C’est quoi l’assainissement autonome ?
L’assainissement autonome est le type de gestion des eaux usées domestiques qui utilise une fosse septique. A noter que ce type d’assainissement est actuellement utilisé dans des pays dits développés comme la France ou les USA. Il est complémentaire à l’assainissement collectif qui utilise le réseau d’égout (canalisations, stations de pompage et stations d’épuration).
Nous parlons ici d’eaux usées domestiques et pas d’eaux usées industrielles ou d’eau pluviales. L’assainissement autonome intéresse 70 à 100% des populations urbaines des pays en développement. La raison est simple : il n’est pas encore possible pour ces pays de généraliser l’assainissement collectif (réseau d’égout), en raison de ses coûts d’investissement et d’exploitation très élevés. C’est dire l’importance de l’assainissement autonome en Afrique. Au Sénégal, ce sont environ 90% des ménages qui l’utilisent. Comme toute technologie de traitement des eaux usées (y compris les stations d’épuration), de la boues est produite par l’assainissement autonome. Rien qu’à Dakar, ce sont environ 1700 m3 de boues brutes ‘liquide) qui sont produites quotidiennement. Sans une prise en charge adéquate, cela représente un danger réel pour la Santé Publique et l’Environnement. Et c’est là que l’on peut apprécier à leur juste valeur les enjeux liés au traitement de ces boues et en particulier à l’Omniprocessor. »
C’est quoi l’Omniprocessor (OP) ?
L’OP est une des composantes d’un Programme développé par l’ONAS autour de l’assainissement autonome, en partenariat avec la Fondation Bill & Melinda Gates. Le Programme de l’ONAS vise l’organisation de cet important secteur de l’assainissement autonome et porte sur toute la chaîne de valeurs.
L’OP a plusieurs avantages comme la:
– Facilitation de l’accès des populations à des toilettes innovantes à travers un fonds de garantie pour la toilette ;
– Facilitation de l’accès des vidangeurs à des camions de vidange à travers un fonds de garantie pour le vidangeur ;
– Construction de la plus grande station de traitement des boues de vidange de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (400 m3 /jour) ;
– Conception d’une machine innovante (l’OP), unique au Monde, destinée à donner de la valeur financière aux boues de vidange. Cette machine fonctionne sur le principe de la combustion et produit, à partir des boues de vidange séchées, de l’électricité, des cendres utilisables dans le génie civil et dans l’agriculture et de l’eau utilisable pour divers besoins (tenant compte des réalités socio-culturelles, économiques et écologiques). Elle a d’abord été testée aux USA pendant deux ans avant son arrivée à Dakar.
Au Sénégal, des tests sont en cours sur les cendres avec l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) et l’Ecole Supérieure Polytechnique (ESP), avec d’excellents premiers résultats dans le génie civil et dans l’agriculture.
De nombreuses analyses sont effectuées sur l’eau de l’OP par le Laboratoire National d’Analyses et de Contrôle (LANAC) du Ministère du commerce (qui contrôle les produits alimentaires au Sénégal) et par le laboratoire de l’ESP. Résultat : la qualité physique, chimique et biologique de l’eau est parfaite (pour mémoire, l’eau de l’OP est extraite par distillation à plus de 800°C – Aucun être vivant connu à ce jour ne résiste à une telle température : ni virus, ni bactérie, ni parasite, ni champignon). Toutefois, dans le contexte sénégalais, cette eau est utilisée pour l’arrosage de la pelouse autour du site qui accueille l’OP. Dans le futur, elle sera utilisée comme eau de process pour la fabrication de produits non alimentaires comme de l’eau distillée utilisée pour le refroidissement des moteurs. Donc, aucun usage alimentaire d’aucune sorte, direct ou indirect, avec l’eau de l’OP au Sénégal.
D’ailleurs, le Gouvernement du Sénégal a une position très claire : pas d’appropriation de l’OP avant la fin des tests sur un temps suffisamment long pour éprouver les résultats. Ainsi, la cérémonie qui avait été prévu à l’époque pour accueillir la machine avait été annulée. Le Gouvernement est encore dans l’attente de la fin de l’expérimentation, avec des résultats fiables, éprouvés.
Quelle est la relation entre l’eau produite par l’OP et l’eau de la SDE ?
Il n’existe aucune relation entre l’eau de la SDE et celle produite par l’OP, vraiment aucune ! A noter que l’OP produit actuellement moins de 2 m3/jour. Il produira moins de 10 m3/jour dans l’avenir, une fois en plein régime. Cette quantité est plus qu’infinitésimale par rapport à la production de la SDE et ne peux donc en aucun cas l’intéresser. Par conséquent, il n’est pas juste d’établir un quelconque lien entre ces deux types d’eau.
Par ailleurs, faire le lien entre l’eau de l’Omniprocessor et l’eau vendue en sachet ne fait que nuire aux nombreux sénégalais qui vivent de l’activité de vente de ce type d’eau. Il me semble qu’il faut d’arrêter cela.
Pourquoi le choix du Sénégal ?
Le Sénégal a été choisi parce qu’en dehors de l’Afrique du Sud, il présente le meilleur profil dans le domaine de l’assainissement en Afrique subsaharienne, même s’il reste beaucoup à faire. Le pays dispose, entre autres, de ressources humaines de qualité dans le domaine de l’assainissement, d’un cadre institutionnel et juridique clair, d’un secteur privé dynamique et organisé dans le maillon « collecte et transport » et de 12 Stations de traitement de boues de vidange (la plupart des capitales africaine ne disposent même d’une de ces unités).
La Fondation a voulu encourager le Sénégal dans ces efforts, au moment où de nombreux pays africains et asiatiques (y compris l’Inde et la Chine) se battaient pour accueillir l’Omniprocessor.
Aujourd’hui, le Sénégal exerce, dans le Monde, un leadership fort dans le domaine de l’assainissement autonome. Des délégations venant du Monde entier (Afrique, Europe, Amérique, Asie) viennent en continu découvrir l’expérience de notre pays en la matière. Il ne me semble pas une bonne chose, pour nous sénégalais, de « mettre du sable dans le couscous » ! Personne ne gagne dans une telle pratique et tout le monde perd au finish ! De nombreux pays africains et asiatiques se bousculaient pour accueillir l’OP. Le Sénégal a été retenu du fait de son expérience nettement plus grande dans le domaine de l’assainissement. Soyons-en fiers !
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