Aladji Dramé, un maitre couturier, très couru pour la finesse de ses modèles confirme cet état de fait. « Actuellement les clients ne sont pas encore au rendez-vous. Mais on se prépare à travailler plus dans les jours à venir. Les commandes de dernière minute nous fatiguent plus, car nous ne pouvons pas garantir une finition de qualité des coutures faute de temps », se désole Dramé, occupé à coudre un boubou de bazin scintillant.
Plus explicite, il détaille que leurs difficultés vient surtout du fait que certains clients, plus particulièrement les femmes sollicitent les tailleurs pour se faire coudre les derniers modèles en vogue pour la korité, sans se soucier de la contrainte de temps.
« Ce sont les commandes de dernière minute qui nous donnent trop de boulot et de pression et ça nous fatigue. », avoue Dramé, dénonçant la cupidité de certains de ses collègues qui ne rechignent pas à accumuler les commandes, tout en sachant qu’ils seront dans l’indisponibilité de respecter les délais de livraison ».
Bintou Cissé, employée dans une société privée à Dakar, confie n’avoir pas encore déposé son tissu chez le tailleur parce qu’actuellement trop prise par le travail.
« Souvent j’attends le dernier moment. Mais si je suis trop prise je ne donne pas le tissu des enfants au tailleur et j’achète du prêt-à-porter car c’est plus facile. La semaine prochaine je vais déposer mon tissu chez un tailleur incha-Allah. S’il n’a pas de temps je vais mettre une tenue de ma garde de robe. », déclare-t-elle.
A l’approche de la fête, rien n’a encore changé chez bon nombre de tailleurs, qui travaillent toujours au même rythme et espèrent avoir une forte clientèle dans les jours à venir.
Trouvé en plein travail dans son atelier au marché de Ouakam, Aladji Fall (nom d’emprunt) affiche le sourire en cette période de veille de la fête de Korité. « Pendant cette période, mon business marche bien. Parce qu’il y a beaucoup plus de clients. Ce qui fait qu’on est obligé de modifier notre emploi de temps pour satisfaire les commandes. De jour comme de nuit, nous travaillons pour ne pas perdre du temps et respecter les rendez-vous avec les clients. Durant les derniers jours du ramadan, on observe une pause d’une heure pour couper notre jeune et ensuite on reprend le travail jusqu’à 23 h ou minuit. La veille de la korité, on ne descend pas car le travail est plus intense. »
Toutefois, Aladji Fall ne se prive pas de dénoncer le comportement de certains clients qui se pressent de faire leurs commandes et ensuite trainer les pieds pour récupérer leurs coutures. « Ce sont de faux clients qui nous mettent dans de sérieuses difficultés car nous avons des charges fixes (location, électricité, salaires etc) », s’offusque-t-il.
Pour cette année, les tissus légers sont très prisés à cause surtout de la chaleur. Presque tous les modèles en vogue pour la korité 2019, surtout pour la gent féminine, sont cousus à partir de ces tissus pas chers et aux motifs et couleurs très variés.
Samantha Saberu ( Stagiaire)
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