Vous avez organisé les 20 et 21 novembre dernier, le 1er «Forum de la PME Sénégalaise», quel bilan en tirez-vous ?
Le Forum a été un franc succès à travers ses différentes activités et la qualité de la participation : les sessions de formation sur la formalisation ou la prévention des difficultés pour plus de 300 PME ; la cérémonie d’ouverture présidée par le Premier Ministre avec ses mots très forts à l’endroit des jeunes entrepreneurs, appelés à devenir des «jobs creators», comme des patrons expérimentés appelés à faire du mentorat ; la plénière présidée par le Ministre en charge des PME sur la vision de la PME comme moteur d’émergence ; le système d’information nécessaire pour la porter ; les échanges sans filtre avec les entrepreneurs exigeants ; les 4 ateliers thématiques sur les axes du programme PME pour la croissance inclusive et l’emploi IMPACT PME 20×25 ; le lancement du label «Mangue du Sénégal» ; les 32 exposants et la centaine de rendez-vous B2B avec les structures d’appui ; les banques ou les incubateurs ; les 10 recommandations à l’attention du Gouvernement.
Cette 1ère édition a enregistré +5 000 participants et de l’ensemble du dispositif d’appui. Le Forum a aussi été l’occasion pour 150 brillants lauréats de recevoir, après une longue attente, leurs attestions pour 2 à 25 millions FCFA, chacun et 1,2 milliard FCFA au total, dans le cadre du Concours National de Business Plan, financé par la Banque Mondiale. Mais, je retiens surtout que le Forum n’a jamais été considéré comme une fin en soi, mais comme un moyen. Il s’inscrit, en effet, dans un processus de fond, initié depuis avril 2017, qui nous a conduit à nous doter, nous les parties prenantes de la PME, d’une vision commune du développement des PME et d’un cadre opérationnel d’intervention, fondé sur le renforcement des synergies, c’est le but du réseau SENEGAL PME.
Précisément, le réseau SENEGAL PME se veut une plateforme d’appui financier et non financier des PME sénégalaises, c’était un des objectifs du Forum. Un mois après, les cibles ont-elles répondues à votre appel ?
Elles ont fait mieux que répondre puisque le succès de ce Forum tient à leur implication dans le fond et dans la forme. Celle de l’ARMP, de l’ANSD, de l’APIX, du BMN, de l’ASEPEX, du FONGIP, des CGA, du FONSIS, de l’ANAT et d’autres dizaines de structures et départements ministériels que je ne peux tous les citer mais je les remercie infiniment. Chacun est convaincu que c’est ensemble que l’on ira loin. Les synergies que nous construisons à travers SENEGAL PME visent à rendre la politique opérationnelle en faveur des PME lisible, visible et surtout efficace, conformément aux attentes exprimées par les PME dans le RGE et aux instructions du Chef de l’Etat.
C’est dans ce cadre que nous avons élaboré le programme IMPACT PME 20×25, présenté durant le Forum. Il vise des objectifs globaux en termes de PIB, d’emplois, de formalisation, de PME dirigée par les femmes notamment ou chacun, dans son cœur de métier, apporte une part de réponse à travers les 4 grands axes, finalement retenus : l’accès aux marchés, l’accès aux financements, le renforcement technique et managériales et enfin la territorialisation, l’innovation et la culture entrepreneuriale.
Pensez-vous intégrer les IMF dans votre architecture de financement pour atteindre les Sénégalais de l’intérieur qui sont assez méfiants des banques traditionnelles ?
SENEGAL PME n’est pas uniquement la réunion des structures publiques. Si nous visons principalement l’offre publique en matière de développement des PME, ce n’est pas exclusif puisque c’est aussi dans le cadre du Partenariat Public-Privé que nous améliorerons l’accès aux services financiers en général avec le secteur bancaire. Le système financier décentralisé joue là un rôle très important pour universaliser l’accès au secteur financier et à la bancarisation. Ce qui constitue des préalables importants pour mieux financer l’économie et donc les PME. Les SFD sont aussi très attendus pour les nouveaux services et produits pour les entrepreneurs. La 2ème édition du Forum des Investisseurs en Micro-Finance, organisée par l’Association des Professionnelles des Services Financiers Décentralisés (AP/SDF) et le FONGIP, vient d’ailleurs de le rappeler récemment.
Le Rapport de l’ANSD (RGE) a démontré que les entreprises du secteur dit informel constituent 90% du tissu économique national, avez-vous songé à mettre en place un partenariat avec l’UNACOIS ou les autres organisations patronales qui les regroupent pour tirer ces unités vers le formalisme ?
Nous avons l’impératif de travailler avec les organisations comme l’UNACOIS car elles sont très représentatives des commerçants de ce pays mais aussi car les entreprises de commerce, comme révèle le RGE, représentent 52% des entreprises au Sénégal. L’UNACOIS est donc incontournable, tout comme les Chambres de Commerce, celles de Métiers ou les Organisations professionnelles pour changer d’échelle dans l’accompagnement aux entreprises. Ils sont membres à part entière du réseau SENEGAL PME et le programme IMPACT PME 20×25 prévoit un axe transverse pour les renforcer comme les acteurs clés de ce passage à l’échelle indispensable pour le développement des PME.
Pour certains spécialistes, si la PME Sénégalaise tarde à se formaliser, c’est qu’elle n’a aucune chance de remporter des marchés de l’Etat. Que faire pour abattre ce cliché mais aussi, est-ce que les PME locales gagnent ce type de marché ?
Partout au monde, les Etats ont des démarches volontaristes pour leurs PME nationales. Nous ne sommes pas en reste et 27% des marchés publics sont assurés par des PME sénégalaises. Donc, elles remportent bien des marchés mais vous avez raison ce cliché est persistant. Nous devons faire preuve de davantage de volontarisme, le Chef de l’Etat vient d’ailleurs, au Conseil des ministres du 20 décembre, d’instruire de déployer des modalités innovantes pour une meilleure implication des entreprises locales.
Le programme IMPACT PME 20×25 ambitionne en 2020 à ce que 40% de la commande publique revienne aux PME. C’est possible et nécessaire pour qu’elles puissent jouer leur rôle dans la création de richesses et d’emplois, aussi pour inciter beaucoup d’entrepreneurs à s’inscrire dans une logique de formalisation. Car la vocation d’une véritable PME n’est pas la survie, mais plutôt d’investir, d’embaucher en fonction d’un projet d’entreprise, d’une vision à moyen et long termes et en ayant conscience d’un marché, d’un savoir-faire valorisé ainsi que des capacités techniques et de gestion. Il faut donc aussi travailler sur l’état d’esprit entrepreneurial. Les champions d’aujourd’hui ont planifié leur développement même lorsqu’ils sont souvent partis de l’informel….
(La suite, à lire dans REUSSIR MAGAZINE N°128)
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