Grâce au projet « Show » « Strenthening Health of Outcomes for Women and Children » (en anglais, Show), initié par l’ONG Plan International, on dénombre déjà au Sénégal 14 « écoles des maris », répartis dans sept (7) des quatorze (14) régions du pays. Dans ces « écoles des maris », logées dans les postes de santé des districts sanitaires, des hommes adhérent volontairement à ce projet.
« L’école des maris » de Pikine comme celle de Djeddah Thiaroye Kao dans la banlieue dakaroise compte quinze membres et un coach. Dans cette « école des maris » les hommes discutent de la Santé Maternelle, Néonatale et Infantile/santé sexuelle et Reproductive.
Après une formation en santé maternelle et infantile, les membres des « écoles des maris » effectuent des visites auprès des familles pour sensibiliser leurs pairs sur la Smne. « Nos discussions portent généralement sur les problèmes de santé, les violences basées sur le genre les pratiques culturelles néfastes » explique El hadji Sarr coach « école des maris » de Pikine.
En effet, les préjugés culturels sont encore tenaces dans le pays obligeant bon nombre de femmes à continuer de subir en silence leur calvaire. La perpétuation de certaines traditions néfastes telles que les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les grossesses non désirées, continuent d’affecter bon nombre de femmes.
A ces maux, s’y ajoute, très souvent, un manque criard de ressource es financières, un fait qui accentue leur dépendance financière vis-à-vis de leurs époux. Le manque de pouvoir décisionnel des femmes et des adolescentes constitue également des barrières majeures pour leur accès aux services de santé.
Par ailleurs, relève-t-on, il est fréquent d’entendre bon nombre de femmes qui fréquentent les structures de santé, se plaindre des comportements irrespectueux de la part d’une catégorie du personnel de santé à leur égard et aussi les récurrentes pénuries de médicaments essentiels. Autant de faits qui limitent une utilisation efficiente des services de santé.
Pesanteurs socio -culturelles
Si au Sénégal des avancées ont été notées dans la réduction de la mortalité maternelle et infanto-juvénile les préjugés et les pesanteurs socio culturelles sont encore tenaces et influent négativement sur la santé des filles, plus particulièrement les adolescentes.
Se référant à une étude réalisée dans le pays par l’ONG Plan International, dans le cadre du projet « Show », dont les résultats viennent d’être publiés, 12% des jeunes filles parmi celles qui sont âgées de 15 ans, sont déjà dans les liens du mariage, alors que dans la tranche d’âge des 18 ans, elles sont 33 %, soit une fille sur trois, à convoler en justes noces. Une fois mariées, ces filles subissent de fortes pressions de la part de leur belle mère pour enfanter.
Au niveau national, 21% des filles donnent naissance avant l’âge de 18 ans. Une moyenne nationale largement dépassée dans certaines localités de l’intérieur du pays où elles représentent respectivement 36% 45 % et 59 % des filles qui accouchent avant l’âge de 18 ans. Une situation qui n’est pas sans conséquence sur la santé des adolescentes.
En effet, le taux de mortalité maternelle reste élevé au Sénégal et les mères adolescentes en paient le lourd tribut. Selon l’enquête démographique de santé (EDS -2017) réalisée par l’Agence nationale de démographie et de statistiques (ANDS), la mortalité maternelle reste élevée en dépit des efforts des pouvoirs publics. Le ratio est de 315 décès pour 100 mille naissances et il est beaucoup plus élevé chez les mères adolescentes, avec 629 décès pour 100 mille naissances.
Le taux de mortalité maternelle (MMRatio) est le nombre annuel de décès de femmes pour 100 000 naissances vivantes pour toute cause liée ou aggravée par la grossesse ou sa prise en charge (à l’exclusion des causes accidentelles ou accidentelles). Le MMRatio comprend les décès pendant la grossesse, l’accouchement ou dans les 42 jours suivant l’interruption de la grossesse, quelle que soit la durée et le lieu de la grossesse, pour une année déterminée. (Source: CIA World Factbook – Version du Mars 11, 2017).
Concernant la mortalité néonatale, elle demeure élevée à 28 pour mille naissances vivantes selon l’EDS 2017 et représente 50% des décès d’enfants de moins de cinq ans. Toutefois, le Sénégal s’est engagé de réduire la mortalité maternelle à 70 décès pour 100 000 naissances vivantes et la mortalité néonatale à 10 pour mille d’ici 2030, pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD).
A cet effet, le pays peut notamment s’appuyer sur des initiatives telles que celles menées par le projet « Show », dont l’objectif est de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et infantile chez les femmes vulnérables et marginalisées spécifiquement les adolescentes et leurs enfants. Cette initiative est le fruit d’un projet multi – pays de l’ONG Plan International, lancé concomitamment dans les cinq pays suivants : Bengladesh, Ghana Haïti Nigeria et Sénégal.
Le projet « Show » s’aligne sur la stratégie globale « chaque femme, chaque enfant » de l’Organisation des Nations Unis (Onu) visant à faire progresser la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) 3 et 5. Financé par l’organisation « Affaires Mondiales Canada », pour une durée de quatre ans et demi (2016-2020), le projet « Show » se veut « une nouvelle approche pour une Santé Maternelle, Néonatale et Infantile/santé sexuelle et Reproductive (SMNI/SSR) de qualité ».
« Aider les bénéficiaires à apprendre, diriger et s’épanouir », « Show », selon ses initiateurs, ambitionne de « permettre aux femmes de pouvoir décider de leur propre santé ». Il s’appuie sur trois axes majeurs à savoir l’utilisation des services l’amélioration de l’offre de soins de qualité et le renforcement de la gouvernance intégrant la promotion de l’égalité des sexes y compris l’engagement des hommes en utilisant une approche transformatrice en genre.
Ce dernier aspect découle du constat que la sante maternelle et celle des nouveaux nés n’est pas une préoccupation pour la majorité des hommes, surtout ceux issus des couches défavorisées ou vivant à l’intérieur du pays. Généralement, ces derniers se limitent juste à donner de l’argent à leurs épouses pour les visites prénatales mais ne se s’intéressent guère au suivi médical dont les femmes, les nouveaux nés et les enfants ont besoin.
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