A l’occasion de la réunion du fonds Africa50 tenue récemment à Naïrobi au Kenya les présidents kenyan Uhuru Kenyatta et de la Banque africaine de développement (BAD) ont lancé un appel urgent en faveur du développement et du financement de projets d’infrastructure bancables afin de soutenir la croissance de l’Afrique.
En effet, le président Kenyatta a déclaré que le soutien à des projets bancables dans les domaines de l’énergie, des transports, des TIC, de l’eau et de l’assainissement offre des opportunités sans précédent pour la participation du secteur privé. « Le secteur privé doit intensifier et nous aider à combler le déficit d’infrastructure sur le continent africain. Le financement public est limité et il existe des priorités concurrentes », fait il savoir.
Uhuru Kenyatta a, par ailleurs, annoncé que le Kenya allait doubler son investissement en actions dans le fonds Africa50 en le faisant passer à 100 millions de dollars. « Nous devons avoir la confiance nécessaire pour faire confiance et investir dans notre propre infrastructure. Cultivons notre partenariat et faisons d’Africa50 un succès ».
Notons, à cet effet, que selon les statistiques fournies par la BAD, les besoins de financement des infrastructures du continent s’élèvent à près de 170 milliards de dollars par an, laissant un déficit de financement de 68 à 108 milliards de dollars.
Pour sa part, Akinwumi Adesina, président d’Africa50, a soutenu que « nous devons agir avec rapidité et urgence ». Il a également souligné l’importance de s’attaquer aux facteurs qui entravent les investissements dans les infrastructures du secteur privé, notamment les coûts élevés de financement, l’absence de tarifs reflétant les coûts, la faible rentabilité et la faiblesse des cadres réglementaires.
Autant de raisons pour lesquelles le financement des infrastructures par le secteur privé en Afrique reste faible, avec une moyenne de 6 milliards de dollars par an. En 2016, le chiffre a atteint 2,6 milliards de dollars.
Soulignant la nécessité pour le continent d’adopter de nouveaux modèles de financement des infrastructures, Akinwumi Adesina a déclaré que « nous devons travailler intelligemment pour attirer des niveaux plus élevés de financement des investissements pour le développement des infrastructures en Afrique. À l’échelle mondiale, il existe environ 120 billions de dollars américains d’épargne et de capital-investissement. L’Afrique doit attirer de manière créative une partie de ce capital sur le continent ».
Par ailleurs, le président de la BAD n’a pas manqué de féliciter le président Kenyatta pour l’engagement et les investissements audacieux de son pays dans le développement des infrastructures au cours des cinq dernières années. L’infrastructure représente 77% du portefeuille de la Banque au Kenya.
Il a également exhorté les pays qui ne sont pas encore devenus actionnaires d’Africa50 à le faire. Le fonds comportant actuellement une base d’actionnariat de 25 états africains.
A noter que trois ans après sa création, le fonds Africa50 est devenu un acteur clé dans les investissements dans les infrastructures, avec des taux de rentabilité commerciaux en Afrique. Il a mobilisé plus de 850 millions de dollars en investissements dans les infrastructures et prévoit mobiliser jusqu’à 3 milliards de dollars par l’intermédiaire de son guichet du secteur privé.
Africa50 a réalisé des investissements importants dans un certain nombre de pays actionnaires, notamment en Égypte (centrales solaires de 400 MW), au Nigeria, au Sénégal et au Kenya, entre autres.
Agence Ecofin
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