«Nous regrettons tous ce qui s’est passé au Rwanda il y a 25 ans, mais nous sommes fiers de la réussite du pays et toute l’Afrique doit tirer les leçons appropriées de la gestion de nos diversités pour éviter une tragédie de type rwandais», a déclaré l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo (1999-2007).
Il s’adressait jeudi à la conférence internationale sur le génocide qui se déroule à l’Intare Conference Arena à Kigali, siège du Front patriotique rwandais (FPR, parti au pouvoir)
Cette conférence qui s’étale sur deux jours à pour thème : « Préservation de la mémoire, un combat de l’humanité ».
Elle se tient en prélude à la 25e commémoration du génocide de 1994, appelée « Kwibuka » (« souviens-toi », en kinyarwanda, la langue locale officielle), prévue le dimanche 7 Avril.
« La transition du Rwanda d’un état dysfonctionnel, à la stabilité et à la sécurité montre à quel point le monde devrait valoriser le rôle d’un leadership fort qui rassure les investisseurs internationaux », a dit Obasanjo.
« Le leadership ne se limite pas seulement à des promesses, mais doit surtout porter sur la redevabilité des politiques initiées pour le bien-être des populations », soutient-il, affirmant que « le développement est un marathon et qu’il faut courir ».
Il a salué les progrès économiques réalisés par le Rwanda durant la période 2005-2013, avec un PIB par habitant de 5,2 %, devancé seulement par l’Éthiopie, un taux de scolarité multiplie par 3, un taux d’alphabétisation en croissance de 60 à 70 %.
« Le Rwanda ne s’enferme pas dans le ressentiment, mais émerge tel un colosse », se félicite-t-il, relevant que la bonne gouvernance et le développement sont également indissociables.
Selon lui, la prospérité et la gestion des diversités vont de pair dans des sociétés inclusives et que c’est précisément ce qu’est la bonne gouvernance.
« J’ai appris par expérience que les facteurs sociaux, notamment la politique et les règles qui la régissent, sont la clé du développement. Plus les systèmes de gouvernance sont démocratiques dans l’ensemble de l’Afrique, meilleur sera le bilan de développement », a-t-il indiqué.
«Il ne suffit pas seulement pour nos gouvernements de faire de la croissance, mais il est aussi nécessaire de réduire le déficit démocratique , et de favoriser l’inclusion de tous les groupes ethniques », a déclaré Obasanjo.
Par ailleurs, il a mis en garde la communauté internationale de ne plus jamais permettre qu’une autre tragédie du genre puisse se perpétrer où que ce soit dans le monde.
« Les leçons du Rwanda ont servi de motivation utile à l’action internationale », a-t-il déclaré, soulignant que les leçons de la tragédie rwandaise ne devaient pas être perdues pour le Rwanda.
La tenue de la conférence internationale sur le génocide est une preuve de la nécessité de se remémorer cette tragédie, pour en tirer des leçons utiles, s’est-il félicité
M. Jean Damascene Bizimana, secrétaire exécutif de la Commission nationale pour le génocide contre les Tutsi (CNLG) a dénoncé le rôle négatif joué par les intellectuels dans la planification et la perpétration du génocide de 1994 contre les Tutsi.
Une tragédie qui pouvait être évitée si la communauté internationale avait mis en œuvre les traitres et accords paraphes préalablement, a son avis.
« Confrontés à de sérieux problèmes politiques internes, ces intellectuels n’ont eu comme solution que d’attiser les clivages ethniques pour concevoir et planifier cette tragédie », a dit Bizimana.
« Sur 33 ministres, 15 ont été poursuivis et neuf d’entre eux condamnés pour crimes de génocide et crimes contre l’humanité. La plupart de ces ministres étaient des fonctionnaires bien formés dans certaines des meilleures universités au monde et au Rwanda », a-t-il noté.
«C’est pourquoi il est très important d’organiser une telle conférence mondiale pour souligner le rôle qu’ils ont joué et ce qu’il est possible de faire pour que toute une génération d’intellectuels défendent la vérité», a-t-il déclaré.
Des panels enrichissants ont meublé les deux jours de la Conférence.
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