Ces dernières semaines, divers responsables sont intervenus pour demander la reprise de Suneor à l’actuel repreneur Abass Jaber. Il ne s’agit pas de défendre ou de pourfendre M. Jaber, à tout prix. Il faut analyser les intérêts stratégiques et éclairer la lanterne de l’opinion sur les véritables enjeux de ce sous-secteur.
Pourtant, c’est l’industrie sénégalaise dans sa version Suneor, (ex-Sonacos), qu’il faut plutôt défendre. En fait, le problème actuel n’est ni dans la reprise des activités, ni celles de la filière arachidière. Les deux demeurent – que chacun ait des problèmes n’est guère surprenant – c’est connu, il faut y apporter des solutions.
Durant la fin des années 80, l’ex-Sonacos produisait de l’huile, de la margarine, de l’alcool alimentaire, de l’eau de javel et du vinaigre. En sous-traitance, elle produisait, pour Unilever, les pates dentifrices Signal et Très-Près.
Vu sous cet angle, il est clair que supporter les charges et acheter de l’arachide étaient plus aisés surtout que le monde agricole était, à l’époque, moins infesté de spéculateurs dont la plupart sont véreux, de nos jours.
Suneor est aujourd’hui presque mono-produit. Il n’est pas besoin d’être expert financier pour savoir que la rémunération de tous les actifs de l’ex-Sonacos ne peuvent être supportés par un seul produit, d’où le fait que la solution n’est pas de changer de propriétaire, mais plutôt revoir le cahier de charges industriel en tenant compte des avantages comparatifs de Ricardo.
L’Etat est le premier acteur de la politique industrielle et de la distribution. N’est-il pas mieux alors d’aller vers la mise en place d’une stratégie industrielle et commerciale participative, dans laquelle l’Etat, Suneor, les banques locales ou les bailleurs de fonds aideront à mettre en place un véritable projet industriel. Selon un observateur chevronné, «ceci passe par une analyse approfondie et un diagnostic sans complaisance ; une définition claire des problématiques ; la mise en place d’objectifs aux fins de faire revivre les unités industrielles qui faisaient la diversité de l’ex-Sonacos et même d’en rajouter ; un plan d’actions vigoureux et nationaliste avec des ambitions sous- régionales et un plan industriel sur le court et moyen terme».
Cela nous permettra de revoir ce qui est possible et pour lequel l’ex-Sonacos avait une expérience pour :
- produire de l’huile, pâte d’arachide, savon de ménage, margarine, l’eau de javel, vinaigre, pates dentifrices et de même de l’aliment de bétail,
- de pouvoir supporter les vicissitudes du marché de l’Arachide en étant proactif, organisé au niveau de la filière (éliminer les « coxeurs ») – bien rémunérer l’agriculteur –, bien faire le lien production arachidière-industrie arachidière,
- d’aider à moderniser nos campagnes et villes, vu le nombre (5) d’implantation de Suneor par la Responsabilité Sociale d’Entreprise,
- de valoriser nos formations universitaires de proximité,
- de stimuler la recherche pour l’augmentation de la production et la transformation du sésame en huile, moins chère que l’huile d’olive,
- dans le cadre de l’AGOA, faire du beurre d’arachide,
- de permettre la création de beaucoup de société de sous-traitance fournisseurs de Suneor,
- de valoriser l’autoroute économique Dakar –Touba,
- de faire un retour vers la terre et métiers dérivés, Dakar ne respire plus,
- D’exporter afin de refaire la santé de notre balance commerciale déficitaire,
- de refaire la jonction rail-route-mer…
Cette voie unificatrice d’un projet patriotique, fédérateur pour le label sénégalais, permettra, comme en Côte d’Ivoire, d’être une force industrielle de proposition pour les marchés de l’Uemoa, la Cedeao et même d’ailleurs en tenant compte de notre position géographique avantageuse.
Le devenir industriel du Sénégal est une œuvre commune. Il est impératif que tous les acteurs se mettent autour d’une table pour le développement que peut susciter Suneor à Dakar, à Diourbel, à Louga, à Lyndiane, à Ziguinchor…
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