Une étude de l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (AIIDA) montre qu’au moins 67% des femmes sénégalaises s’adonnent à cette pratique. Les enquêtes ont été menées par les chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Sud) et qui ont fait l’objet d’une thèse de doctorat d’état en Médecine, selon la présidente de l’AIIDA, la dermatologue Fatimata Ly.
Toutefois, le chef de la division de la lutte contre les maladies non transmissibles au ministère de la Santé et de l’Action sociale, Dr Babacar Gueye réfute les chiffres avancés par l’AIIDA. ‘’il n’y a pas à ma connaissance d’étude sur la dépigmentation qui recouvre tout le Sénégal’’ dixit Dr. Gueye, cité par les médias locaux.
Le Sénégal est peuplé par plus de femmes que d’hommes selon une récente enquête de l’Agence nationale pour la statistique et de la démographie (ANDS). Sur une population estimée à 16 209 125 habitants en 2019, la gent féminine se chiffre à 8 140 343 personnes.
Appelée ‘’Khessal’’ en langue nationale wolof, l’une des plus parlées au Sénégal, cette pratique prend de l’ampleur au sein de la gent féminine et suscite de sérieuses inquiétudes en raison des conséquences sanitaires et des coûts économiques qui en découlent. En effet, les produits cosmétiques utilisés coûtent très chers.
Désireuses de se faire belles et d’être à la mode, les femmes qui s’adonnent à la dépigmentation cosmétique sont loin de connaitre les risques qu’elles encourent. Les produits utilisés pour éclaircir la peau (savon, crèmes ou lait) sont en vente libre dans les marchés du Sénégal. Les produits utilisés sont potentiellement toxiques. Les adeptes de la dépigmentation artificielle ont tendance à mélanger divers produits cosmétiques pour avoir la peau claire. Toutefois, l’ignorance des dangers qui découlent de ces mélanges de produits entrainent souvent des conséquences sanitaires désastreuses.
Complications obstétricales
Entres autres complications dermatologiques notées, les spécialistes citent l’acné, l’eczéma ou l’hypertension artérielle résultant du sucre introduit dans le sang par le corticoïde présent dans les crèmes et inoculé lors du contact régulier avec la peau. L’on souligne aussi des complications obstétricales ou des fausses couches. En dehors des complications, les conséquences sont diverses. Selon les spécialistes de la santé, la destruction de la mélanine, protection naturelle de la peau contre les rayons X du soleil, peut être fatale aux adeptes de la dépigmentation cosmétique.
« Il faut maîtriser les constituants chimiques, connaître les dangers liés aux mélanges et les combinaisons parasites », alerte Dr Mariane Ouattara Peters, chimiste spécialisée en cosmétique, citée par les médias locaux. « La majeure partie de ces personnes font des combinaisons à l’aveuglette, sans hygiène, sans protection, sans analyse des risques et impacts sur la peau des personnes », déplore –t-elle, dans des propos rapportés par la presse locale. Pour Dr Peters, il faut au moins connaître les molécules qui composent un produit et leurs réactivités. L’État devrait prendre des mesures sévères pour interdire le commerce non contrôlé des produits cosmétiques, assure-t-elle
Une préoccupation largement partagée par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) qui n’est pas resté insensible aux chiffres avancés par l’AIIDA pour montrer les dégâts causés par la dépigmentation cosmétique chez les Sénégalaises. Le régulateur de l’audiovisuel demande à cet effet un respect strict de la loi interdisant la publicité des produits de dépigmentation dans les médias sénégalais.
Constatant que cette loi est constamment violée au Sénégal, le Cnra exige « l’arrêt de la diffusion de tous les messages publicitaires relatifs aux produits de dépigmentation ».
Le combat contre la dépigmentation cosmétique au Sénégal a aussi suscité de larges campagnes de sensibilisation, sans toutefois réussir à faire interdire les produits éclaircissants.
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