Claver Gatete a aussi déclaré que la dette publique totale de l’Afrique atteindra 1,86 trillion de dollars en 2024, avec des ratios moyens dette/PIB passant de 44,4 % en 2015 à 66,7 % aujourd’hui.
‘’Lorsque les remboursements de la dette l’emportent sur les investissements dans la santé et l’éducation, nous devons nous interroger sur la durabilité et le coût humain de notre trajectoire budgétaire’’, a-t-il dit.
Face à la réalité où le remboursement de la dette prime sur la protection des vies et le développement du capital humain, le secrétaire exécutif de la CEA estime qu’il est inacceptable qu’aujourd’hui, seuls deux pays africains soient notés « investment grade ».
Rappelant que l’Afrique détient 30 % des minerais essentiels au monde, 60 % des terres arables et la population la plus jeune de la planète, Gatete est d’avis qu’il faut fournir aux pays les capacités nécessaires pour améliorer leur notation, dans une totale transparence.
Il a, toutefois, souligné que les bouées de sauvetage financières internationales sur lesquelles l’Afrique comptait autrefois, y compris l’aide publique au développement, se sont estompées. Aujourd’hui, a-t-il rappelé, 83 % des programmes de l’USAID ont été annulés et les partenaires traditionnels resserrent leurs budgets.
Entre-temps, a poursuivi M Gatete, le coût du capital a grimpé en flèche et le cadre commun du G20 ‘’reste malheureusement lent, opaque et influencé par les créanciers’’.
Pour toutes ces raisons, il a invité les dirigeants du continent à ‘’tracer une nouvelle voie audacieuse et fondée sur des principes’’. À cet égard, il a souligné cinq impératifs essentiels pour remodeler le paysage de la dette africaine et restaurer la souveraineté fiscale,
Le secrétaire exécutif de la CEA appelle ainsi à considérer la dette comme un outil de développement et non de destruction, a accroître la transparence et renforcer la gestion de la dette, réformer d’urgence l’architecture financière mondiale, grâce, notamment à la mise en place de l’Agence africaine de notation
Il plaide aussi pour une intensification des financements innovants et écologiques, estimant que l’Afrique doit montrer la voie en déployant des instruments tels que les obligations vertes, les obligations bleues et la dette liée à la durabilité pour débloquer les capitaux liés au climat. En outre, a-t-il poursuivi, les échanges dette-climat et dette-nature permettent d’alléger la pression fiscale tout en investissant dans notre planète.
Claver Gatete prône également un renforcement de la mobilisation des ressources nationales, soulignant que cela implique d’élargir et de numériser la base fiscale du continent, de combler les fuites, de tirer parti de la technologie et de lutter contre les flux financiers illicites qui coûtent à l’Afrique plus de 88 milliards de dollars par an.
Selon lui, en créant un marché africain unique de 1,5 milliard de personnes, l’Afrique peut stimuler les chaînes de valeur régionales, l’industrialisation, la création d’emplois et la mobilisation des recettes.
Le secrétaire exécutif de la CEA s’est toutefois montre optimiste, relevant l’Afrique n’est pas sans solutions, en dépit de l’ampleur des défis auxquels le continent est confronté.
Il a fait part de la disponibilité de la CEA a travailler avec les dirigeants du continent ‘’pour concevoir des cadres de dette durables, renégocier des passifs lourds et fournir des outils et des solutions enracinés dans le contexte africain pour changer notre histoire’’.
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