Vous avez quelque chose à ajouter ?
C G : Forcément, quand on pense Ramadan, on pense dattes, d’abord. C’est le premier réflexe du Musulman parce qu’aussi, c’est une recommandation du Prophète (PSL), dès la rupture du jeûne, de prendre des dattes. Vous aurez à l’expérimenter à moins de 15 jours avant le Ramadan en termes d’étalage de dattes sur le marché. Que ce soit dans les supermarchés ou superettes, dans les coins de la rue, voire même dans la circulation, avec de petits sachets de 50 ou 100 FCFA, etc.
La consommation de dattes, pendant cette période, est extraordinaire au Sénégal et c’est le premier élément qu’on voit. On constate aussi une surconsommation de boissons chaudes (café, lait, thé…). Au moment de la rupture du jeûne, les gens préfèrent prendre des boissons chaudes. Le matin également, assez tôt, ils prennent aussi du chaud. Ce qui explique que la consommation des produits comme le café, le thé ou lait augmente pendant cette période. A côté des boissons sucrées chaudes, il y a également les boissons sucrées froides comme le bissap, le corossol, le gingembre… qui constituent des produits dont la consommation, dans les familles et les restaurants, est très importante…
«Le beurre Jadida du groupe Senico, si je me souviens bien, avait fait fureur à son lancement, à l’époque, durant le mois de Ramadan…», Cheikh Tidiane Guéye
En plus de notre produit de base qui se trouve être le riz. Le Sénégalais lambda à qui vous présentez du riz à 20 ou 21H, en dehors du mois de privation, va le rejeter, car ne faisant pas partie de ses habitudes. Mais, pendant le Ramadan, c’est tout à fait le contraire. Dans toutes les familles où vous irez, vous avez du riz. On voit donc qu’il y a finalement juste un transfert d’horaires de consommation. Je n’ai pas les statistiques, mais je pense qu’il serait intéressant de voir la consommation du riz pendant le mois du Ramadan et je suis sûr qu’elle serait supérieure à celle pendant les périodes normales.
Comment expliquer la hausse de la consommation de certains produits durant le Ramadan ?
T G : Durant cette période, on a l’habitude de faire beaucoup d’achats. La pression des enfants pour les chefs de famille et les contraintes sociales imposent beaucoup de dépenses. Je pense qu’en réalité, ce sont les yeux qui ont faim, et pas le ventre, et ça, l’industrie alimentaire l’a bien comprise et joue sur cet aspect. Cela pousse certaines personnes à prendre tout ce qu’ils voient sur la route, histoire de dire : à la rupture, je vais compenser. On se retrouve avec plusieurs mets entre les mains sans pour autant pouvoir les consommer.
Prenons, par exemple, la consommation de beurre. Le beurre Jadida du groupe Senico, si je me souviens bien, avait fait fureur à son lancement, à l’époque, durant le mois de Ramadan.
Au-delà de l’aspect consommation alimentaire, il y a aussi tout ce qui est tapage médiatique, si je peux l’expliquer ainsi. Cette période offre des possibilités par le canal de spots publicitaires, des émissions sponsorisées, des petits scénarios de théâtre. Juste avant la rupture du jeûne, on montre un petit spot publicitaire ou un petit scenario pour dire, par exemple : «Patisen vous souhaite un bon Ndogou.»
J’en ai connu avec des produits de ce type, comme Chocoleca dans le temps, ou Chocolion, aujourd’hui. Je vous ai également parlé du pain. Devant toutes les boulangeries du pays, c’est la queue à partir de 18 heures.
Il y a également les banques dont les activités sont boostées durant le Ramadan. Elles accordent du crédit à court terme aux travailleurs qui veulent améliorer la qualité de leur vie durant ce mois. Il y a aussi les médias en général, qui vendent beaucoup d’espaces publicitaires.
A contrario, avez-vous remarqué des secteurs gênés par le Ramadan ?
M S : C’est un peu comme un paradoxe. Oui ! Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres. L’industrie de la restauration souffre pendant ce mois de Ramadan. Les artistes également observent très souvent une pause pendant ce mois, sauf ceux qui ont la chance de pouvoir se produire sous d’autres cieux.
Y a-t-il des effets moins appréciés du Ramadan, les médias par exemple ?
M S: Pendant le Ramadan, on parle beaucoup d’encombrement en termes de spots à la télévision qui réduit un peu l’efficacité de la communication. Pendant cette période, le Prime time est très court, juste quelques minutes avant le Ndogou et une heure après. Tout le monde veut se faire voir pendant cette tranche horaire. Ce qui fait qu’on parle beaucoup d’encombrement qui réduit l’efficacité des spots publicitaires. C’est un moment pour faire voir ses produits par rapport à une cible qui est devant sa télévision, à des heures qu’on connaît très exactement et de façon très précise.
«L’encombrement publicitaires durant le Prime Timeréduit l’efficacité des publicités…», MALICK SECK
On observe le même phénomène au niveau des radios, même si, ici, la période de concentration est plus longue. Pour les journaux aussi, c’est l’occasion de se faire de la publicité citoyenne en achetant des pages de pub pour «souhaiter un bon Ramadan». Une publicité qui n’est pas forcément commerciale, mais plus institutionnelle comme en période de Magal, Gamou ou de fin d’année. Nous-mêmes, RIA, sommes en train de préparer ce genre de document pour souhaiter un bon Ramadan à nos clients d’ici et de la Diaspora.
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