La 29e édition des Journées annuelles du club des dirigeants de banques et établissements de crédits a été l’occasion pour ses membres de réfléchir sur les «Enjeux et défis pour la banque africaine de demain : entre innovations et risques». Un sujet d’actualité surtout avec l’émergence des Fintech et autres acteurs périphériques de la banque qui grappillent des parts de marché jadis réservées à la banque. Il faut donc, un sursaut des banques afin de conserver leur vocation originelle consistant à financer les économies. Les banques doivent alors opérer leur mue. Une mue culturelle profonde afin de ne pas devenir le Microsoft du 21e siècle, c’est à dire un acteur incontournable devenu secondaire en quelques décennies, prévient Blaise Ahouantchédé, Directeur général du GIM-Uemoa qui a participé aux travaux. « Le nouveau modèle bancaire est à l’évidence digital. Il devra permettre de concrétiser cette nouvelle vague de volonté d’émergence de nos pays en devenant plus agile, plus intelligent, plus social, plus connecté. Un nouveau modèle dans lequel les conseillers et l’agence tiennent une place différente dans la relation client. Car ces derniers veulent le meilleur des deux mondes physique et digital, et c’est là où les banques doivent faire un effort d’adaptation pour avoir, peut-être moins d’agence, mais plus de service à valeur ajoutée. Les banques ont compris qu’elles n’ont pas besoin de digital dans leur stratégie, mais de digital dans leur stratégie pour réussir la Social Network banking», a lancé le directeur du GIM-Uemoa.
L’enjeu de cette nouvelle configuration digitale où le téléphone portable joue un rôle déterminant, est le contrôle direct du client, ou de l’abonné. Autant les banques, les opérateurs de téléphonie que les acteurs de la Fintech veulent avoir cette relation privilégiée avec le client devenu, avec la force des choses, plus exigeant. La construction de cette relation directe avec le consommateur pour ces acteurs passe par la digitalisation selon les participants au forum. Avec la multiplication des données, les opérateurs de téléphonie et les Fintechs connaissent beaucoup, pour ne pas dire tout, de la vie des clients de sa vie professionnelle et privée, de ses moyens et de ses habitudes. Lui trouver un taxi pour ses déplacements ou un restaurant pour ses sorties devient un jeu d’enfant ou une manipulation de données. Pour la banque, qui a l’avantage de détenir la manne à dépenser, il faut être dans les dispositions d’offrir ce même service dans les mêmes délais sans plus de lourdeurs. Une invite à laquelle les professionnels de la banque du Sénégal se disent prêts à répondre. Cela, malgré les nouvelles dispositions réglementaires Bâle 2 et Bâle 3. «Nous sommes au mois de février 2018 et jusqu’à présent aucune banque n’a fermé ses portes. Il est vrai que le métier de la banque connaît des transformations et qu’il faut s’y adapter, car devant la nouveauté, on se pose toujours des questions. Je ne pense pas qu’il ait eu de problème insurmontable. Quand on met en place un système de risque, c’est fait pour s’adapter. Mais quand on parle de réformes les gens sont inquiets. Il y a une partie psychologique dans les réformes. Ce qu’il faut, c’est refuser de se laisser inhiber. Se dire que si cela a été mis en œuvre, c’est pour corriger certaines choses ou les protéger, et puis corriger et s’adapter au fur et à mesure », souligne Bocar Sy, le président en exercice de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Sénégal. Ayant déjà travaillé sur ce sujet lors de ses journées de Banque, il y a quelques mois, cette association espère continuer la réflexion grâce à des échanges comme celui-là sur la digitalisation des services financiers.
Une prudence dans l’action que partage Blaise Ahouantchédé parce qu’il faut préparer la banque de demain en tenant compte des enjeux de cybersécurité, de cybercriminalité, de l’intelligence artificielle et de l’intelligence économique. « La banque doit être plus connectée, plus intelligente plus agile. Les banques doivent innover. Faire un effort d’innovation. Des efforts qui ne peuvent pas se faire dans un coin, mais de manière mutualisée. Les opportunités sont nombreuses pour les banques en Afrique parce que le taux de pénétration du téléphone portable est très important. Les banques doivent innover avec les services autour du digital avec des partenaires comme le GIM-Uemoa. De ce point de vue, tous les acteurs sont interpellés ; les Etats, les banques centrales», précise le Directeur général.
La révolution digitale des 15 dernières années a eu un impact fort sur les banques et leurs métiers. Et de ce point de vue, il faut encourager l’émergence de cette nouvelle génération de banquiers qui vont bousculer les habitudes. Le fait d’être bousculé à une vertu essentielle pour les banquiers, c’est celle de sortir de leur zone de confort. «Sinon, sans adaptation la banque de demain ou d’aujourd’hui n’existera pas. Ce sont les Fintech, qui rafleront la mise. Les banques doivent regarder les autres acteurs comme une opportunité et non comme une menace et mieux coopérer avec eux», conclut-il. Le digital devient dès lors ce cordon ombilical qui connecte le client à ses offreurs de services. Et la banque veut avoir cette intimité grâce à l’innovation.
Il faut souligner que cette 29e édition des Journées annuelles du club des dirigeants de banques et établissements de crédits a été coordonnée par la Bnde et son Directeur général Thierno Seydou Nourou Sy qui est par ailleurs vice-président du Club.
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