L’épidémie d’Ebola a remis en question le dispositif de prévention sanitaire au Sénégal. Selon des spécialistes, la faiblesse du budget du ministère de tutelle n’est pas de nature à faciliter les choses.
L’épidémie a semé une zizanie au Sénégal, depuis qu’un cas a été contrôlé positif, même si le patient a contracté la maladie dans sa Guinée natale. Une certaine psychose qui a sonné la grande mobilisation. D’un côté le ministère de la Santé qui réunit les éditeurs de presse, de l’autre, les Services d’hygiène qui se battent corps et âmes pour désinfecter ce qui peut l’être. Mais aujourd’hui, si la peur est le sentiment le mieux partagé, c’est que le Sénégal ne semblait préparé à vivre de telles situations. «Si des pays comme les Etats-Unis ont réussi à contrôler rapidement l’épidémie, c’est parce qu’ils ont déjà mis en place un dispositif sanitaire assez solide qui fait qu’ils ne sont jamais dépensé par les évènements », estime le major Alla Ngom, chef de la sous brigade départementale d’hygiène de Dakar. Selon ce dernier, pour disposer d’un tel dispositif, il faut doter le ministère de la Santé et de l’Action Sociale de moyens suffisants. Aujourd’hui, ce ministère aussi stratégique qu’il soit, ne dispose que d’un budget de 127 milliards 95 millions, pour l’exercice 2014, soit une hausse de 3 milliards 403 millions de francs CFA. Selon le responsable du Service d’Hygiène, le budget de la Santé devrait au moins atteindre la moitié de celui de l’Education qui représente 40% du budget national. «Un soldat qui n’est pas en bonne santé ne peut pas aller en guerre, un enfant malade ne peut pas aller à l’école, il faut revoir le budget de la Santé », peste-t-il.
Quoi qu’il en soit, la demande est forte et les défis nombreux. Dans une interview accordée à nos confrères du Quotidien, Mme Awa Marie Coll Seck, parmi les soucis, il y a la dette des hôpitaux qui peine à être payée. «Depuis quelques années, l’Etat a commencé à mettre de l’argent pour la dette, mais on se rend compte que le problème reste entier. Parce que les hôpitaux n’ont pas d’équilibre au plan financier, ils sont obligés de faire payer les gens, et cela devient un cercle vicieux. Donc, moi je pense que l’une des solutions, c’est vraiment d’éponger cette dette et de mettre une rigueur dans les structures. Parce que, tant qu’il y a cette frustration liée à la dette, il sera difficile de régler le problème. Par contre, si on équilibre les choses, on arrivera à gérer un hôpital», avait-elle dit.
A cela s’ajoute la gratuité de l’hémodialyse. Pour la mise en œuvre de cet important, le ministère de la Santé a été obligé de faire des réaménagements budgétaires pour mettre de côté une somme précise. «Mais il faut qu’on puisse prévoir pour les autres budgets aussi, de l’argent pour les dialyses. On a appris de ce qui s’est passé antérieurement, que la plupart du temps, il y avait des problèmes de non-approvisionnement des caisses, que ce soit des hôpitaux ou ailleurs, pour prendre en charge les gratuités. Ça, c’est tellement clair que nous n’allons pas augmenter une gratuité sans mettre les moyens », précise-t-elle.
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