Amorcée par le top départ du Plan Sénégal Emergent (PSE) en début 2014, l’économie sénégalaise a été très dynamique avec un taux de croissance prévu autour de 4,9%, contre 4% en 2013. Entre les zones d’ombre sur le secteur minier et la mise en œuvre effective des projets du PSE, en passant par la campagne agricole où il y a eu plus de peur que de mal, l’économie a bougé… Des points positifs qui ont impacté sur le classement du Sénégal dans le Doing Business, même s’il reste encore à résoudre la lancinante question énergétique, davantage de transparence et de célérité dans les marchés publics, de même que la lutte contre la corruption… Soit quelques prémisses d’une année 2015 qui s’annonce agitée.
ArcelorMittal : le fer de toutes les controverses
Au-delà des adversités politiques, le fer de Falémé et par ricochet, l’«Affaire», communément appelée ArcelorMittal, suscite moult interrogations. Si la lumière tarde à en jaillir, au moins le gouvernement a touché 75 milliards FCFA, suite à un règlement à l’amiable, en plus des études techniques évaluées 25 milliards FCFA. Un pactole certes, mais largement inférieur à l’accord prévoyant un investissement de 2,2 milliards USD et 20 000 emplois directs et indirects. Aujourd’hui que le Sénégal a fait du secteur minier, un maillon essentiel de la chaîne PSE, l’exploitation du fer reste un gros défi. Alors, qui va le reprendre ? Difficile d’y répondre quand, en raison du ralentissement de la demande chinoise et d’une augmentation de la production mondiale, les cours du minerai ont fondu de près de moitié depuis le début d’année 2014, passant de 135 à 72 USD, la tonne. En session budgétaire, le Ministre des Finances, Amadou Bâ, a assuré que les contrats seront publiés pour que nul n’en ignore les termes.
ICS : Ultime bouée de sauvetage indonésien ?
Comme le secteur minier est au cœur du PSE, il a fallu se battre pour redresser les Industries Chimiques du Sénégal (ICS), atteintes de maladie chronique, mais pas incurable. C’est ce qu’espèrent les Indonésiens de Indorama qui se sont engagés à mettre en œuvre un plan global de redressement des ICS et assurer la réhabilitation des installations, l’exploitation et la reconstitution des fonds propres. Le montant global de l’accord d’investissement pour assurer la réhabilitation technique de l’outil industriel est de l’ordre de 225 millions USD dans un délai de 14 à 20 mois à compter de septembre 2014. Pour une 1ère tranche, Indorama a versé un chèque de 100 milliards FCFA. Pour rappel, en 2007, le groupe Indian Farmer Fertiliser Cooperative (IFFCO), qui détenait 90% du capital, n’a pas pu redresser la boite. Hélas, à cause d’une mauvaise gestion assortie d’une dette colossale de +200 milliards, le défi est resté en l’état. Peut-être sera-t-il relevé avec les Indonésiens ? Wait and see…
Autosuffisance en riz: Une noble ambition
Un objectif de 1,6 Million de tonnes de riz paddy à l’horizon 2017. Ce que le Sénégal veut produire pour atteindre son autosuffisance en riz. Le nouveau défi du Président et pour y arriver, d’importantes mesures ont été prises. Ainsi, Macky Sall a décidé la suppression de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur le riz local. Ce projet, inclus dans le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (PRACAS), attend de la riziculture pluviale, une contribution de 40% et de la riziculture irriguée (60%). Comme il y a de réels risques de pénurie sur le marché mondial, il y a nécessité à œuvrer pour atteindre l’autosuffisance. Mais que du chemin à faire, puisque le taux de couverture est inférieur à 15%, ce qui rend les importations encore inévitables. Ensuite, l’offre nationale de riz est d’environ 250 mille tonnes (MT) dont 75% proviennent de la Vallée. La mise en marché effective de cette production tourne autour de 50% de l’offre, soit 125 MT alors que la demande est estimée à près d’1 million de tonnes. Donc, un gap de près de 875 MT.
Découverte de pétrole : faut-il s’enflammer ?
L’information portant découverte de pétrole au Sénégal a suscité plein de passions et de commentaires. Mais l’ardeur s’est vite calmée. La compagnie britannique Cairn Energy a annoncé la découverte de pétrole, situé sur le bloc Sangomar profond, à 1 427 mètres de profondeur et à 100 km de nos côtes. Les 1ères estimations vont de 250 millions de barils (probabilité de 90%) à 2,5 milliards de barils (probabilité de 10%). Cairn Energy ne compte pas, pour l’instant, procéder à la phase de test du puits pétrolier mais des travaux d’évaluation supplémentaires seront conduits, à partir des données sismiques récoltées afin de « calibrer le puits » et déterminer l’étendue de la découverte. Qui est considérée comme une avancée « substantielle », en raison du potentiel du puits. Puis, elle permet de « mettre sensiblement à niveau » l’évaluation des réserves du bloc « Sangomar Profond ». Est-ce suffisant pour en espérer grand chose ? Le Sénégal peut-il devenir un pays pétrolier ? Pour le moment, il est encore trop tôt pour faire des spéculations…
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