Le Ministère de l’Economie des Finances et du Plan a jugé nécessaire de sortir un communiqué de presse pour rétablir la vérité des faits après les déclarations de l’ancien président de la République du Sénégal Me Abdoulaye Wade sur l’état du service de la dette du Sénégal. Réussirbusiness.com publie une partie de ce document.
Des déclarations de l’ancien Chef de l’Etat Abdoulaye Wade au cours de son séjour à Touba, font état d’une supposée dégradation de la situation économique du Sénégal, d’un taux d’endettement qui serait de 65%, alors que la norme serait de 17% selon une certaine littérature économique, ainsi que de difficultés de paiement des salaires. Une situation qu’il aurait pu éviter s’il avait bénéficié d’un 3ème mandat.
Suite à ces affirmations, le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan tient juste à rappeler des faits et des chiffres vérifiables au sein de ses services techniques, dans les livres de la BCEAO et auprès d’institutions internationales partenaires du Sénégal.
Il est utile de rappeler qu’après les allègements et annulations de dettes au titre des Initiatives Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et de l’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM), le taux d’endettement du Sénégal était de 21,3% du PIB en 2006. Ce taux a plus que doublé 6 ans plus tard passant à 42,9% du PIB en 2012 sous le magistère du Président Wade, très loin du « taux d’endettement toléré de 17% » qu’il évoque. Si ce rythme de progression de la dette était maintenu pour un 3ème mandat accordé au Président Wade, le Sénégal serait aujourd’hui à un niveau d’endettement de plus de 85% (6 ans après 2012).
Le service de la dette totale rapporté aux recettes budgétaires était de 46,8% en 2012 alors qu’il se situe à 33,7% en 2017.
Le Président Wade semble oublier que la politique d’endettement au sein de l’UEMOA est encadrée notamment par le Règlement 09/2007 portant cadre de référence de la politique d’endettement public et de gestion de la dette publique dans les Etats membres de l’UEMOA. Le plafond d’endettement au sein de notre espace économique est de 70% du PIB. Les différents rapports d’analyses de viabilité de la dette du Sénégal réalisés par les institutions spécialisées prévoient des taux d’endettement du Sénégal à fin 2017 à 61,02% et 61,44% à fin 2018, loin de la norme communautaire de 70%. Ce chiffre ne tient pas compte des travaux de réévaluation du PIB (intégrant notamment les évolutions de la structure de l’économie entre 1999 et 2014). Cette rénovation de nos comptes nationaux augmente notre PIB nominal d’environ 30%, ce qui remmènera ce taux d’endettement à une fourchette située entre 45% et 47% du PIB. Ce processus mené en collaboration avec des institutions internationales va s’achever dans le courant de l’année 2018.
Aujourd’hui, le Sénégal a la capacité à faire face à ses échéances, met en œuvre une politique d’endettement prudente et s’est toujours acquitté de sa dette à temps. C’est, la raison pour laquelle il continue de bénéficier de la confiance de ses partenaires et des marchés financiers internationaux.
Cette confiance des marchés financiers s’est traduite par le succès de l’eurobond de 500 millions de dollars américains (environ 250 milliards de FCFA) émis en 2014 à un taux de 6,25%, contre 8,75% pour le précédent eurobond de 2011 (soit une économie de 6,250 milliards de FCFA sur le paiement des intérêts annuels). Le dernier eurobond émis en 2017 a permis de lever un montant de 1,1 milliard de dollars US (environ 660 milliards de FCFA), au taux de 6,25% sur une durée de 16 ans.
Le Président Wade estime que le Sénégal peine à payer ses salaires. Les disponibilités vérifiables auprès de la Banque Centrale s’élèvent à un montant de 164 767 741 843 francs CFA à la date du 02 novembre 2017, après le paiement des salaires du mois d’octobre 2017. Par conséquent, le Sénégal dispose de capacités suffisantes pour payer à bonne date ses salaires, sa dette et assurer l’exécution correcte des autres postes budgétaires (fonctionnement et investissement). Chaque fois que la fin d’un mois coïncide avec une célébration religieuse, le Président Macky SALL demande que les salaires et pensions de retraites soient payés à l’avance.