Moments de liesse où on chante, on danse, dans un pays comme le nôtre où on aime tant le folklore. Pas seulement : on parlera également, de choses sérieuses voire tragiques qui ont pour nom «violences physiques et psychologiques», «mutilations génitales», «précarité», «inégalités professionnelles et familiales» et ce n’est que le début d’une longue litanie. Des heures de conférences, de symposiums, de causeries qui mobiliseront de brillantes intellectuelles (et heureusement quelques intellectuels) mais qui peineront à atteindre les véritables cibles, rurales, désinformées, sous emprise, coupées du monde. Premier constat d’échec. Pourtant l’initiative est louable. Il faudrait juste sortir de la stigmatisation, d’abord en «désinstitutionalisant» ce fameux 8 mars. Oui, j’assume !
Désinstitutionalisation
Il s’agit bien de cela : sortir de l’étau, des stigmates, de là où la société phallocratique nous confine «jigeen dey…, jigeen dou…»*. Comme si on n’était pas assez grandes et responsables pour exprimer nos besoins, nos aspirations et co définir le projet que nous avons pour notre société !
Certes, du point de vue juridique et institutionnel, les choses se mettent en place… un peu au forceps. La volonté politique également est là. Avec des raisons plus ou moins désintéressées mais qu’importe. Mais on aimerait tant «faire sortir les mesures du papier» et les voir prendre forme dans la vraie vie ! Pour ne plus entendre comme un compliment : «Derrière tout grand homme il y a une (grande) femme». Pourquoi derrière ? Pourquoi pas aux côtés pour une entraide mutuelle ? Je rêve de voir le premier rang occupé… que par des personnes compétentes, qui se battent sans entrave, ni psychologique, ni morale, ni socioculturelle.
Egalité des chances
Au concept de parité, je préfère celui d’égalité des chances. A chances égales, la fille sera plus méthodique, plus attentive, plus acharnée même à l’école, pour peu qu’on lui donne la chance d’y entrer et surtout d’y rester. Elle n’en apprendra pas moins pour autant à être, à tenir son intérieur, à veiller sur sa famille et à en être la main douce et ferme. A chances égales, la jeune diplômée convaincra les recruteurs par son discours posé mais déterminé, mais aussi son cursus, qu’il soit académique ou de «l’école de la vie». A chances égales, elle se battra deux fois plus que ses collègues mâles pour rendre le fameux plafond de verre une obsolescence du 20ème siècle. Même sans ces chances, elle saura s’en sortir, pour renforcer le ménage en toute sutura**, moins pour les beaux yeux de son borom kër*** (qui a parfois les yeux qui trainent partout) que pour le bien-être et l’avenir de ses enfants.
Car l’égalité des droits n’a de sens que si elle se traduit en faits. Et ceci, personne ne nous l’apportera sur un plateau d’argent. Sur le long chemin de l’autodétermination, il faudra passer par les cases sacrifice, travail acharné, réprobation familiale ou sociale, découragement, mais continuer le chemin vaille que vaille.
A-SSER-TI-VI-TE
Contrairement à un sentiment largement répandu, le féminisme n’est pas un dogme ni une coquetterie de femmes lettrées, oublieuses des traditions, mais un mouvement d’idées et de pratiques qui porte un idéal de progrès pour la société toute entière et ses membres les plus vulnérables. Aussi, pour nous, mesdames, l’heure est à l’assertivité ou au pire, à s’en donner les moyens, le revendiquer avec calme et assurance jusqu’au jour où il sera naturel de dire Madame le Président, Madame le Directeur Général et se l’entendre dire sans complexe.
Je ne suis ni frondeuse, ni écorchée vive. Je suis juste une personne qui refuse de souscrire aux règles qui ne la convainquent pas. Qu’elles soient phallocratiques ou juste iniques. Un grand pas sera fait quand on commencera à se considérer mutuellement non plus comme hommes ou femmes mais comme personnes, morphologiquement différentes mais en toutes parts égales en droits et en devoirs.
Pour finir, messieurs et pour paraphraser mon amie Anta Germaine, «nous ne sommes pas contre vous, mais…tout contre vous». De quoi nous réconcilier et que tous les jours deviennent des St Valentins dans le meilleur des mondes !
Notes : *«La femme doit… la femme ne doit pas…» | **Discrétion | ***Mari
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