Question : Le Budget 2019, avec + 4 000 milliards FCFA, a été adopté par le Parlement. Quelles en sont les grandes lignes directrices ?
Amadou Ba : A l’entame de mes propos, je voudrais signaler que le Sénégal vient de battre, sous le magistère de Son Excellence Macky Sall, un nouveau chiffre record en franchissant la barre des 4 000 milliards FCFA. Dans ses grandes orientations, ce Budget s’inscrit, à l’instar des années précédentes, d’une part, dans le sillage du Plan Sénégal Emergent (PSE) avec une forte prise en charge de la dimension sociale, et d’autre part, dans une stratégie globale dont il convient de rappeler le fondement, si l’on veut percevoir la cohérence d’ensemble des choix qui le sous-tendent et qui peuvent se résumer en trois concepts simples : redresser, relancer et redistribuer.
Ainsi, pour 2019, le Budget sera orienté vers une consolidation des acquis de la 1ère phase du PSE, à travers notamment le renforcement des programmes sociaux et le lancement des projets et réformes dans les domaines de l’Administration publique, de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’agriculture, de la pêche, de l’artisanat, de même que le renforcement du financement des PME/ PMI, des femmes et des jeunes. En somme, le Gouvernement compte dérouler, pour 2019, des projets économiquement rentables et socialement utiles pour l’ensemble des Sénégalais.
Question : Après un taux de croissance de 7,2% en 2017, comment s’est comportée l’économie sénégalaise en 2018 et quelles en sont les perspectives pour 2019 ?
Amadou Ba : Marquant la fin de la 1ère phase du PSE, l’année 2018 s’est caractérisée par un renforcement de la poursuite de la mise en œuvre de projets structurants et des réformes phares. A ce titre, un diagnostic de l’activité économique, durant la période 2014-2017, fait ressortir une croissance soutenue, avec un taux supérieur à 6% pour les quatre années consécutives (6,6% pour 2014 ; 6,4% en 2015 ; 6,2% pour 2016 et 7,2% en 2017). En 2018, malgré un contexte mondial difficile, caractérisé notamment par un relèvement des cours du pétrole brut et du taux de change du dollar US, le taux de croissance s’établirait à 6,8%. L’année 2019, première année de mise en œuvre du PAP II du PSE, sera en particulier marquée par la consolidation des acquis, le renforcement des programmes sociaux et le lancement des projets et réformes dans plusieurs domaines prioritaires, notamment l’Administration publique, la santé, l’éducation et la formation professionnelle, l’agriculture, la pêche, l’artisanat, le financement des PME/PMI et l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes. Toutes ces actions devraient contribuer, d’une part, à un maintien et un renforcement du dynamisme de l’activité économique enclenché depuis 2014 et, d’autre part, à rendre la croissance plus forte, durable et inclusive, porteuse d’emplois et contribuant, ainsi, à une réduction significative de la pauvreté.
Question : La 1ère phase du Plan Sénégal Emergent est arrivée à son terme. Pouvez-vous nous tirer un bilan succinct ?
Amadou Ba : Le bilan est satisfaisant aussi bien du point de vue économique que sur le plan social. En effet, les importants projets et réformes phares qui ont été mis en œuvre ont permis d’enclencher le processus de transformation
structurelle de l’économie. Globalement, les principaux enseignements à tirer de la mise en œuvre du PSE sont : un cadre macroéconomique assaini, un rattrapage infrastructurel, un renforcement de l’accès à l’électricité et aux services sociaux de base et un renforcement de la gouvernance économique, budgétaire et judiciaire. En effet, le Sénégal a renoué avec une croissance soutenue (une moyenne supérieure à 6,5%) dans un contexte de faible infation et de réduction du défcit budgétaire. Concernant le volet social, la réalisation d’infrastructures scolaires (Centres de Formation Professionnelle), universitaires (nouveaux pavillons à l’UCAD), la mise en œuvre de programmes sociaux (PUDC, PUMA, Promovilles, Bourses de Sécurité Familiale, Couverture Maladie Universelle, entre autres) ont permis d’améliorer les conditions de vie des populations.
Question : Quels sont les principaux résultats de la rencontre avec le Groupe consultatif de Paris, en rapport avec les objectifs de financement du 2ème Plan d’actions prioritaires du PSE ?
Amadou Ba : Cette 8ème édition du Groupe Consultatif pour le Sénégal, conduite par le Président de la République Macky Sall, a été considérée comme un succès jamais égalé, matérialisé par une confiance accrue de la communauté internationale. Lors de la journée du 17 décembre, plus de 150 Partenaires techniques et fnanciers, représentant les institutions bilatérales et multilatérales, ont participé aux travaux de la table ronde sur le PAP-2 du PSE. Ils se sont accordés à appuyer les orientations du Gouvernement du Sénégal dans sa quête légitime d’une émergence articulée aux engagements internationaux tels que les Objectifs de développement durable (ODD) et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Ainsi, au terme de la journée, les engagements financiers des PTF, sur la période 2019-2023, s’élèvent à 7 854 milliards FCFA, soit 14,3 milliards de dollars US. Cet engagement financier a atteint presque le triple du gap qui restait à combler. En marge du Groupe consultatif, s’est tenu un Forum des investisseurs privés, le 18 décembre 2018, avec plus de 867 participants, dont plus de 500 investisseurs locaux et internationaux de référence. Au cours de ce forum, le Gouvernement a pu faire le point sur l’environnement des affaires et l’ensemble des projets privés et PPP prioritaires devant régir la période 2019-2023 du PSE. A titre d’exemple, le Club des Investisseurs Sénégalais a annoncé son appui privé au PSE de près de 1.200 milliards FCFA, la SFI (Banque Mondiale) et la BAD vont appuyer les projets PPP, respectivement de l’ordre de 220 milliards et de 190 milliards FCFA. Par ailleurs, plus de 400 investisseurs référencés ont l’intention d’investir dans l’énergie, l’agriculture, le tourisme, l’industrie, la santé et les services. Les résultats obtenus traduisent la confance accordée au Sénégal par la communauté internationale qui a salué la pertinence des choix de politiques socio-économiques.
Question ; Le volet « social » du Budget 2018 a été servi comme justificatif de la tension « voulue » sur le budget que traverse le pays. Pouvez-vous expliquer aux Sénégalais comment cela est arrivé ? Doivent-ils s’inquiéter outre mesure ?
Amadou Ba : L’année 2018 a été marquée par une hausse rapide du cours du baril du pétrole qui est passé de 54 dollars US, au moment de la préparation de la Loi de fnances de 2018, à 75 dollars US en cours d’année. A cet effet, pour éviter une dégradation du pouvoir d’achat des populations, l’Etat était obligé de soutenir aussi bien les prix du carburant à la pompe que les tarifs de l’électricité. Un autre fait marquant est celui des mouvements sociaux dans les secteurs de l’éducation et de la santé qu’il fallait impérativement prendre en charge. S’y ajoutent, entre autres, l’augmentation du montant des bourses et des aides sociales des étudiants, la baisse des prix des tickets de restaurant du petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner, et le renforcement des crédits destinés aux frais de formation des étudiants orientés dans les Universités privées. Par ailleurs, il a été impératif de mettre à niveau l’appareil sécuritaire au regard du contexte d’insécurité noté au niveau de la sous-région. Tout cela a un coût qu’il fallait prendre en charge au détriment d’autres dépenses. Toutefois, il n’y a pas d’inquiétudes majeures sur le plan de la gestion budgétaire, malgré l’impact de ces différents facteurs sur l’évolution de l’exécution du budget. L’Etat continuera à assurer l’exécution des dépenses prioritaires et la préservation des différents acquis sociaux.
Question : Le niveau de la dette intérieure et aussi extérieure connaît une certaine progression, quelle analyse faites-vous de la viabilité et de la soutenabilité de cette dette ?
Amadou Ba : A fin décembre 2017, l’encours de la dette publique totale s’était établi à 5.848,5 Milliards (Mds). Il a ainsi enregistré une progression de 10,5%, comparativement à l’année précédente et représenté 47,7% du PIB en 2017 contre 47,2% en 2016. Toutefois, cette évolution de la dette extérieure sous l’impulsion de l’émission de l’Eurobond reste encore modérée, car une progression seulement de 0,5 point de pourcentage du PIB a été enregistrée entre 2016 et 2017. Par ailleurs, en perspective, les récentes analyses de viabilité et de soutenabilité de la dette montrent que la dette extérieure reste soutenable et viable. En effet, les résultats des différents indicateurs, utilisés par cette évaluation, ressortent en dessous des seuils fxés par les zones communautaires (UEMOA et CEDEAO) et les institutions de Bretton Woods. Il faut, cependant, noter que ces analyses reposent sous l’hypothèse d’un maintien de la dynamique de croissance économique enclenchée et d’une maîtrise des déficits budgétaire et extérieur pour les maintenir en dessous des seuils fixés aux niveaux communautaires et dans le cadre du programme ISPE avec le FMI.
Question : Que répondez-vous aux dirigeants du secteur privé local qui se plaignent d’une « supposée préférence étrangère» dans l’attribution des grands travaux de l’Etat et vous reprochent un déficit de patriotisme économique afin de faire émerger des « champions nationaux » ?
Amadou Ba : En réalité, pour la réalisation des programmes et projets du PSE, l’Etat du Sénégal accorde une place centrale au Secteur privé, notamment local, que le Gouvernement considère comme un levier pour consolider la croissance économique et la rendre plus inclusive à travers, notamment, la création d’emplois. C’est dans ce cadre que l’Etat s’est engagé dans une révision de la loi relative au Partenariat Public-Privé (PPP) et à la réalisation d’investissements structurants afin de rendre le cadre des initiatives privées plus attractif. L’objectif est de stimuler davantage l’investissement privé local, notamment, dans des secteurs à haute capacité de valeur ajoutée et de création d’emplois. La réalisation de la Plateforme Industrielle Intégrée (P2ID) et du Pôle Urbain de Diamniadio, la modernisation de l’agriculture ainsi que la mise en œuvre d’une stratégie de financement des PME/PMI à travers la création du FONSIS et le renforcement de la BNDE entrent dans ce cadre. Il faudrait aussi préciser que l’attribution de certains travaux de l’Etat aux entreprises étrangères est juridiquement encadrée. En effet, pour le cas particulier du régime de l’offre spontanée, il reste contraint au respect de certains critères retenus par le Code des Marchés Publics dont : la sous-traitance d’une part minimale de 10% du marché à une
entreprise locale ; la nécessité, pour le projet, de compter un volet « transfert de
technologies ».
En gros, ces types d’offres n’excluent pas l’appel à la concurrence, mais participent à la promotion de la main-d’œuvre locale.
Question : Pour mieux accompagner le secteur privé local, notamment les PME pour l’accès au financement, vous avez parlé d’un besoin de rationalisation du dispositif financier de l’Etat avec la multitude de structures existantes. Quels sont les tenants et aboutissants de ce projet hautement stratégique ?
Amadou Ba : Dans le cadre de l’amélioration de l’accès des PME au financement, l’Etat a mis en place trois outils, à savoir : le FONSIS, le FONGIP et la BNDE, en complément aux autres structures existantes, notamment la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), la BHS, la CNCAS, l’IPRES, la Caisse de Sécurité Sociale (CSS) et le Groupe La Poste, pour constituer un dispositif financier de l’Etat, en soutien au financement des PME ; lequel dispositif fonctionne en synergie avec celui d’appui et d’encadrement qui apporte aux PME des services non financiers. L’utilisation optimale d’un tel dispositif suppose un fonctionnement efficace de ces différentes institutions qui exige une cohérence de leurs objectifs et missions, une complémentarité de ces structures, des synergies dans les interventions et une convergence de vue autour d’objectifs communs et d’un pacte de solidarité. Cette recherche efficacité a amené l’Etat, dans le cadre de sa stratégie financière, à engager une réflexion sur les possibilités de rationalisation du dispositif. Il s’agit de réfléchir sur une organisation permettant une optimisation des ressources financières de ces institutions pour un meilleur effet de levier sur la croissance économique et le développement d’un tissu de PME créatrices d’emplois. Cette réflexion a démarré par une étude de l’écosystème des TPE/PME sur un périmètre incluant les secteurs public et privé. Cette étude conduite par BPIFRANCE, en relation avec toutes les structures concernées, devrait déboucher sur des orientations concernant les possibilités d’organisation du dispositif pour une optimisation des ressources financières de ces structures et l’accroissement de leur effet de levier sur la croissance économique. Ces préconisations et orientations visent à créer des pôles d’expertise développant des synergies et complémentarités à travers des liens qui seront définis. Il s’agit, en conséquence, d’un projet hautement stratégique devant accompagner la phase II du PSE.
Question : L’attribution de certains travaux de l’Etat aux entreprises étrangères est juridiquement encadrée. Pour le cas particulier du régime de l’offre spontanée, il reste contraint au respect de certains critères retenus par le Code des Marchés Publics dont : la sous-traitance d’une part minimale de 10% du marché à une entreprise locale ; la
nécessité, pour le projet, de compter un volet « transfert de technologies » Autre sujet de préoccupation, l’accès aux marchés publics avec les lenteurs dénoncées du Code des marchés publics. Quelles sont les possibilités d’amélioration pour favoriser les privés nationaux ?
D’importants acquis ont été obtenus en matière de participation des PME/ PMI à l’exécution de la commande publique, notamment la révision, en 2014, du cadre juridique des Marchés publics qui a conduit à allègement des conditions de participation de l’entreprise avec la révision des seuils à l’échelle des DRP simple restreinte et à compétition ouverte. L’instauration des régimes préférentiels est une volonté manifeste du Gouvernement d’impliquer, de manière inclusive, les PME/ PMI. Ce régime de discrimination positive, consacré au profit de notre secteur privé, est une mesure tangible de promotion de l’accès ainsi que de la compétitivité de nos tissus industriel et commercial.
L’allègement des conditions de participation, nonobstant les exigences de gouvernance dans la conduite des marchés publics, l’obligation faite aux grandes entreprises étrangères de sous-traiter, au niveau local, le régime des avances de démarrage témoignent de l’exigence du Gouvernement à soutenir son secteur privé national. De même, la mise en place d’outils pédagogiques, par le biais de l’ARMP, de la DCMP et de la Direction d’Appui au secteur privé, permet aux PME/ PMI de s’approprier efficacement les innovations introduites dans le nouveau Code. Le Gouvernement du Sénégal poursuit les efforts de promotion et de protection de son Secteur privé à travers les achats publics. Par ailleurs, des mesures efficaces pour le transfert de technologies dans les marchés publics au profit des PME vont contribuer à capter la plus-value de près de 700 Milliards issus des marchés publics. Des mesures d’incitation seront mises en œuvre afn de permettre aux bailleurs et aux banques d’accompagner les PME/ PMI dans la participation aux Marchés. Des solutions allant de l’accès aux crédits, avec des conditions très avantageuses, à la célérité dans les paiements, seront des orientations majeures en 2019.
Le Train Express Régional sera inauguré prochainement. Mais certains reprochent au Gouvernement sa cherté, mais surtout sa non-opportunité, comparativement à l’urgence de réhabiliter le chemin de fer Dakar-Bamako et la mise en place de lignes ferroviaires pour désenclaver le Sénégal oriental (Kédougou) et la
Casamance aux fins d’une meilleure exploitation des ressources minières et naturelles ? En conformité avec la vision du Président de la République de faire du Sénégal un Pays émergent, la prise en main du secteur des
transports se veut être globale afin d’appuyer, de manière adéquate, le développement humain durable aux niveaux local et national. Aussi, pour répondre à cette problématique, le Gouvernement, après avoir conçu et mis en œuvre plusieurs projets d’infrastructures routières, notamment l’Autoroute à péage, veut désormais axer sa démarche sur la promotion, la modernisation et la rationalisation des transports ferroviaires. Le Président de la République a voulu doter le Sénégal d’une infrastructure moderne, fable et respectueuse de l’environnement. Ainsi, il a initié le TER qui s’inscrit dans une dynamique d’amélioration de la mobilité urbaine de la région de Dakar et surtout de sa banlieue très engorgée, d’une part, et, d’autre part, d’assurer un transport de masse crédible et sécuritaire entre Dakar et le nouveau Pôle urbain de Diamniadio où sont transférées les activités de certains ministères. Le TER permet également la création de nouvelles zones d’habitation et d’accès à l’aéroport qu’il faudra assurer dans les meilleures conditions de confort et de rapidité (moins de 45 minutes entre Dakar et l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass). Le TER constitue une véritable révolution du système de transport sénégalais et toute révolution a un prix. Toutefois, je puis vous assurer que de l’évaluation de la rentabilité économique et financière du projet, par la méthode coûts/avantages, sur la base des coûts effectifs du TER, ressort un Taux de rendement interne (TRI) supérieur à 12%, ce qui est largement suffisant pour engager ledit projet. Aussi est-il important de préciser que, sur le maillage du territoire national en réseau ferroviaire, le TER peut bien être un point de départ pour la réhabilitation de l’infrastructure existante et la création de nouvelles lignes. Dans cette dynamique, des études sont en cours pour disposer de 1.500 kilomètres de nouvelles lignes d’ici 2035, adossés à de grands projets agricoles, industriels et miniers porteurs de croissance et de développement durable. Ces grands projets ferroviaires participeront au désenclavement des régions naturelles de la Casamance, du Sénégal oriental et de la Vallée du fleuve Sénégal.
L’année 2018 a été marquée par une hausse rapide du cours du baril du pétrole qui est passé de 54 dollars US, au moment de la préparation de la Loi de finances de 2018, à 75 dollars US en cours d’année. Pour éviter une dégradation du pouvoir d’achat des populations, l’Etat était obligé de soutenir aussi bien les prix du carburant à la pompe que les tarifs de l’électricité.
Depuis 2012, le Gouvernement a mis en œuvre un vaste programme infrastructurel, notamment routier et autoroutier, et aussi la ville nouvelle de Diamniadio. Que faut-il en retenir en termes d’effets induits au niveau de l’économie nationale ?
Concernant les programmes infrastructurels, le Sénégal a réalisé d’importantes infrastructures routières parmi lesquelles, on peut citer l’autoroute à péage Ila Touba, le prolongement de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio jusqu’à Mbour (dont l’inauguration est prévue dans le premier trimestre de 2019), le prolongement de la VDN et des routes au niveau des zones frontalières en vue de leur désenclavement. D’importantes infrastructures sont en cours de réalisation à travers presque toutes les régions en vue de la réduction des inégalités territoriales. Il s’agit, entre autres, de la construction de l’Université Amadou Moctar Mbow, du CICAD, de Sphères Ministérielles et de l’ARENA à Diamniadio, du renforcement des capacités d’accueil des universités régionales, de la réhabilitation des aérodromes régionaux, après la finalisation et la mise en service de l’AIBD en plus du PUDC, du Promovilles et du PUMA. Concernant les effets induits, l’importance de la réalisation d’infrastructures structurantes pour le développement économique et social d’un pays n’est plus à démontrer. En effet, le niveau de développement des infrastructures constitue un pilier, pour le développement de l’activité économique et l’amélioration des conditions de vie des populations, d’une part, et pour l’attraction des investissements directs étrangers (IDE), d’autre part. Par exemple, l’ouverture de l’AIBD et le lancement d’Air Sénégal ont positionné le Sénégal comme un hub touristique dans la sous-région. Par ailleurs, la réalisation de projets d’infrastructures dans les BTP (construction et réhabilitions) a impulsé, notamment les activités des industries extractives, contribué à la création d’emplois directs et indirects, particulièrement pour les jeunes, et à la réalisation d’activités créatrices de revenus pour les femmes.
Le Ministère de l’Agriculture parle d’une production céréalière record concernant la campagne agricole 2018-2019, comme pour la campagne précédente, mais on constate, cependant, que le Sénégal continue d’importer du riz de consommation. A quand la véritable autosuffisance ?
Le Gouvernement confirme la priorité accordée à l’agriculture qui est un fait. Au plan budgétaire, depuis l’arrivée au pouvoir du Président Macky Sall, le Gouvernement a consenti d’énormes efforts. De 2012 à 2018, les ressources d’investissement injectées dans le secteur de l’agriculture (sens strict) s’élèvent à 998,4 milliards FCA, soit une moyenne annuelle de 142,6 milliards de FCFA. En termes de résultats, ces ressources ont permis l’accroissement de la production du riz qui est passée de 405 824 tonnes pour la campagne agricole 2011-2012 à 1,132 million tonnes pour celle de 2017-2018, soit une hausse considérable de 179 %. Toutefois, l’objectif fixé dans le cadre du PRACAS n’est pas encore atteint, malgré les performances notées. La production de paddy de 1,132 million tonnes représente une production en riz blanc de 735 184 tonnes qui couvre la presque totalité des besoins de consommation en riz blanc des Sénégalais. Il faut signaler que, même si cette production est une réalité, elle est constituée de graines en entier à plus de 80%, alors que la préférence de la brisure par les consommateurs sénégalais est une autre réalité. Certes, les importations de riz continuent d’augmenter en valeur, mais, faut-il le souligner, l’évolution des quantités a connu un net ralentissement en 2018, en comparaison avec les années précédentes. Des discussions sont en cours pour examiner, avec le service de la recherche, les variétés de riz plus adaptées aussi bien pour la riziculture pluviale que celle irriguée, améliorer la transformation pour se rapprocher au mieux du goût des Sénégalais et aussi tisser un partenariat gagnant avec le Secteur privé pour l’exportation du riz entier. En plus, la production de riz de la campagne agricole 2018/2019 aura un effet sur les importations durant l’année 2019. En perspective, avec une hausse moyenne annuelle de 26% de la production de riz paddy, l’objectif d’autosuffisance pourrait être atteint en 2020. Nous y arriverons et les jalons posés faciliteront l’atteinte des objectifs de baisses significatives d’importation de riz et d’autres produits céréaliers. D’importantes découvertes gazières et pétrolières ont été annoncées. Quelles perspectives cela énonce-t-il ? Récemment, une concertation nationale sur la gestion du pétrole et du gaz a eu lieu, qu’est-ce que cela augure pour la gouvernance de ces ressources minérales stratégiques, notamment en termes de contenu local pour le secteur privé ? En vue d’assurer une gestion transparente des revenus issus des ressources pétrolières et gazières tout en veillant à garantir la stabilité macroéconomique du Sénégal, le Gouvernement envisage de créer un projet de loi d’orientation relative à la gestion des revenus pétroliers et gaziers. En plus de cette loi, celle sur le contenu local ainsi que la loi portant révision du Code pétrolier seront soumises au Parlement dans les tous prochains jours. Aussi l’exploitation des futures ressources pétrolières et gazières devrait-elle contribuer, à travers une politique volontariste et inclusive du contenu local, à la création d’emplois directs et indirects tout en favorisant le développement des entreprises sénégalaises, particulièrement les PME/ PMI sur toute la chaîne de valeur pétrolière et parapétrolière. Par conséquent, deux mesures pourront être étudiées, notamment : l’obligation pour les titulaires de contrat pétrolier de choisir leur sous-traitance en priorité parmi les entreprises sénégalaises, chaque fois que cela est possible ; la seconde mesure, c’est le versement d’une contribution à la formation professionnelle dont les modalités seront définies dans la Loi d’orientation sus évoquée.
Le Sénégal abrite, du 17 au 19 janvier 2019, la 3ème édition de la Conférence Internationale sur l’émergence de l’Afrique (CIEA), après 2015 et 2017 en Côte d’Ivoire. Pourquoi le choix de Dakar et quels sont les enjeux et attentes de cette grande rencontre ? Notre pays aura l’insigne honneur d’accueillir cette 3ème édition après la Côte d’Ivoire. Le Sénégal, sous la houlette du Président Macky Sall, incarne un leadership indéniable en matière de mise en œuvre de son plan d’émergence. La Conférence Internationale sur l’Emergence de l’Afrique (CIEA) a été instituée pour accompagner cette dynamique de plusieurs pays africains. De manière plus spécifque, elle vise à soutenir le développement des capacités à préparer et mettre en œuvre les plans d’émergence en mutualisant les expertises et en documentant les bonnes pratiques en la matière. Les deux premières éditions de la CIEA ont montré que plusieurs pays africains ambitionnent d’aller vers l’émergence. A cet effet, ils ont formulé des plans d’émergence soutenus par des visions à long terme conformes avec les principes de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. La CIEA 2019 se tiendra autour du thème : « Émergence, Secteur privé et Inclusivité ». L’objectif de cette rencontre internationale est de partager les bonnes pratiques afin de permettre au Secteur privé de jouer pleinement son rôle de moteur de la création de richesses et d’emplois.
Le Sénégal se prépare à des échéances électorales capitales. Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan a-t-il pris toutes les dispositions idoines pour assurer un fonctionnement régalien des finances publiques, quoiqu’il advienne ?
L’Etat est une continuité et, en matière de gestion des finances publiques, le Sénégal est l’un des sept pays africains et seul pays francophone, à avoir signé avec le FMI un programme dans le cadre de l’Instrument de soutien à la politique économique et financière. Ce type de programme est limité aux pays ayant un haut degré de stabilité macroéconomique. A ce titre, la rigueur dans la gestion des finances publiques budgétaires a été toujours de mise et le restera après les élections, si évidement le Président Macky Sall est réélu, et il a toutes les chances de l’être du fait, notamment, de son bilan élogieux dans tous les domaines au cours de son premier mandat.
Depuis votre entrée en politique, Amadou Bâ a gagné toutes les batailles engagées dans son fief des Parcelles Assainies. Pour la Présidentielle de février 2019, pouvez-vous assurer au candidat Macky Sall que, sous votre direction, il gagnera la mère des batailles, celle de Dakar ?
Nous avons bon espoir que les électeurs de la région de Dakar et des autres régions renouvelleront leur confiance au Président de la République le 24 février 2019, eu égard à ses nombreuses réalisations au profit du Sénégal. Nous avons ensemble gagné la capitale lors des dernières élections législatives. Unis, engagés et déterminés, par la grâce de Dieu, il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas avoir le même succès, voire une victoire encore plus éclatante. Ainsi, nous pourrons faciliter au candidat de notre coalition et Président de la République d’avoir un second mandat au 1er tour afin de poursuivre la mise en œuvre de la phase 2 du PSE et installer, de manière irréversible, notre pays sur la voie de l’émergence et du développement.
Les principaux enseignements à tirer de la mise en œuvre du PSE sont : un cadre macroéconomique assaini, un rattrapage infrastructures, un renforcement de l’accès à l’électricité et aux services sociaux de base et un renforcement de la gouvernance économique, budgétaire et judiciaire.
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