De prime abord, il est un jeune homme normal qui vaque à ses occupations. Mais c’est juste pour ceux qui s’arrêtent à l’apparence physique, car Bachir Dieng est une personne vivant avec un handicap vocal. Un mal acquis par imitation depuis son tendre enfance. Un bégaiement, qui le laisse souvent en marge des activités de la vie quotidienne. Pourtant, c’est un garçon très dynamique qui essaie d’aller au-delà de son handicap pour se hisser au même niveau que les personnes de son âge ne présentant pas de handicap. En effet, la vingtaine révolue, le logisticien de formation, est l’actuel président des handicapés vocaux du Sénégal et non moins ancien président du rassemblement des étudiants de l’ENSUP.
Bachir a pris son courage à deux mains pour relever le défi de son bégaiement et montrer qu’on peut être handicapé et toujours servir son pays. C’est ainsi qu’au début de son combat, il animait une émission surnommée « Temps Boy » sur la RFM avec le célèbre animateur Sidath Thioune. En 2016, il a créé par le biais de ce même homme des médias le rassemblement des handicapés vocaux du Sénégal. Ce mouvement compte environ 3 000 adhérents sans compter ceux qui l’appellent d’un peu partout à travers le monde pour magnifier son courage. « Ils admirent mon engagement et mes plaidoyers pour la cause des personnes vivants avec un handicap », explique-t-il. En effet, poursuit-il, l’idée de créer ce mouvement est née de la stigmatisation dont souffre les personnes comme lui et qui peut aller jusqu’à une exclusion de la société. « Il n’est pas rare de se voir rejeter d’un entretien d’embauche juste parce que tu es bègue. Cela arrive souvent à des personnes qui partagent ce handicap et c’est vraiment écœurant», proteste-t-il. C’est pourquoi il mène ce combat afin que les handicapés vocaux puissent être mieux considérés, mais surtout dire aux gens que quelle que soit la situation, ils auront toujours leurs mots à dire. « Nous devons participer au développement et au rayonnement de notre pays, de notre continent. Certes, nous sommes dans un monde ou la communication est primordiale, mais cela n’a rien avoir avec le bégaiement donc on doit donner la possibilité aux handicapés vocaux de jouir d’exercer les mêmes métiers que les personnes dites normales et ne les juger qu’au résultat », dit-il.
D’après lui, c’est un peu frustrant de voir un handicap vocal qui n’ose pas prendre la parole en public. « Pour ma part, j’ai eu à occuper des postes de responsabilités à l’UCAD et ENSUP-Afrique. Et à chaque fois, même si certains de mes camarades me croyais incapable de jouer pleinement ce rôle de leader vu mon handicap, mais j’ai pu relever le défi », fait-il savoir.
C’est ce qui l’a encore plus motivé à écrire un roman intitulé « le parcours d’un handicap vocal à l’assaut des mouvements syndicaux ». Pour mieux sensibiliser sur la question des handicapés du Sénégal, il compte aussi organiser des panels et des colloques en partenariat avec des orthophonistes pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants, et participer à la formation de ces handicapés vocaux.
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