C’est à une production au quintuple que les boulangeries sont confrontées pendant la période du Magal de Touba. Ainsi, malgré certaines difficultés à avoir une équipe complète pour un volume de travail au double, le chiffre d’affaires atteint 500%.
C’est par une indignation pour tirer à boulets rouges sur la presse qu’il a accusé de complicité et sur une dénonciation des déguerpissements engagés à Touba à seulement quelques jours du Magal que le gérant de la boulangerie Serigne Modou Bousso Dieng de Ndamatou, Khabane Diop a entamé les échanges pour nous faire part du business de la boulangerie pendant le Grand Magal.
«Les premiers obstacles et problèmes qu’on a connus cette année dans le cadre de notre travail ont été causés par le déguerpissement qui a été engagé de manière maladroite par ceux qui disent être en charge de faire respecter et d’exécuter le «ndigueul» du Khalife. Nous sommes tous des talibés et nous ne nous opposerons jamais à une injonction du khalife général. Mais centre d’entre les exécutants en ont profité pour régler des comptes et faire preuve d’un zèle démesuré» a pétaradé Khabane Diop. A en croire Diop, et selon ses estimations, plus de 60% des jeunes sont affectés par cette action qui risque de faire ressurgir les phénomènes de l’exode vers la capitale Dakar et celui de l’émigration clandestine. «Beaucoup d’entre ces jeunes ont indiqué n’avoir pas voulu voir ailleurs parce qu’ils gagnaient convenablement leur vie. Avec cette mauvaise manière d’exécuter le ndiguel du khalife, la plupart d’entre se retrouve dans le chômage et risque de tenter ces actions périlleuses» a craint Khabane Diop
Evoquant le travail de la boulangerie dans le fond, à l’occasion du Magal, Khabane Diop ne s’est pas trop plaint. Il rassure d’abord que le pain n’a pas connu de hausse pendant cette période de traite et qu’il n’a pas également souffert d’une baisse de qualité. «Nous ne profiterons jamais de cet évènement qu’est le Magal pour hausser le prix du pain ou réduire la qualité. C’est vrai que le volume de travail est quintuplé à une semaine de l’évènement, mais nous ajustons notre rigueur au travail pour servir de la bonne qualité aux pèlerins. Et il ne faudrait pas perdre de vue le fait le service d’hygiène et les contrôleurs économiques débarquent fréquemment et à l’improviste dans nos boulangeries, pour procéder à leur contrôle de routine. Tout manquement est sévèrement sanctionné» a indiqué Khabane Diop. Avant de renseigner que les boulangeries de Touba louent les services des boulangers de autres villes dont la production est transférée dans la capitale du mouridisme le temps du Magal. «Les gens viennent de Dakar et des autres régions pour offrir leurs services qui sont payés double car le volume de travail s’accroit. Et puis, la main d’œuvre locale se fait rare car nos employés sont généralement des talibés qui doivent également accueillir des pèlerins chez eux. Ils ne travaillent pas à plein temps» a informé le gérant.
Pour ce qui est de la production, Khabane reconnait que malgré tous les efforts déployés pour servir convenablement les clients, il y a toujours une impossibilité leur procurer une quantité suffisante. «Avec les abonnements et la distribution par les collaborateurs, on peine souvent à produire suffisamment malgré le fait qu’on passe du simple au quintuple. On peut utiliser jusqu’à 50 sacs de farine par jour alors qu’avant le Magal on peine à atteindre la dizaine» a signalé Khabane Diop.
En définitive, les boulangers se frottent bien les mains pendant le Magal où ils peuvent accroitre leur gain à plus de 500%.