Les troupes maliennes et leurs alliés ont repoussé les groupes armés, aujourd’hui retranchés dans la ville de Kidal. «Déguisés en rebelles» et «croupis» sous le manteau du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), «ces groupes sont les mêmes», selon le propos d’un officier de l’armée malienne qui explique que ses camarades d’armes vont bientôt monter sur Kidal et chasser les occupants qui partagent, depuis plus d’un mois, la ville avec les troupes tchadiennes et quelques éléments de la force Serval.
L’intervention de l’armée française a permis la destruction des bases logistiques des groupes armés. Ce qui a permis la reconquête des grandes villes, excepté Kidal. «Aujourd’hui, nous avons repris la majorité des villes. La grande question reste, pourquoi l’armée malienne n’est elle pas à Kidal ? Nous nous y rendrons très bientôt», a confié à REUSSIR, le Capitaine Modibo Nama Traoré, lors d’un entretien téléphonique. Selon lui, l’armée malienne procédera au désarmement de toutes les personnes sans exception. D’ailleurs, à la 4e réunion du Groupe de Soutien et de Suivi (GSS) sur la situation au Mali, tenue à Bamako, le 19 avril 2013, l’une des recommandations fortes reste le désarmement du MNLA. Le dialogue ne devant pas se faire avec ce groupe détenant toujours ses armes.
Dans le communiqué final de cette rencontre, les participants se sont accordés sur la nécessité d’assurer le rétablissement rapide de l’autorité de l’Etat. «Ils ont réitéré l’exigence, faite lors de leur réunion de Bruxelles, du désarmement du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), ainsi que de l’affirmation de son attachement inconditionnel au respect scrupuleux de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali, pour autant que ce groupe désire participer au processus politique», indique le communiqué.
Outre cette question du MNLA, les participants ont aussi souligné la nécessité de la dissolution et du désarmement de toutes les milices pour faciliter le processus de restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, ainsi que pour renforcer la confiance, la sécurité et les perspectives de réconciliation nationale.
Quelques jours après cette réunion des experts, le président par intérim Dioncounda Traoré a officiellement installé la Commission Dialogue et Réconciliation, comme pour dire qu’il prendra désormais le devant des choses à chaque fois qu’il s’agira, pour le Mali, de jouer sa part du jeu. A cette occasion, le président Traoré a réitéré que les élections auront bel et bien lieu à la date du 7 juillet, comme prévu par le Mali et ses partenaires.
Au même moment, l’Assemblée Nationale du Mali venait de voter à l’unanimité la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 6 juin 2013, à l’instar du Parlement français qui a prolongé l’Opération Serval.
L’ONU de son côté, a voté une nouvelle résolution, la deuxième sur le Mali, qui évoque quelques questions clés. Sans nommer explicitement les rebelles touareg, elle «enjoint tous les groupes armés à déposer immédiatement les armes et sans conditions. Cela avant l’entame de toutes négociations». La résolution insiste également sur la tenue d’élections transparentes et inclusives. Un autre point essentiel de la résolution, c’est sans nul doute, la transformation de la Misma en Minusma (mission onusienne de stabilisation). Qui sera déployée à partir du 1er juillet 2013, c’est à dire à une semaine de l’élection présidentielle et sur une période de 12 mois renouvelables. En tout, ce sont 11 200 militaires et 1440 policiers qui la constitueront. Elle devra engloutir la force Serval, l’armée malienne, la Misma et le contingent tchadien.
La sécurisation et la reprise des activités
Après le retranchement des groupes armés à Kidal et dans certains pays voisins, les populations riveraines s’inquiètent quant à un resurgissement de la situation. C’est donc la peur bleue pour les uns, et une question de vie et de survie pour les autres.
«Notre cercle vit dans une psychose totale à cause du mépris des bandits du MLNA pour la population civile. Du début de la crise à ce jour, ils ont perpétré une cinquantaine d’attaques contre notre localité», explique Mamadou Aldjouloy Vice-président du Conseil de cercle de Youwarou, situé à 105 km de Mopti. Selon ce notable, pour une stabilisation totale de la situation, il faudrait renforcer les positions de l’armée à travers la création d’autres garnisons. Mais, cette équation s’avère difficile à cause de l’effectif insuffisant de l’armée malienne. De nos jours, près de 4 000 hommes sont au front. Cet effectif devrait remplacer progressivement les troupes françaises et tchadiennes vers l’extrême nord tandis que les forces de la Misma prennent leurs positions initiales.
Mais dans tous les cas, la sécurisation du Grand Nord du Mali ne saurait se faire en un seul jour à cause de son immensité.
«Le banditisme était très répandu dans les régions du Nord, même avant le déclenchement de la crise. Donc, ce n’est pas en un jour qu’on pourra maitriser tous les cas d’attaques isolées», a soutenu le capitaine Modibo Nama Traoré à propos de la question de sécurité post-conflit.
A Gao, le calme est revenu et les activités reprennent progressivement. Le marché, qui avait brulé lors des ratissages, a été réhabilité à hauteur de plus de 50 millions Fcfa par l’Opération Serval. Le commerce a donc repris mais ne saurait atteindre sa vitesse de croisière car Gao était encore ravitaillée en partie, à partir de l’Algérie.
«Depuis la dernière infiltration des islamistes, il y a un mois, il n’y a plus eu de cas. Les populations commencent à revenir en grand nombre et du coup, çà relance l’économie», s’exprime, pour sa part, Kader Toure, résident à Gao.
La course à la présidentielle
La classe politique malienne a déjà entamé la précampagne qui s’est soldée, aujourd’hui, par la désignation des têtes d’affiche des partis politiques. Le parti majoritaire, ADEMA, a désigné l’ancien Directeur de la Géologie et des Mines, Dramane Dembélé comme son candidat. Un choix qui n’a pas fait l’unanimité au sein de la ruche. Et ce seront les urnes qui confirmeront ou infirmeront le soutien du plus grand parti à son candidat.
Discussion à ce sujet post