En dépit de l’urbanisation galopante de la ville de Touba et de sa modernisation, le transport des personnes et des marchandises, par des chevaux et des ânes, a encore de beaux jours devant lui.
Une niche qui connaît son apogée avec le Magal pour le grand bonheur des… étrangers. Pour quiconque vient à Touba pour les besoins du Magal ou même des Gamous ou Ziarras qui s’organisent dans la cité religieuse, ce passage est obligatoire. Même ceux qui possèdent de belles voitures 4X4 sont, quelques fois, obligés de les emprunter. On parle évidemment des charrettes. Tractées par des chevaux ou ânes, elles sont les propriétaires des routes de Touba. Il n’y a pas deux quartiers de la ville sainte qu’ils ne peuvent relier. D’un premier abord, on pourrait croire que durant le Magal, ce sont les charretiers de Touba qui font les bonnes affaires. La circulation étant interdite aux abords de la Grande Mosquée et des résidences des marabouts, ils restent le seul moyen de transport accepté par les forces de l’ordre et les seuls capables d’emprunter les rues les plus sablonneuses. «Trois jours avant le Magal et trois jours après, on ne travaille pas. En bon mouride, on est occupé à recevoir et à nous occuper de nos invités. Pour nous, charretier installés à Touba, durant le Magal, on ne fait pas de rentrées d’argent. C’est plutôt le contraire…», déclare Seydina Ousmane Fall, président du Collectif des charretiers de la Cité.
Visibles sur tous les axes de la Cité, les charrettes se disputent la route avec les voitures. Bien que le business soit plus que florissant, mais à l’occasion du Magal, ce sont les charretiers venant des villages environnants qui en profitent. « Ils viennent quelques jours avant le Magal pour trouver une place. Avec l’expérience, ils finissent par déterminer des circuits et des horaires de travail personnels afin de tirer le maximum de l’événement et de leurs poulains. Par soir, ils gagnent entre 5 000 et 7 000 francs. Mais le must, dans cette affaire, n’est pas pour un charretier de transporter des personnes. Ils préfèrent les marchandises ou les denrées. La paie est mieux et le cheval se repose plus », explique Seydina Ousmane Fall.
1 1637 chevaux, 902 ânes, 4 000 francs/ jour
En 2013, pour avoir une idée claire des intervenants dans le secteur du transport tracté par les chevaux et ânes, les autorités avaient entrepris un décompte des têtes. Il a été dénombré 1 1637 chevaux et 902 ânes répartis sur l’ensemble de la Commune. Ce nombre impressionnant d’animaux qui donne une idée du nombre de jeunes de la localité qui y travaillent. Un secteur porteur d’emplois qui rapporte, en moyenne, selon les acteurs, plus de 4 000 francs par jour pour 6 jours de travail. Une manne financière énorme qui participe à donner à Touba un caractère amplificateur de ce business des moins nantis.