Rue des Hindous, dans le quartier Gandhi à Cotonou. Il est à peine 11 heures du matin et deux grosses voitures pick-up, de marque Lexus stationnent devant une boutique de vente de pagnes. C’est la boutique Woodin. Située en plein cœur de la zone commerciale, elle attire beaucoup de jeunes nantis en quête des dernières créations en tissus wax. C’est le cas de Fréjus, un Béninois de la diaspora. La trentaine environ, il est venu il y a tout juste un mois des Etats-Unis où il réside. Le luxe, dit-il, a de tout temps suscité envie et désir chez lui. Pour lui, « un produit de luxe se reconnaît à sa qualité supérieure, à son prix plus élevé et surtout à l’envie que cela peut générer auprès des autres ». Il est lui-même habillé d’un trois pièces brodé dont la griffe porte le nom du meilleur styliste béninois du moment, Lolo Andoche. Une tenue qu’il confie avoir acheté à 350.000 FCFA.
Fashion-manager
Lolo Andoche, de son vrai nom Andoche Amoussou, est un fashion-manager, promoteur de la marque ‘’lolo andoche’’ depuis 1993. Il est réputé être l’un des plus grands couturiers béninois en vie. Sa touche personnelle : la broderie à la poitrine. Son défi : vendre l’Afrique à travers la mode africaine. Dans son bureau au fronton duquel on peut lire « aller au-delà des limites », il propose du prêt-à-porter, sous forme de tenues africaines, destinées à une clientèle jeune mais assez nantie. « Aujourd’hui, la mode africaine est en train de s’imposer dans le monde entier. Et grande est notre fierté de nous rendre compte que nous ne nous sommes pas trompés quand nous avions fait l’option du prêt-à-porter africain il y a plus de 20 ans », explique-t-il. Sa clientèle, indique-t-il, est constituée de toutes les couches de la société, notamment les jeunes qui ont soif de créations locales uniques. Ses créations coûtent entre 15.000 FCFA pour une robe simple et plus de 500.000 FCFA pour une tenue trois pièces.
Activités plus ou moins orthodoxes
Le marché du luxe est assez prisé par de nombreux jeunes Béninois qui, pour la plupart, ont fait fortune dans des activités plus ou moins orthodoxes. Armand D. est un amateur des coins chics. Avec une quinzaine d’amis, ils se sont retrouvés dans un restaurant situé Place des Martyrs, sur la route de l’Aéroport de Cotonou. Dans ce restaurant, la bouteille de bière coûte 2000 FCFA et la pizza 12.000 FCFA. Les fêtards quitteront le restaurant vers 23h, après avoir bu et mangé pour environ 600.000 FCFA.
Comme Armand et Frejus, Expédit a son lieu de fréquentation : Hall du Bénin Marina Hôtel, un des réceptifs 5 étoiles de Cotonou. Après le travail, mais surtout le week-end, ce jeune entrepreneur, promoteur d’une petite entreprise de transformation de galettes d’arachides, aime s’accouder au comptoir ou se lover dans les moelleux fauteuils du hall d’accueil. En ce dimanche matin 5 novembre, il est vêtu en joueur de golf : un Lacoste griffé ‘’Polo Ralph’’ prolongé par un pantalon de couleur kaki et des chaussures de sport. Muni de son matériel de golf, Expédit se rend vers le terrain de jeu à bord d’une des voiturettes mises à la disposition de gens comme lui par l’hôtel. Businessman dans l’âme, il confie : « C’est dans des endroits pareils que j’ai la chance de rencontrer des partenaires d’affaires (…) ».
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