Malheureusement cette importante progression des femmes en milieu scolaire n’est pas proportionnellement ressentie en milieu professionnel où les femmes sont toujours confrontées à beaucoup d’obstacles. Notamment ce fameux plafond de verre, invisible et pourtant réel qui les bloquent très souvent. Mais la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si ce plafond de verre tant redouté va encore résister à la très forte pression de cette élite féminine qui ne cesse de réfléchir sur comment le repousser sans pour autant le casser.
Certes, la marche est encore longue et pénible compte tenu des pesanteurs socio-culturelles. Mais, de plus en plus, les femmes sont toujours présentes, déterminées à en finir avec cette injustice qu’elles ont longtemps subie. En effet, Malgré les mécanismes sociétaux et organisationnels qui entretiennent le plafond de verre, certaines femmes sont parvenues à le dépasser pour sortir la tête de l’eau. C’est le cas de Mme Merry Beye Diouf.
Pour cette présentatrice télé, écrivaine, actrice et Business women il y’a beaucoup d’entraves qui empêchent les femmes d’assurer ce leadership légitime en milieu professionnel. Malgré cela, Merry Berry Diouf n’entend pas se laisser faire et va continuer à se battre. « Le fait est que, quoi qu’on puisse dire, les hommes n’aiment pas se faire diriger par une femme. Ça c’est un constat qui est malheureusement là. Donc, effectivement le plafond de verre est là, et c’est dommage, mais ça existe bien sûr » a fait savoir Merry Beye Diouf. Et l’écrivaine en veut pour preuve pour étayer son propos les conflits très fréquents entre les hommes et les femmes nommées à des postes de direction. C’est-à-dire, leur chef hiérarchique au plan professionnel.
Socialisation
Il y’a souvent ces conflits entre femmes et hommes parce que justement il y’a d’abord une certaine culture qui laisse supposer que l’homme soit dominant par rapport à la femme. Des stéréotypes qui sont parfois intériorisés par les femmes elles – même au cours de leur socialisation. Ce qui expliquerait une orientation scolaire différenciée, une moindre confiance en elles et une certaine autocensure. « Au Sénégal on n’est pas encore prêt d’avoir une femme présidente parce que la société n’est pas encore prête pour ça. Mais il y’a également les liens du mariage qui souvent empêchent la plupart des femmes d’évoluer comme il se devrait parce que partagée entre la famille, le mari et les enfants, elles finissent par perdre confiance en elles » a -t-elle soutenu.
Par ailleurs, bien que n’étant pas encore été victime de ce traitement, Merry Beye Diouf reste pour autant prudente et se prépare à faire face à toutes les éventualités. « J’enregistre tous ces paramètres dans ma tête et j’espère pouvoir faire partie des chanceuses qui n’auront pas à faire face à ce plafond de verre durant leur carrière professionnelle ou sur leur trajectoire » a-t-elle souhaité.
Une opinion partagée par Mme Oumy Regina Sambou, journaliste culturelle et blogueuse, elle qui s’est lancée dans l’entrepreneuriat en créant son propre organe de presse pour aider les jeunes qui sont dans la communication.
Pour la propriétaire d’Afri-culture, le plafond de verre existe bel et bien dans le milieu professionnel, mais elle a décidé d’en faire un combat personnel dans un milieu aussi hostile. « Pour mon cas, dès que je suis entrée dans la profession, j’ai été confrontée à une certaine considération liée aux questions de genre et moi je me suis battu pour faire face »
En effet, elle note que le journalisme est en avance sur beaucoup d’autres corps de métier, compte tenu de son caractère libéral. Pour autant, assure-t-elle, le journalisme n’échappe pas à cette tenace pesanteur qu’est le plafond de verre. Même si, consent-elle, il ne doit pas y avoir de discrimination sur le plan professionnel liée au genre mais de la même manière il ne faut pas faire de faveurs aux femmes qui doivent être mises sur le même pied d’égalité que les hommes. « Je me suis battu pendant des années pour aller couvrir des manifestations politiques où il y’avait des jets de pierres, des gaz lacrymogènes et j’étais la seule femme dans ma rédaction à me battre pour ça parce que j’étais la seule à dire que quand on est journaliste on doit être en mesure d’aller sur le terrain » confie Oumy Regina Sambou.
Plus de responsabilités
La célébration de la journée mondiale des droits de la femme devra aussi contribuer à bâtir un monde sans discrimination aucune. Mieux, estime Mme Nogaye Ndiaye, fondatrice de FANTAISIKA Académie, une école de formation dans les métiers de la beauté et du look, le 8 Mars devrait surtout établir des relations sociales plus fortes pour l’épanouissement des femmes et les inciter à plus de responsabilités.
C’est pourquoi, pour la fondatrice du premier réseau d’onglérie au Sénégal les femmes doivent davantage s’engager pour prendre ce qui leur appartient. « Les patrons d’entreprise préfèrent donner certains postes à des hommes parce que tout simplement ils sont plus libres parce qu’ils ne sentent pas cette pesanteur sociale comme le subit les femmes. C’est ce qui fait que certaines d’entre elles avec qui je parle souvent me font savoir qu’elles ont peur d’assumer un certain niveau de responsabilités à cause des charges familiales qui pèsent sur elles. Ça c’est une grosse pesanteur socio culturelle qui empêche certaines femmes, même si elles ont la capacité d’occuper certains postes de responsabilités » a déclaré Nogaye Ndiaye.
Pour autant, la fondatrice de FANTAISIKA Académie reste positive et optimiste. Il n’y’a guère, se rappelle-t-elle, l’on ne comptait pas de femmes à certains postes de responsabilités, comme par exemple dans le corps des Forces de défense et de sécurité. Et aujourd’hui ce qui se dit, c’est qu’il y’a peu de femme dans tel ou tel domaine. Ce qui laisse naitre cette lueur d’espoir et que la situation est en passe de changer avec le temps’’.
En dépit de l’absence d’études officielles, le constat est sans équivoque. Au Sénégal, les femmes se font rares au fur et à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie et qu’elles demeurent minoritaires dans les postes à hautes responsabilités. Concours de circonstances ? Une problématique à élucider, pour de nombreuses femmes. Ce qui n’empêche pas que très souvent, les hommes sont pointés du doigt face à cette situation.
La CEO et fondatrice de la plateforme les gourmets va plus loin et fustige cette étiquette de leadership féminin qu’on leur colle. Selon Ramatoulaye Diallo c’est cela le premier combat à mener pour corriger cette hérésie sociale. « C’est une stigmatisation pour les femmes. Pour moi en fait le premier combat que l’on devait mener c’est qu’on nous place sur le même pied d’égalité que les hommes » a fait savoir la CEO de cette plateforme de produits frais en ligne.
Pour ainsi dire point de stigmatisation envers les femmes mais également qu’on arrête de leur coller à la peau des étiquettes comme femme et entrepreneuriat, femmes et développement. Ramatoulaye Diallo estime que cette stigmatisation limite beaucoup les femmes dans leur progression.
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