- En quoi consiste votre projet choisi par le Jury du Forum pour être financé par la Fondation Tony Elumelu ?
Le projet a consisté en la création d’INNOVAFRICANET, une entreprise qui évolue dans le monde des médias et de la communication. Comme première et principale activité à ce jour, INNOVAFRICANET a lancé le 16 mars 2016 le site d’informations en ligne www.innovafrica.net. Spécialisé dans les Technologies de l’information et de la communication, le digital ou encore le numérique, innovafrica.net se veut non seulement une plateforme d’information, mais également un instrument de vulgarisation, d’accompagnement des créateurs, innovateurs, porteurs de projets ; bref de tous les acteurs de la révolution numérique en Afrique.
C’est ainsi que, à innovafrica.net, nous faisons le pari de miser sur ce secteur en mettant l’accent sur les solutions technologiques et numériques à fort impact socio-économique.
- Quand on parle d’entrepreneuriat, on ne pense pas souvent aux acteurs de la presse et aux journalistes en particulier, comment vous est venu l’idée de votre projet ?
Je dois dire que les temps ont changé. Si l’entreprenariat dans le secteur de la presse était l’apanage d’hommes d’affaires, aujourd’hui, la donne a évolué avec l’apport de l’internet et des technologies de l’information et de la communication.
Pour ma part, après plus de dix ans de pratique journalistique dans un magazine dakarois qui ne paraît plus, j’ai décidé de voler de mes propres ailes. J’avais déjà rédigé un projet de groupe de presse et de communication en attendant un hypothétique bailleur. Quand la Fondation éponyme du philanthrope nigérian, Tony Elumelu, a lancé l’édition 2018 de son programme, j’ai postulé et mon projet a été retenu. La fondation m’a alors promis un fonds d’amorçage. Je n’ai pas attendu le financement, qui n’est pas encore effectif, et j’ai démarré les activités de mon entreprise.
Tout pour dire, qu’aujourd’hui, il est devenu moins difficile de se lancer dans l’entreprenariat de presse, même si un site internet nécessite également un certain nombre de moyens financiers et logistiques. Maintenant, mon défi est de traverser ce que l’on appelle dans le jargon de l’entreprenariat, la « vallée de la mort », car très peu de startups survivent au-delà des trois premières années qui suivent leur création.
- Vous avez participé à ce Forum en tant que journaliste pour couvrir cet évènement au Nigeria, est-ce cela qui a créé ce déclic qui vous a poussé à prendre part en tant que candidat ?
En 2016, j’étais à Lagos pour couvrir le Forum des jeunes entrepreneurs sélectionnés par la Fondation Tony Elumelu pour le compte d’un site d’informations économiques. A mon retour, j’en ai parlé à ma sœur et à des amies, qui s’activent dans l’entreprenariat, pour qu’elles tentent leur chance, vu qu’il existe une discrimination positive au profit de la gent féminine. Ce qu’elles n’ont pas fait. Quand j’ai eu vent de l’ouverture des dépôts de projet pour la cohorte 2018, j’ai dépoussiéré le mien que j’avis ficelé depuis deux ans. J’ai postulé et, voilà, vous connaissez la suite.
- Qu’est-ce que ça vous a fait d’être de l’autre côté de la table en tant que candidat et non journaliste ?
Il s’agit d’une opportunité que j’ai saisie et je me réjouis aujourd’hui de faire partie des sélectionnés. Que l’on soit journaliste ou que l’on exerce une autre profession, le programme est bénéfique pour tout porteur de projets. Je ne parle même pas du financement, mais les cours en ligne, le mentorat ou encore le réseautage sont autant d’avantages dont bénéficient les alumni. Pour autant, je demeure un journaliste même si aujourd’hui je débute dans l’entreprenariat.
- En tant que journaliste Francophone, est ce que cela n’était pas un frein pour vous de participer à ce Forum destiné aux anglophones ?
Je ne suis pas nul en anglais (Rires), mais heureusement, sur la plateforme dédiée aux entrepreneurs sélectionnés, trois langues sont utilisées : l’anglais, le français et le portugais. Il y a le fait que les anglophones constituent la grande majorité des postulants et des sélectionnés. La Fondation en est consciente et encourage les candidatures d’entrepreneurs venant de pays francophones et lusophones, et celles féminines.
- Ou est-ce que vous en êtes aujourd’hui avec la mise en œuvre de ce projet ?
Comme je l’ai dit plus haut, les activités d’INNOVAFRICA ont démarré avec le lancement du site d’informations, innovafrica.net, il y a près de huit mois. Donc, je suis à la phase d’amorçage. Et comme on dit, tout début est difficile. En plus, la spécialisation de la plateforme fait que nous n’avons pas encore le nombre de visites comme pour les sites les plus anciens et qui font de l’information générale. Par conséquent, les annonceurs traînent les pieds pour nous accompagner. L’Etat sénégalais, à travers ses différents démembrements, fait comme si le site n’existait pas, alors que nous avons déposé des demandes d’agrément ou d’accompagnement. Je ne comprends pas ce paradoxe au moment où le Sénégal dit miser sur le numérique et que notre projet soit reconnu ailleurs et non pas dans mon pays. Je ne baisse pas pour autant les bras, car je suis conscient qu’il n’est facile d’être entrepreneur en Afrique. Ce qui ne doit pas constituer un obstacle pour ceux qui veulent démarrer leur entreprise. D’autant que nous vivons l’époque du « Doing yourself » ou « Fais-le toi-même ».
- Quelles sont vos attentes par rapport à ce projet ?
Les attentes sont nombreuses, mais je dois y aller step by step. J’ai un premier planning étalé sur trois ans, selon un modèle économique bien défini. La première année concerne la phase d’amorçage durant laquelle, je présente mon business plan pour trouver du financement. Ainsi, je pourrai m’équiper davantage sur le plan logistique : trouver un local et plus de matériels, par exemple.
Jusque-là, je roule avec des fonds propres. Comme cela n’est pas viable sur le long terme, j’espère trouver des financements auprès de l’Etat, de privés ou de business angels. Il y a un FAI qui est intéressé par une prise de capital dans l’entreprise. J’envisage de débuter les pourparlers prochainement. Si j’obtiens ces fonds et/ou une prise de participation de la part d’investisseurs, cela pourrait faciliter mon objectif qui est à terme de positionner innovafrica.net dans le paysage médiatique africain pour en faire une plateforme incontournable dans l’écosystème numérique du continent. Je veux à cet effet interpeller les pouvoirs publics à davantage soutenir et accompagner objectivement les startups et les acteurs de l’auto-emploi, qui sont également pourvoyeurs d’emplois. Je dis objectivement, car souvent, on leur reproche de le faire juste par clientélisme politique.
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