Sur l’échelle régionale, WARA a assigné la note de long terme du leader ivoirien du catering aérien, Servair Abidjan à «BBB+», en grade d’investissement, et sa note de court terme est « w-3 ». Cette note est mise sous surveillance, avec une perspective qui passe de positive à incertaine.
Structurellement, la notation reflète des perspectives de croissance encourageantes pour l’entreprise, en raison de l’amélioration du contexte économique et politique ivoirien, qui favorise le décollage du trafic aérien. La situation financière de Servair Abidjan est saine : elle se caractérise par une rentabilité qui se stabilise, une rotation des actifs satisfaisante et un niveau maîtrisé de dette financière. Le support opérationnel du Groupe Servair est un avantage indéniable, par le truchement des conventions de marque et de prestation de services.
L’entrée depuis décembre 2016 de Gategroup dans le capital du Groupe Servair à travers l’acquisition de 49,9% des parts précédemment détenues par Air France constitue un tournant majeur pour Servair Abidjan qui bénéficie de nouvelles synergies au niveau groupe.
La stratégie de développement dans le segment hors-aérien amorcée depuis plusieurs années se précise avec une stabilité en ce qui concerne la contribution de ce segment au revenu de la société entre 2016 et 2017: cette approche devrait apporter une forme de diversification opérationnelle nécessaire. Servair Abidjan se différencie de manière explicite par l’hygiène et la qualité, ce qui est à même d’ériger (dans une certaine mesure) des barrières à l’entrée, et de fidéliser sa très exigeante clientèle.
Cela dit, la meilleure attractivité du territoire ivoirien attise l’appétit des concurrents et Servair Abidjan a dû concéder son activité de «cleaning», tout en essayant de conquérir de nouveaux marchés, ce qui suppose de nouvelles charges d’investissement. La concentration du portefeuille de clients B2B sur un nombre limité de compagnies aériennes est très élevée : deux compagnies contribuent aujourd’hui à près de la moitié de son chiffre d’affaires.
La performance financière passée de Servair Abidjan s’est avérée très volatile, ce qui suggère une très forte corrélation du modèle d’affaire de Servair Abidjan à la macroéconomie ivoirienne, qui peut encore s’avérer prône aux chocs. La croissance si longtemps attendue génère une pression croissante sur les ressources humaines et l’outil de production. Motivé par la rentabilité plus faible des trois restaurants Burger King qu’elle détenait, relativement à ses autres activités (catering et restauration de collectivité), Servair Abidjan au cours de son Conseil d’Administration du 14 décembre 2017, a approuvé la cession de l’activité Burger King détenue par la société à SIARR CI à la date du 31 décembre 2017.
Selon Oumar Ndiaye, l’analyste principal en charge, pour WARA, de la notation de Servair Abidjan, la notation de Servair Abidjan ne bénéficie d’aucun facteur de support externe.
« En revanche, la notation intègre explicitement l’assistance permanente et l’avantage de la marque que reçoit Servair Abidjan de son actionnaire de référence, le Groupe Servair, troisième acteur mondial du catering aérien » précise Oumar Ndiaye.
La mise sous surveillance de la note de Servair Abidjan est au demeurant la conséquence directe de ces incertitudes quant à la convention de concession avec l’Etat ivoirien. WARA estime que les implications demeurent incertaines, compte tenu du fait que l’état des négociations entre la puissance publique et le concessionnaire, à l’heure actuelle, ne permet pas de présager d’un scénario favorable ou défavorable à l’entreprise a priori. C’est la raison pour laquelle, selon les normes de WARA, une nouvelle revue de la notation est prévue au plus tard le 30 octobre prochain, afin d’affiner davantage l’analyse des scénarios les plus plausibles quant au contrat de concession.
Donc la note de « BBB+ » assignée par WARA à Servair Abidjan est donc deux crans au-dessus de la note acceptée par le CREPMF pour émettre sans garantie.
Tabaski Thiam Stagiaire
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