‘’SME lives matter’’ qui signifie littéralement « Les vies des petites entreprises comptent », est le cri du cœur de Babacar Diagne, Président du conseil des entreprises du Sénégal (CDES) par ces temps de crise sanitaire. Comme partout à travers le pays, les membres de cette organisation patronale regroupant des TPE, PME, TPI et PMI légalement constituées au Sénégal, ont eux aussi lourdement ressenti les effets de la pandémie du Coronavirus. « Vous savez bien que la majorité des membres du CDES est constituée de Très Petites Entreprises (TPE). Ce segment du secteur privé, qui est le parent pauvre du patronat, se singularise par sa précarité face au choc de l’offre et de la demande qui sont les conséquences directes de cette crise sanitaire Covid-19 », déclare Babacar Diagne. « Oui une fois de plus, nous le ressentons de plein fouet comme tous autres segments du secteur privé », réitère-t-il. Ce qui est une lapalissade, puisque le CDES est composé de PME qui font de l’import-export avec le reste du monde, notamment avec la Chine. Sur les marchés aussi, le CDES est présent avec des membres du secteur informel et les mesures de restriction de mobilité et celles des gestes barrières qui ont fini de chambouler complétement leur fonctionnement. Autant d’impacts que cette pandémie a eu sur les relations clientèles, les investisseurs et la production. Avec des exemples pratiques de membres impactés et des conséquences que cela a eues sur leurs activités, Babacar Diagne signale à cet effet que des entreprises du BTP se sont trouvées au chômage technique à cause du défaut de paiements des clients, la rareté des ouvriers et des matériaux de construction. C’est le cas aussi dit-il des entreprises de l’évènementiel, des entreprises de transports interurbains à cause des interdictions de voyager, de la fermeture de l’Aéroport international Balaise Diagne (AIBD) de même que des entreprises de transit et services portuaires etc.
Manque de soutien
Pour ce qui est du soutien de l’Etat du Sénégal durant cette période avec une enveloppe générale de 1000 milliards FCFA, mise sur la table à l’endroit du secteur économique, le jeune président du Cdes estime que ces effets ne sont pas encore perçus. « Pas encore ! Pour la seule et simple raison que les conditions de l’accord-cadre avec les banques sont contraignantes pour les TPE. Même si nous saluons les efforts de Amadou Hott pour une utilisation massive de cette manne financière. Mais nous déplorons l’absence totale du Ministère des PME qui est resté aphone face aux problèmes des milliers de PME. Aussi nous jugeons dérisoire le montant des 5 milliards dédiés aux TPE par le biais du FONGIP », confie-t-il à ce sujet avant d’exprimer son souhait d’intégrer le comité Force-Covid-19 : « Nous souhaiterions intégrer le comité de suivi et de veille du Force-Covid-19 afin de porter la voix des sans-voix. »
D’ailleurs, il analyse que cette crise a démontré parmi ses leçons à retenir que le Sénégal ne détenait pas une souveraineté nationale sur certains domaines, contrairement à ce qui se disait. Ce qui dénote une fragilité manifeste face aux chocs exogènes. Et pour y parvenir réellement dans des secteurs comme l’agriculture, la santé et le digital, Diagne estime qu’il faut un changement de paradigme. « Un changement de paradigme économique, oui un Etat providence libéral est une obligation pour un redéploiement industriel, un hub de la santé et le tourisme médical, mais surtout la digitalisation de notre économie qui seront soutenu par un important fonds d’accompagnement et de financement. »
Pour un écosystème réactif
Toutefois, il salue la réactivité de l’écosystème des entreprises nationales durant la crise et son adaptabilité à fournir certains produits devenus de première nécessité. « Nous saluons l’adaptabilité des entreprises de l’écosystème qui ont su gagner des parts de marchés dans la production de masques et de gels hydroalcoliques et autres accessoires », affirme-t-il. Pour lui, toute crise étant par ailleurs une ère nouvelle d’opportunités, il renseigne avoir observé cette créativité entrepreneuriale au Sénégal. « Oui c’est vrai, une crise c’est comme une révolution, cela doit forcément être un Wake up call. Ce qui nécessite la mise en place d’un plan de relance économique inclusif et innovant. Comment ? Ceci permettra au CDES de se démarquer du patronat classique institutionnel vers un patronat économique. En quoi faisant ? En mettant en place une société de capitaux, à savoir CDES INVESTMENT GROUP avec 3 filiales (un Cabinet d’assistance comptable pour la formalisation des TPE, une centrale d’achat et une société d’affacturage financière », informe-t-il.
A son avis, pour relancer la machine économique du Sénégal après cette pandémie qui a mis au sol les efforts des dernières années, quatre piliers s’imposent. Il s’agit, selon lui, d’une plateforme formelle du secteur privé national pour un patronat fort et dynamique ; d’un observatoire des TPME avec trois composantes : Une composante Collecte d’information et enregistrement des TPME, une composante Formalisation, mise à niveau et accompagnement, et une composante Financement. Aussi préconise-t-il un guichet unique des TPME (mutualiser la DER, ADEPME, ANPEJ, BMN, FONGIP) ainsi qu’une promotion des champions dans chaque cluster de l’activité économique.
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