Le Fort Pinet Laprade, sur les berges du fleuve Casamance à Sédhiou, fait face à l’Île du Diable. Deux lieux symboliques de la localité qui ont fini de se faire une place dans l’histoire de la localité. Pour comprendre leur rôle et dessein, il faut aller voir le vieux Fassar Souané. Assis sur sa chaise, au milieu de sa demeure, entouré de ses enfants il n’hésite pas, à aucun moment, à revenir sur l’histoire de sa région qui a perdu le statut de Capitale de la Casamance, au profit de Ziguinchor. Un acte qu’il a du mal à digérer, mais dont il s’amuse à souligner.
Le Fort Pinet Laprade
Le Fort Pinet Laprade est une ancienne école de formation pour instituteurs qui a formé, en son temps, tous les cadres de la Casamance. « Tous les cadres de l’actuel PS, et anciennement UPS, sont sortis du Fort de Pinet Laprade : Emile Badiane, Demba Coly, Assane Seck, Ibou Diallo… ont eu à apprendre le savoir depuis ce lieu », déclare-t-il avec une certaine fierté dans l’expression.
Avant d’être transformée en école de formation pour Instituteurs, le Fort Pinet Laprade de Sédhiou avait une double vocation militaire et commerciale. En effet, il avait été bâti sur autorisation de Dourasona Camara, un commerçant guinéen fondateur de la localité. Grand marabout en perpétuel recherche de savoir, il a donné l’autorisation au colon de s’installer dans sa localité, dans un espace qui ne devait pas dépasser la taille d’une peau de taureau. « La ruse du colon a été telle qu’il a ciselé finement la peau pour élargir au maximum son espace. C’est pourquoi, il a obtenu cette superficie », précise le vieux Fassar, avec le sourire.
Le fort servait de lieux de stockage et de transport des marchandises durant la période coloniale. Mais aussi de lieux de refuge pour les populations durant les guerres tribales entre les chefs de la localité. Aujourd’hui, le Fort Pinet Laprade est à l’abandon. Ses murs sont lézardés et presque toutes ses pièces inutilisables.
L’Île du Diable :
Pour les habitants de Sédhiou, l’île s’appelle Diohé, mais pour le colon, c’est l’Île du Diable. Ce surnom maléfique vient des événements paranormaux qui s’y sont déroulés entre 1936 et 1937, alors que ce dernier voulait transformer le lieu sacré et craint par tous les enfants du Pakao en Centre de détention, à l’image de Gorée. « L’entêtement du colon à vouloir viabiliser l’île de Diohé a coûté 27 vies. Les corps sont toujours dans l’île, près de la berge. Refusant de croire aux avertissements des autochtones, il a débuté les travaux de défrichage avec plusieurs détenus de droit commun astreints à la corvée. Mais à chaque fois qu’une journée de travail se terminait au crépuscule, les travailleurs retrouvaient les lieux intacts le lendemain. Comme s’ils n’avaient rien fait. Une situation aussi bizarre que malheureuse avec des morts qui ont conduit le colon a donné le nom d’Île du Diable à ce lieu », fait savoir le vieux Fassar Souané.
Diabolique ou pas, l’île fait l’objet d’une attention particulière des pêcheurs qui en sont, par la force des choses, les gardiens. Ils ne s’aventurent dans ce lieu que pour des excursions rapides et à certaines conditions. Tout le monde doit accepter de ne rien emporter en quittant l’île.
Le mystérieux billet de 1000 FCFA
Débarquée sur l’Île du Diable après l’intermédiation de Paul Bouamé, un collègue journaliste, l’équipe de REUSSIR y a fait un tour rapide avant de rebrousser chemin. C’est à ce moment qu’elle est tombée sur un billet de banque tout neuf : un billet de 1000 FCFA posé à même le sol. Qui l’y a posé ? Comment il est arrivé sous ce baobab ? Aucune réponse. Le piroguier qui nous a transportés sur les lieux nous déconseille de le prendre et surtout de nous débarrasser des fruits de pain de singe cueillis sur l’île. « On peut manger tout ce qu’on veut, mais tout doit rester ici », nous a-t-il conseillé.
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