La nomination des responsables de ces entités répond rarement à des critères objectifs de compétence. Les organes délibérants, qui devaient jouer un rôle pivot, sont souvent confinés dans une fonction consultative. Et les textes qui régissent ces structures n’envisagent nulle part la possibilité de révoquer un directeur qui n’aurait pas atteint les objectifs assignés.
Ces constats sont relevés dans «Les agences publiques d’exécution face au défi de la performance : cas du Sénégal», le livre que Lansana Gagny Sakho vient de publier chez L’Harmattant et dont Réussir reprend ici des extraits.
Plus largement, le Président du Conseil d’administration (PCA) de l’Agence nationale de promotion des investissements et des grands travaux (APIX), fort de ses près de vingt années dans le secteur privé et huit dans le public, «traite de la problématique de l’émergence et de la mise en œuvre des concepts du New public management (NPM)».
Au bout du compte, l’auteur de cet ouvrage préfacé par Dr Abdou Karim Guèye, Inspecteur général d’État (IGE) à la retraite, «dégage des recommandations qui pourraient servir de leviers pour améliorer le pilotage des entités du secteur parapublic au Sénégal».
[EXTRAITS] LES AGENCES PUBLIQUES D’EXÉCUTION FACE AU DÉFI DE LA PERFORMANCE : CAS DU SÉNÉGAL
«[…] L’augmentation des exigences des citoyens, l’accroissement des contraintes budgétaires, l’exacerbation de la compétition
internationale ont poussé les administrations publiques à entamer d’importantes réformes. Ce processus de réforme administrative trace comme objectifs primordiaux : le renforcement de la performance de la gestion publique afin d’assurer un service public de qualité rendu au citoyen-usager, une reddition des comptes permettant de définir l’imputabilité des dirigeants publics tout en leur offrant une plus grande marge de manœuvre, la transparence afin d’accroitre la confiance du citoyen dans le service public, etc.
«Cette quête de la performance a pour objectif d’accompagner une modernisation de l’administration publique. Ce nouveau concept communément appelé New Management Public (NMP) constitue le paradigme le plus dominant en matière de transformation de la conception de la performance au niveau de l’administration publique. Il est constitué par un ensemble de concepts qui puisent leurs fondements dans de nombreux courants de pensée: courant néoclassique, Théorie des organisations, Théorie de l’agence, Théorie des droits de propriété.
«La notion de performance est directement empruntée au secteur privé et vise à évaluer le résultat ou le produit d’un système ou d’une machine; quand on parle de mesurer la performance, on entend généralement mesurer ce qui a été produit à l’aide d’indicateurs. Ainsi, dans le secteur privé, les normes ISO 9000′ permettent, depuis le début des années 1980, d’attribuer une crédibilité déterminée à certains produits et ainsi d’assurer la ‘qualité de la performance’ des produits ou des services analysés.
«Dans le cadre de l’administration publique, le but principal est d’arriver à une meilleure utilisation des ressources du secteur public, cette démarche est souvent associée à des objectifs opérationnels. Néanmoins, donner une définition à ce concept reste délicat du fait de ses diverses dimensions. Il existe différentes définitions de la performance, ainsi que ses principaux modèles de mesure. Pour les chercheurs en sciences de Bestion, le concept de performance est un vieux ’serpent de mer’
(Bartoli 1997), il n’est pas facile à définir et à mesurer.
«La performance est un concept fréquemment utilisé, cependant, la définition demeure difficile du fait de ses multiples dimensions. Pendant longtemps, ce concept a été limité à une dimension simple centrée sur la seule dimension financière (Bourguignon, 1998). Elle est souvent interprétée à travers les concepts d’efficacité et d’efficience de l’organisation. Bourguignon (1998), définit la performance en gestion en trois niveaux : la performance résultat, la performance action et la performance succès.
«Gilberd (1980), présente la performance à travers un triangle dont le segment entre objectifs et résultats représente l’efficacité, le segment entre résultat et moyens définit l’efficience, le segment entre moyens et objectifs représente la pertinence. La conception de la performance traditionnelle s’est développée et ne se réduit pas à la dimension financière, mais revêt un caractère multidimensionnel qui prend en compte toutes les dimensions de la performance de l’organisation. Cependant, le concept de performance véhicule des sens différents entre action, résultat, succès, la performance est interprétée selon le contexte spécifique dans lequel elle est utilisée. Afin de clarifier les interprétations concernant ce concept, les auteurs ont exposé ses évolutions majeures. C’est ainsi que Lorino (1999), a défini la performance d’une organisation comme ‘le jugement porté par « la société » (clients, usagers) sur le rapport entre valeur produite (besoins satisfaits) et coûts encourus (ressources consommées)’.
«Pour certains, la performance a longtemps été un moyen de contrôle. C’est ainsi que Anthony (1965), souligne que la performance est «un processus par lequel les managers obtiennent l’assurance que les ressources sont obtenues et utilisées de manière efficace l’organisation».
efficiente pour la réalisation des objectifs. En résumé, la performance se définit comme : ‘La capacité à atteindre des objectifs préalablement fixés, exprimés en termes d’efficacité socioéconomique, de qualité de service ou d’efficience de la gestion’.
«La démarche de performance est donc un dispositif de pilotage des administrations ayant pour objectif d’améliorer l’efficacité de la dépense publique en orientant la gestion vers l’atteinte des résultats dans le cadre de moyens prédéterminés. Autrement dit, elle repose sur l’évaluation. Le but est donc de passer d’une logique ‘de moyens’ à une logique ‘de résultats’. Les autorités publiques ont toujours voulu obtenir des résultats et servir efficacement les usagers. Tous les pays du monde sont de plus en plus confrontés à des contraintes budgétaires. En conséquence, pour en faire plus, la contrainte de gérer de façon efficiente les ressources devient une obligation.
«C’est pour cette raison que la gestion publique est entrée dans une approche économique à deux dimensions : la première, traditionnelle, de l’évaluation des politiques, consistant à s’assurer que les services fournis ou les réglementations procurent des bénéfices en rapport avec leur coût; la seconde portant sur le choix des modalités de l’intervention publique et, si c’est une offre publique qui est retenue, sur les conditions d’organisation et d’efficacité dans lesquelles celle-ci est fournie. […]»
Discussion à ce sujet post