J’ai eu la chance de l’accompagner jusqu’au dernier jour de sa vie. Il avait une façon de dire que tout repose entre les mains du Seigneur. Jusqu’à la fin, sa foi est restée inébranlable. Baye était quelqu’un de très pieux, d’extrêmement gentil. Il ne manquait pas une occasion pour rappeler les préceptes de l’Islam et n’hésitait pas à m’indiquer quelques invocations sacrées, formulées pour la concorde familiale.
J’étais Secrétaire générale du groupe CCBM sous Serigne Mboup, lorsque j’ai connu Baye Dame. On était en train de discuter du groupe, des filiales, des activités et autres et il m’a demandé mon cursus. Je lui ai expliqué ce que je faisais et il avait trouvé que j’avais un parcours hyper intéressant qui méritait d’être mis en avant dans son magazine. De fil en aiguille, je suis devenue la belle-sœur « ndieuké » de sa femme Khady.
Il était très famille. Je ne parle même pas de sa femme et de ses enfants, mais surtout de sa mère et de son père, de la famille au sens le plus large du terme. Les sacrifices qu’il faisait par rapport à sa famille sont énormes. Il intervenait même dans la carrière de mes enfants, pour vous dire à quel point, il voulait que la paix et l’harmonie règnent dans les familles.
« Soxnasi ! Soxnasi ! » Voici comment il m’appelait et me calmait avec son sourire légendaire lorsque je lui exposais mes problèmes. Avec lui, tout était simple. Il fallait juste en parler et comprendre la problématique. Je crois que c’est grâce à cette faculté que rares sont les personnes qui l’ont vu s’emporter ou dire du mal de quelqu’un. Baye Dame était à un autre niveau. Ce qui nous a le plus rapproché, c’est son amour du travail et un sens de l’écoute qu’on ne retrouve pas chez la plupart des journalistes actuels. Baye Dame aimait son prochain.
A ses débuts, lorsqu’il était à la Médina dans un petit bureau, il avait beaucoup d’ambitions pour son bébé. Il a commencé slow, il a grandi, il y a cru comme le suggère le nom de son magazine : Réussir, et aujourd’hui, je suis fier de ce que cela est devenu. C’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît la nature des liens qui unissent les gens et durant ses dernières années, le soutien et l’accompagnement de sa femme m’ont émue. Elle s’est battue bec et ongles pour son mari et son legs. Beaucoup ne se sont pas rendu compte que c’est elle qui mène la barque depuis plusieurs années, dans l’ombre de Baye Dame. Elle a appris les ficelles du métier aux côtés du maître et j’en suis convaincue maintenant, elle est capable de mener à bien les projets du Magazine. Baye Dame peut avoir l’esprit tranquille là où il est, Khady portera haut le flambeau. Parce que, même quand il était malade, il n’y en avait que pour Réussir.
Pour conclure, je dirais que la longévité d’un homme comme Baye Dame Wade ne peut pas se mesurer en termes d’années de vie, mais par rapport à son legs et je crois que sa mission est accomplie.
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