Il n’est pas exclu que ce soit encore le cas cette année. Pareille situation est très difficile pour les ménages, mais profitable pour les importateurs, revendeurs, les médias… qui font de bons chiffres d’affaires. Elle est également stimulatrice de la croissance économique.Le Ramadan est, au Bénin, une période de rassemblement pour les familles musulmanes. Une occasion propice pour se mettre autour d’une table en vue de partager un repas et savourer des moments de bonheur. La consommation porte sur des aliments comme les carottes, choux, laitue, pommes de terre, avocats, ananas, bananes, oranges. Sans oublier les produits manufacturés comme le lait, le sucre et les boissons non-alcoolisées, généralement importées en grande quantité pour répondre à la forte demande. Laquelle entraîne la hausse des prix.
Rencontrée au marché des fruits et légumes de Cadjèhoun à Cotonou, Mehinto Rachelle a du mal à cacher sa désolation : «Les fruits, pendant cette période de Ramadan, coûtent très cher. Cette situation est davantage compliquée par ces temps de morosité économique que traverse le Bénin.» Pour Kewoubi Bernard, autre consommateur, «les difficultés financières au cours du Ramadan sont énormes et le prix des denrées alimentaires a plus que doublé. Le prix d’une orange est passé de 25 francs à 50 ou 75 FCFA. Pareil pour la banane et la carotte.»
Passant à la loupe les causes de l’inflation, Dr Déo-Gracias Orphée Zoundji affirme que «les consommateurs, qui n’avaient pas l’habitude de consommer et qui, par contrainte ou pratique, sont appelés à le faire dans la période, justifient cette hausse observée. Considérant que les prix auxquels les produits sont vendus dépendent de l’offre et de la demande, la hausse de la demande de fruits et légumes en période de Ramadan provoque un déséquilibre sur le marché.»
Des prix de vente en fonction des prix d’achat
Réaliste et peu portée sur les explications, Roukiath, vendeuse d’oranges, lance : «Nous ne sommes pas responsables de l’augmentation des prix au cours du mois de Ramadan. Nous ne sommes que des revendeuses et revendons les fruits en fonction de leur prix d’achat.»
La forte consommation des fruits en période de Ramadan pousse les opérateurs économiques à maintenir les prix à un niveau élevé. Ce que reconnaît presque Ahinon Alexandre, gérant d’un magasin de fruits à Cotonou. Apparemment satisfait de la bonne marche de ses affaires, il affirme : «Il n’y a pas une saison aussi profitable comme celle du Ramadan.»
Même si l’inflation ne dure que le temps du Ramadan, elle n’en a pas moins des conséquences positives sur la croissance économique du pays. Ce que reconnaît l’économiste Gildas Magbondé, quand il déclare : «Si l’inflation est modérée, 2 ou 3%, elle peut être source de croissance économique de courte période, c’est-à-dire juste une hausse du PIB sur l’année concernée ou la période concernée. Ceci est dû au fait que l’inflation accroît les recettes des entreprises et, du coup, elles sont stimulées à produire plus et à investir. Selon cette courbe, une hausse du taux d’inflation entraîne une baisse du taux de chômage et, par ricochet, cela stimule la croissance économique.»
Bizarrement, les agences de communication, les chaînes de télévision (les médias en général) sont prises d’assaut par les grands magasins pour annoncer des réductions sur certains produits agroalimentaires pendant le Ramadan.
Dans tous les cas, «l’inflation observée sur le marché des fruits et légumes en période de Ramadan est conjoncturelle et ne peut être contenue par une politique sectorielle orientée», analyse Dr Zoundji qui propose, en guise de solution, des politiques visant à l’augmentation de la production de saison et de contresaison, la diversification et la conservation des fruits et légumes.
Les instituts de recherche agricole doivent, à ce propos, être des maillons essentiels.
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