Au Sénégal les veilles de fête, plus précisément la tabaski, sont fastes, avec beaucoup de mouvements, dans les secteurs d’activité comme celui de la coiffure qui bouge à la vitesse de la lumière, du côté de la diaspora sénégalaise en France, rien ne se passe. Les salons ne bougent pas. En tout cas, ils ne vibrent pas ou ne grouillent pas au rythme de la tabaski.
Selon la thiessoise Coumba Diop, coiffeuse dans le salon Lazer Cuts établi à Strasbourg Saint Denis, les gens ne voguent même pas dans la vage de la Tabaski. «Depuis 2011, je passe la Tabaski en France. Tu ne vois personne en parler, faire des marchés pour préparer la fête, passer la nuit dans les salons pour se coiffer, rencontrer des troupeaux de moutons. C’est comme si dans ce pays, on ne connait même pas cette fête. Je suis coiffeuse, mais je n’ai jamais eu de cliente qui se coiffe pour préparer la Tabaski. Elles n’ont même pas le temps » a informé Coumba Diop qui ne se sort pas du lot. Car, le jour de la Tabaski qui tombe même sur un jour ouvrable, elle compte rallier son boulot pour gagner sa vie afin de pouvoir se prendre en charge.
Jeune étudiante, en troisième année, Fatou Diop qui se fait des tresses américaines, signale que si elle ne travaille pas, elle ne pourra pas se prendre en charge loin de ses parents, de sa famille. Pour elle, c’est fini le fait de s’attarder sur des jours de fête. « Si je pouvais, ou si la loi me l’autorisait, j’allais travailler 24/7. Quand on doit tout faire par soi même, on n’a pas le temps pour des détails. Le jour de la Tabaski, je vais au boulot. A mon retour, je dors pour me reposer et retourner au boulot le lendemain » a fermement lancé le jeune étudiante. Elle ne manque pas de passer par le cousinage à plaisanterie pour dire que pendant la fête les « Ndiayene » ne parlent que de la viande alors que tous les jours ils en mangent. Pour elle, on doit exiger des gens de se limiter à la prière, comme celle du vendredi, qui est le plus important et de retourner au travail. « Sinon, nous serons toujours là à demander l’aide extérieure » prévient la jeune étudiante.
Coiffeuse dans le salon Kina Hair, Mariama Ndao qui en est à sa cinquième année en France s’est une fois faite plaisir en se procurant un tissu dont elle minimise la qualité, et qu’elle a amené chez le tailleur pour un boubou simple. « Ici, on ne cherche pas à plaire par l’accoutrement, on ne met que ce qu’on a. Que ce soit le boubou avec lequel on est arrivé en France il y a cinq ans ou non, personne ne s’y attarde. La seule pression qu’on a c’est le travail » a soutenu Mariama Ndao.
Revenant au rush de la clientèle pendant la Tabaski, Mariama abonde dans le même sens que sa compatriote du Lazer Cuts en soutenant que c‘est marginal. «On se coiffe le plus simplement possible. Ici, c’est pendant les fêtes de Noel ou de Pacques qu’on note le plus de rush » a révélé Mariama Ndao.
Cheikh Anta Seck, Journaliste
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