Comment vivez-vous la situation actuelle marquée par la pandémie du COVID-19 ?
En tant que personne physique, mais aussi en ma qualité d’entrepreneur, nous avons été surpris par la tournure des événements et la vitesse de progression de la pandémie. Face à cette situation, nous nous sommes conformés aux recommandations des autorités publiques et du personnel médical d’abord au plan individuel, en limitant nos mouvements au strict minimum, à l’échelle de l’entreprise, en mettant en place un plan de riposte tel qu’édicté par le Ministère du Travail, notamment le contrôle systématique de température à l’entrée de l’usine, l’augmentation des points de lavage sur le lieu de travail et les mesures de distanciation sociale. A ce niveau, nous avions eu quelques difficultés au niveau de certains postes de travail à l’usine qui ne permettaient pas de respecter la distance minimale. Nous nous sommes adaptés tant bien que mal.
La pandémie du COVID-19 a-t-elle impacté votre société et la filière Tomate où vous évoluez entre autres ?
Comme tous les secteurs d’activité, nous avons senti la pandémie. Même si, dans l’immédiat, nous sommes moins impactés que les entreprises évoluant dans les secteurs du tourisme et des transports aériens.
Au niveau de l’approvisionnement en intrants, la pandémie nous a trouvés en pleine campagne de collecte de tomates fraiches provenant de la Vallée du Fleuve Sénégal. Pour l’instant, la filière tomate n’a pas été fortement impactée par la pandémie en raison de l’intégration réussie de la chaine de valeurs, tout au moins en ce qui concerne la tomate locale. Mais force est de constater que nous serons vite rattrapés par l’insuffisance de la production locale de tomates fraiches pour satisfaire les besoins des trois industries présentes dans la filière.
Cette pandémie a révélé, si besoin en était, que le salut de notre économie se situe dans le développement des chaines de valeurs agricoles basées sur la transformation de nos produits locaux. Ce qui nous protège des chocs exogènes et nous assure une meilleure résilience face aux contraintes endogènes.
Par contre au niveau commercial, nous ressentons fortement l’impact de la pandémie avec les mesures de restrictions sur les déplacements interurbains et la fermeture précoce des marchés qui limitent nos capacités de distribution. L’impact sur nos ventes est direct avec une baisse de 50% sur notre chiffre d’affaires dès la première quinzaine du couvre-feu. De même, le recouvrement et la prospection commerciale sont au ralenti, ce qui impacte fortement sur notre trésorerie et le respect de nos engagements vis-à-vis de nos partenaires financiers et de nos fournisseurs.
A cela, s’ajoute l’augmentation de nos charges non budgétisées, l’impact de la réduction des heures de travail à cause du couvre-feu qui auront forcément des répercussions sur notre résultat d’exploitation.
N’y a-t-il pas eu une incidence sur les stocks ou sur l’approvisionnement normal en intrants de votre société et sur la production ?
Même si, au moment où je vous parle, il n’y a pas encore d’incidence sur nos stocks en intrants et en produits finis, nous n’avons aujourd’hui aucune visibilité sur les mois à venir. La campagne de collecte de tomates fraîches n’a pas révélé toutes ses facettes, mais force est de constater qu’elle sera moins bonne que les années précédentes, ce qui va augmenter les besoins en importation de triple concentré de tomates pour les trois industries locales.
Avec cette pandémie, nous n’avons aucune maîtrise sur les cours internationaux qui risquent de flamber de même que le coût du fret maritime. Ceci va affecter fortement la compétitivité de nos entreprises qui est déjà affectée par le coût exorbitant de l’énergie et la lourde fiscalité.
La plus grande incertitude demeure le manque de planification, car comme vous le savez, gérer c’est prévoir. En l’absence de certitude sur le délai de dénouement de la crise sanitaire, nous ne pouvons poser aucun acte de gestion basé sur une planification claire, avec tout ce que cela comporte comme risque de rupture de stocks d’intrants et ses conséquences à terme sur notre exploitation.
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