Cette conférence a donné lieu au lancement du rapport « Mechanized : Transforming Africa’s Agriculture Value Chains ; « Au Rythme des Machines : Comment accélérer la transformation des chaînes de valeur agricoles en Afrique (En français) »par le Panel Malabo Montpellier, un groupe de 17 experts africains et internationaux.
Le rapport aborde les préoccupations selon lesquelles la mécanisation de l’agriculture africaine pourrait diminuer les opportunités d’emploi. Actuellement, les marchés du travail urbains sont affectés par le nombre croissant de jeunes qui migrent des zones rurales vers les villes. D’ici 2030, on prévoit que le nombre de jeunes en Afrique aura augmenté de 42%. On estime que 30 millions de jeunes rejoindront le marché du travail chaque année.
« Notre rapport brise le mythe selon lequel la mécanisation de l’agriculture africaine va entraîner une diminution de l’emploi. Lorsqu’elle est bien réalisée, elle peut améliorer l’emploi », a commenté Ousmane Badiane, co-président du Panel Malabo à Montpellier.
« L’emploi rural est essentiel pour réduire la pauvreté, la migration et l’instabilité politique, faisant par là même de la mécanisation un investissement judicieux pour les objectifs de paix et de sécurité », note-t-il.
« La mécanisation, ce n’est pas seulement l’introduction des tracteurs », a commenté Joachim von Braun, co-président du Panel Malabo Montpellier. « Ce rapport met l’accent sur les opportunités d’investissement tout au long de la chaîne de valeur agricole – de la petite production agricole au transport et au stockage, en passant par la transformation … Les jeunes ruraux exigent la mécanisation pour réduire le fardeau du travail manuel. S’ils n’obtiennent pas ces opportunités, ils continueront à s’en aller », a-t-il ajouté.
La mécanisation de l’agriculture africaine qui constitue, selon eux, une aubaine pour le monde rural, peut aussi aider à assurer la croissance sur le continent et la réduction de la pauvreté.
‘’Grâce aux progrès des énergies renouvelables et de la technologie numérique, l’Afrique pourrait survoler les étapes de développement technologique que d’autres régions ont dû traverser, ce qui permettra un processus de mécanisation rapide et extrêmement lucratif’’, indique-t-on.
Le marché africain des aliments et des boissons devrait atteindre 1milliard de dollars d’ici 2030, note-t-on.
Noble Banadda, chercheur ougandais en biosystèmes estime toutefois que « la mécanisation ne doit pas remplacer la main-d’œuvre mais peut fournir des millions d’emplois dans les secteurs de la transformation, de l’emballage, du marketing et du transport. »
Pierre Ndiaye, directeur général des Mamelles Jaboot, ’une société spécialisée dans le yaourt plaide, pour sa part, pour ‘’le civisme alimentaire’’
« La chaine de valeur c’est celle qui permet de distribuer l’argent depuis le champ agricole jusqu’au consommateur terminal et pour ça bien sûr c’est la création de l’emploi particulièrement celles de celles femmes », explique-t-il.
Cette conférence s’est déroulée sous la forme d’une séance de discussion de haut niveau avec les experts du Panel qui a permis d’aborder les thématiques développées dans le Rapport et un second Panel avec les acteurs du secteur privé national qui ont fait part de leurs expériences, réussites et défis dans le secteur agricole au Sénégal.
Les débats ont porté sur les principaux enjeux de la mécanisation dans les chaines de valeur agricoles ainsi que les leçons à tirer des conclusions du rapport du Panel.
Le rapport du Panel Malabo Montpellier note 7 recommandations pour accélérer la transformation des chaînes de valeur agricoles en Afrique et portent entre autres sur la nécessité d’élever les stratégies nationales d’investissement dans la mécanisation agricole au rang de priorité absolue dans les Plans Nationaux d’Investissements Agricoles (PNIA), de développer des voies de mécanisation durables sur les plans politique et social.
Le Rapport appelle aussi à accorder la priorité à la mécanisation tout au long de la chaîne de valeur agricole, investir dans des infrastructures appropriées et dans la formation professionnelle à grande échelle, créer un environnement favorable aux affaires et aux services, développer une industrie des machines agricoles en Afrique et autonomiser les groupes de petits exploitants agricoles et les groupes de femmes.
Le Panel Malabo Montpellier, hébergé par l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires, a pour mission de promouvoir un dialogue fondé sur des analyses et des données probantes, afin de mieux orienter les choix politiques et d’accélérer les progrès vers les objectifs ambitieux établis par la Déclaration de Malabo, à savoir atteindre la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et réduire la pauvreté de moitié d’ici 2025.
Dans cette perspective, les experts du Panel publient chaque année des rapports dans lesquels ils passent au peigne fin les différentes expériences de réussite en Afrique qui permettent aux décideurs d’entreprendre les innovations institutionnelles, politiques, et programmatiques nécessaires pour l’amélioration des conditions de vie des petits exploitants et de leurs familles en termes de revenu, d’emploi et de statut nutritionnel.
Samantha Saberu
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