La démarche, basée sur l’anticipation et les besoins futurs des populations par la réalisation de projets de dernière génération, est bonne, mais faut-il, après tout cela, faire un suivi rigoureux et régulier des travaux. Mettre en place un système de contrôle a posteriori qui préserve l’argent des contribuables injecté dans ces infrastructures. «Pourquoi ne contrôlons-nous pas les contrôleurs ? Il est difficile de concevoir une route, un aéroport, un grand projet structurant où même des travaux de réhabilitation qui engloutissent des centaines de milliards FCFA et qui, 3 ou 4 ans après livraison, tombent en décrépitude. C’est inconcevable ! Raison pour laquelle, l’Association des Consommateurs du Sénégal (Ascosen) invite l’Etat à mettre en place un service qui contrôle les contrôleurs. Ces structures doivent garantir la qualité de service des commandes de l’Etat pour améliorer la qualité de vie des usagers sénégalais. Et si elle n’est pas au rendez-vous, elles doivent être sanctionnées», estime Momath Cissé, vice-président de l’Ascosen.
A l’en croire, ce déficit de contrôle a posteriori de la commande publique, en général, fait que la plupart des infrastructures réalisées au Sénégal dépérissent très peu de temps après leur inauguration. Il faut donc renforcer les contrôles de qualité pour qu’une infrastructure, garantie 20 ans, reste 20 ans en bonne qualité. Si une entreprise venait à ne pas respecter ses engagements, en termes de garantie de qualité dans le temps, qu’elle soit automatiquement exclue de tous les autres chantiers publics ou privés. L’exemplarité de la sanction et sa lourdeur sont, selon le défenseur des droits des consommateurs, un moyen assez dissuasif pour encourager le respect de la loi. Tout ce qui fait défaut au Sénégal.
En effet, M. Cissé donne l’exemple de la politique de la surcharge à l’essieu. «Les camions sont toujours surchargés et ils continuent à circuler sur des routes sur-utilisées qui n’ont pas été conçues pour résister à autant de trafic et autant de poids. Elles se détériorent au bout de 4 ans d’utilisation. Tout cela à cause de la non-application de la loi : un laxisme coupable», renseigne-t-il.
Toutefois, Momath Cissé ne met pas tout sur le dos de l’Etat et des structures de contrôle des infrastructures. En tant qu’usager, il reconnaît que le comportement incivique des Sénégalais participe à accélérer la détérioration des infrastructures. «Il n’est pas rare de tomber sur des glissières, des rampes de protection ou des lampadaires qui sont volés par des Sénégalais. Les rails du TER, qui n’est pas encore fonctionnel, ont été volés récemment», souligne le consumériste.
La politique infrastructurelle doit avoir un visage humain au Sénégal qui reste un pays pauvre avec beaucoup de ménages qui tirent le diable par la queue. Ainsi, les grands investissements réalisés pour combler le déficit en fourniture d’électricité ne doivent léser aucun citoyen. «Il ne faut pas créer deux Sénégal, celui urbain qui bénéficie de toutes les commodités et d’un accès à l’électricité en quantité et en qualité, et un autre Sénégal rural qui est laissé à la merci des concessionnaires qui pratiquent des politiques de prix 15 à 20% plus cher qu’en ville», a souligné M. Cissé. Le vice-président de l’Ascosen a fait la même remarque pour ce qui concerne l’AIBD. En effet, il apprécie cette volonté des gouvernants à équiper le pays en infrastructures aéroportuaires de qualité, mais il estime que le coût du déplacement vers ou depuis le nouvel aéroport ne doit pas être si élevé.
Par Amayi BADJI
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