,5 milliards d’euros), le solde a été ramené à – 53,8 milliards d’euros fin décembre, soit une baisse de 7 milliards d’euros (11,5 %) par rapport à 2013, selon les statistiques des douanes, rendues publiques vendredi 6 février.
Il y a donc du mieux, même si, en valeur absolue, le montant du déficit commercial français fait pâle figure comparé à l’excédent allemand : en 2013, celui-ci avait crevé tous les plafonds et frisé les 200 milliards, son plus haut niveau depuis 1950. Le dernier excédent commercial annuel français remonte à… 2002.
Et si, hors énergie, le déficit est en hausse de près de 35 %, à 16,7 milliards d’euros, les trois années consécutives de réduction du solde commercial français sont néanmoins à marquer d’une pierre blanche car elles éclaircissent le paysage économique français, jusqu’alors plutôt sombre. Tout comme vient de le faire la Commission européenne en révisant à la hausse sa prévision de croissance (+ 1 %) pour la France.
Les parts de marché mondiales de la France se sont stabilisées à 3,1 % des échanges mondiaux, grâce notamment à l’augmentation des exportations vers la Chine et la Corée du Sud et malgré un repli des ventes vers le Brésil, l’Inde, la Russie et la Turquie.
Fin novembre 2014, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl, avait fait savoir que, dans un contexte « difficile », il ne pouvait s’engager à résorber le déficit commercial d’ici à 2017, comme le gouvernement de Jean-Marc Ayrault en avait pris l’engagement au début du quinquennat de François Hollande.
Il ne faut toutefois pas exagérer la portée de l’amélioration de 2014, qui doit beaucoup à la baisse spectaculaire du cours du pétrole : le prix du baril a reculé de près de 60 % depuis l’été, du fait d’une offre surabondante et d’une demande moins vigoureuse, pour cause de ralentissement économique de la Chine et de faible croissance en zone euro.
Cette chute du prix de l’or noir, réduisant le déficit des échanges français d’hydrocarbures naturels, s’est traduite dans les importations françaises, qui ont commencé à reculer en novembre 2014.
Les importations totales françaises ont ainsi diminué de 1,6 % sur l’ensemble de l’année écoulée, à 491,1 milliards d’euros.
À la mi-janvier, le directeur de COE-Rexecode, Denis Ferrand, avait cherché à calculer le montant de la réduction de la facture pétrolière à partir des 87 milliards d’euros d’importations de produits pétroliers bruts et raffinés de 2013.
En faisant l’hypothèse d’un prix moyen du baril de 82 euros en 2013, 75,20 euros en 2014 et 45 euros en 2015, il avait estimé que la facture pétrolière de la France diminuerait de « 5 milliards d’euros en 2014 » – c’est probablement un minimum – et de « 17 à 22 milliards en 2015. »
En définitive, la facture énergétique totale s’est allégée de 10,9 milliards l’an passé, selon les Douanes.
Fortes livraisons dans l’aéronautique
Après un début d’année atone, les exportations françaises se sont, quant à elles, redressées progressivement au second semestre 2014. Sur l’année, elle sont en hausse de 0,1 %, à 437,3 milliards d’euros.
Elles ont bénéficié de la baisse de l’euro, qui a perdu plus de 17 % face au dollar depuis mai 2014, après deux ans de hausse.
Les points forts de la spécialisation française ne changent pas : matériels de transport, produits agricoles, certains produits de l’industrie du luxe (habillement, joaillerie et bijouterie, parfums et cosmétiques, horlogerie).
Les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique ont cependant dégagé de moindres excédents qu’en 2013.
L’excédent des produits chimiques, parfums et cosmétiques « s’est accru de plus de 15 % », à 10,8 milliards d’euros et l’aéronautique a dégagé « un nouvel excédent record », de 23,6 milliards d’euros, a relevé Matthias Fekl.
Les livraisons d’Airbus qui avaient été excellentes en octobre, ont frôlé leur record de mars 2013 (2,88 milliards d’euros) en novembre. Un mois qui a également vu la mise en orbite d’un satellite pour le compte de la Malaise pour un montant de 102 millions d’euros.
Cet automne, en revanche, les ventes de produits pharmaceutiques comme les exportations de produits métalliques et métallurgiques ont joué au yoyo, tandis que les exportations de produits agricoles s’effritaient.
Lemonde.fr
Discussion à ce sujet post